L’Arctique est l’une de ces régions de la Terre qui se réchauffe actuellement plus vite que les autres. Mais selon une nouvelle étude, pas plus de trois fois plus vite. En tout cas, pas à cause du réchauffement climatique anthropique.
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Depuis le début de l'ère industrielle et sous l'effet de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre, notre Terre s'est déjà réchauffée globalement de 1,1 °C. L'Arctique, lui, semble vouloir se réchauffer bien plus vite que ça. Et cela pose question aux scientifiques. Le phénomène est-il le résultat d'une variabilité naturelle du climat de la région ou d'un réchauffement sous-estimé par les modèles climatiques ? Pour y voir plus clair, des chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory (PNNL, États-Unis) ont comparé les données d'observation aux simulations.
Des variations naturelles cachées dans le réchauffement de l’Arctique
Dans la revue Nature Geoscience, ils donnent une estimation de la part du réchauffement observé en Arctique qui pourrait s'expliquer par la variabilité naturelle, en particulier par certains modèles océaniques et climatiques associés à la région. Ils évoquent ainsi la part de celle qu'ils appellent l'oscillation interdécennale du Pacifique ainsi que de celui qu'ils qualifient de mode interne arctique.
Plus précisément, les chercheurs évaluent l'amplification du réchauffement climatique en Arctique à quelque chose entre 2,85 et 2,94 une fois supprimés les effets de ces variations naturelles, alors que les observations montrent une amplification globale comprise entre 2,09 et 3,98. Une preuve claire, selon eux, que la multiplication par 4 du réchauffement de l'Arctique précédemment signalée est une anomalieanomalie causée par des modes dominants de variabilité naturelle et que le degré d'amplification forcée est plutôt systématiquement autour de 3 tout au long de la période étudiée.
Mieux estimer le réchauffement futur de l’Arctique
Ces travaux rappellent l'importance de bien tenir compte de la variabilité naturelle dans la modélisationmodélisation du changement climatiquechangement climatique. Sans quoi, les tendances pour le futur pourraient être faussées. Dans le cas présent, identifier un facteur d'amplification de 3 au lieu de 4 - un facteur qui pourrait même passer à 2 avec des changements de phases au niveau de l'oscillation interdécennale du Pacifique et du mode interne arctique - signifie par exemple que les futures stratégies d'atténuation n'auront peut-être pas besoin d'être aussi sévères qu'imaginées dans les décennies à venir.
L'Arctique se réchauffe bien plus vite que prévu, révèle une étude !
Article de Futura avec ETX DAILY UP, publié le 15/08/2022
Le réchauffement accéléré de l'Arctique fait consensus au sein des experts. Toutefois, des chercheurs ont réévalué le rythme du réchauffement de la région autour du pôle Nord alors que les modèles climatiques, pourtant les plus en pointe, semblent l'avoir sous-estimé. Cette nouvelle étude viendrait confirmer que cette hausse est bien quatre fois plus rapide que prévu.
L'Arctique s'est réchauffé près de quatre fois plus vite que le reste du monde lors des 40 dernières années : ces conclusions d'une nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment du groupe Nature, font craindre une sous-estimation des modèles climatiques des pôles, dont le réchauffement a une influence prépondérante sur la hausse du niveau des mers. L'étude réévalue nettement à la hausse le rythme de réchauffement de la région autour du pôle Nord.
En 2019, le panel d'experts du climat des Nations-Unies (GiecGiec) avait estimé que l'Arctique se réchauffait « de plus du double de la moyenne mondiale », sous l'effet d'un processus spécifique de la région. Ce phénomène, appelé « amplification arctique », se produit lorsque la banquisebanquise et la neige, qui reflètent naturellement la chaleurchaleur du soleilsoleil, fondent dans l'eau de mer qui absorbe plus de rayonnement solairerayonnement solaire et se réchauffe.
Si les scientifiques s'accordent depuis longtemps sur le constat d'un réchauffement accéléré de l'Arctique, leurs estimations du phénomène divergent toutefois selon la période qu'ils choisissent d'étudier ou la définition, plus ou moins étendue, de la zone géographique de l'Arctique.
Un réchauffement deux ou quatre fois plus vite ?
