Que mangeaient les mammouths ? En analysant de très nombreuses carottes de la période préglaciaire, des chercheurs français ont montré qu’à cette époque les sols étaient riches en plantes herbacées non graminoïdes et pauvres en graminées. Ces dernières auraient pris le dessus après la glaciation, entre 50.000 et 10.000 ans.

au sommaire


    Selon une étude, les grands mammifères de la période préglaciaire, comme les mammouths, ne se nourrissaient pas de graminées mais de plantes herbacées non graminoïdes. C’est après leur disparition que les graminées sont apparues. Pourquoi ? Cela reste un mystère… © Rob Pongsajapan, Flickr, cc by 2.0

    Selon une étude, les grands mammifères de la période préglaciaire, comme les mammouths, ne se nourrissaient pas de graminées mais de plantes herbacées non graminoïdes. C’est après leur disparition que les graminées sont apparues. Pourquoi ? Cela reste un mystère… © Rob Pongsajapan, Flickr, cc by 2.0

    La steppe à mammouths, comme on a coutume d'appeler la steppe arctique où paissaient les grands mammifères, n'était pas une steppe riche en graminées (céréales, plantes fourragères, etc.)). C'est le résultat plutôt inattendu d'une étude publiée récemment dans la revue Nature. « Pour le savoir, 240 carottages ont été effectués dans le sol toujours gelé des régions arctiques, appelé pergélisolpergélisol », explique Pierre Taberlet, biologiste et chercheur au CNRS. « Le séquençage à très haut débitdébit de l'ADNADN environnemental extrait de ces échantillons a permis de reconstituer la composition de la végétation arctique durant trois périodes : préglaciaire (entre 50.000 et 25.000 ans), glaciaire (entre 25.000 et 15.000 ans), et postglaciaire (de 15.000 ans à nos jours). »

    « On note une grande diversité végétale avant la glaciation, avec un mélange de plantes herbacées de type pissenlitpissenlit, myosotismyosotis ou trèfle, et de graminéesgraminées, poursuit Pierre Taberlet. La période postglaciaire, qui correspond à la disparition des mammouths, se caractérise par une recrudescence des graminées. » Ces résultats ont été confirmés par l'analyse des contenus stomacaux de huit grands mammifères d'avant la dernière glaciationglaciation.

    Pour les scientifiques, l'azoteazote contenu dans les déjections de la grande faunefaune pourrait avoir favorisé les herbacées non graminoïdes au détriment des graminées. « On se demande maintenant si c'est la disparition de la grande faune ou le changement des conditions climatiques qui a provoqué le basculement de la végétation arctique vers le "tout graminées". »