Dans la nouvelle étude, les chercheurs, basés en Norvège et en Finlande, ont analysé quatre séries de données de température recueillies sur l'ensemble du cercle arctique par des satellites depuis 1979 -- année où les données satellitaires sont devenues disponibles. Ils en ont conclu que l'Arctique s'est réchauffé en moyenne de 0,75 °C par décennie, soit près de quatre fois plus vite que le reste de la Planète.
En raison des gaz à effet de serre générés par les activités humaines, principalement par les énergies fossilesénergies fossiles, la Planète a d'ores et déjà gagné près de 1,2 °C depuis l'ère pré-industrielle. « La littérature scientifique considère que l'Arctique se réchauffe environ deux fois plus vite que le reste de la Planète, j'ai donc été surpris que notre conclusion soit bien plus élevée que le chiffre habituel », explique à l'AFP Antti Lipponen, membre de l'Institut finlandais de météorologiemétéorologie et coauteur de l'étude.
L'étude a toutefois relevé d'importantes variations locales du taux de réchauffement au sein du cercle arctique. Par exemple, le secteur eurasien de l'océan Arctique, près de l'archipelarchipel norvégien de Svalbard et celui russe de Nouvelle-Zemble, s'est réchauffé de 1,25 °C par décennie, soit environ sept fois plus vite que le reste du monde.
Un écart dû à l'obsolescence des modélisations antérieures
L'équipe a constaté que les modèles climatiques les plus en pointe prévoyaient un réchauffement de l'Arctique inférieur d'environ un tiers à ce que démontrent leurs propres données. Cet écart, selon eux, pourrait s'expliquer par l'obsolescence des précédentes modélisations du climat arctique, en perfectionnement constant.
« La prochaine étape serait peut-être de jeter un œilœil sur ces modèles, de voir pourquoi ils ne prévoient pas ce que nous constatons dans les observations et quel impact cela a sur les futures projections climatiques », a déclaré Antti Lipponen.
“Il se passe quelque chose dans l'Arctique et cela nous affectera tous”
Le réchauffement intense de l'Arctique, en plus d'un sérieux impact sur les habitants et sur la faunefaune locale, qui dépend de la continuité de la glace de mer pour chasser, aura aussi des répercussions mondiales. « Le changement climatique est causé par l'Homme et à mesure que l'Arctique se réchauffe, ses glaciersglaciers vont fondre, ce qui aura une incidenceincidence globale sur le niveau des mers, s'inquiète Antti Lipponen. Il se passe quelque chose dans l'Arctique et cela nous affectera tous ».
Augmentation du niveau des océans
La fontefonte de la calotte glaciaire est le principal moteur de la hausse du niveau de la mer, devant la fonte des glaciers et l'expansion de l'océan sous l'effet du réchauffement de l'eau. La fonte de la banquise (la glace sur les océans) ne fait pas monter le niveau de la mer.
Selon le Giec, le niveau de la mer est monté de 20 cm depuis 1900. Or le rythme de cette hausse a presque triplé depuis 1990 et, selon les scénarios, les océans pourraient encore gagner 40 à 85 cm d'ici la fin du siècle.
La calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland, qui pourrait approcher du « point de bascule » de la fonte selon des études récentes, contient une quantité d'eau glacée capable d'élever le niveau des océans de la Terre jusqu'à six mètres.
L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste de la planète
Jusqu'à maintenant, on estimait que l'Arctique se réchauffait deux à trois fois plus vite que le reste de la planète. Mais une nouvelle étude vient de changer la donne : il se réchauffe en fait quatre fois plus vite.
Article de Léa FournassonLéa Fournasson, publié le 8 juillet 2022
Depuis 1970, l'Amplification Arctique (AA), le rapport entre les changements climatiques en Arctique et ceux dans le reste du monde, ne cesse d'augmenter. Et ça continue aujourd'hui : alors que le facteur d'amplification était estimé entre 2 et 3 jusqu'à aujourd'hui, une nouvelle étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters démontre qu'il atteint en fait 4. Cela signifie que l'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste de la planète ! « Les gens font généralement la moyenne de tous les modèles et supposent que l'ensemble est plus fiable que n'importe quel modèle unique. Nous montrons que la moyenne ne fonctionne pas dans ce cas », a déclaré Petr Chylek, premier auteur de l'étude et climatologueclimatologue au Laboratoire national de Los Alamos.
Deux moments clés, en 1986 et 1999
Les chercheurs ont aussi montré que l'évolution de l'AA avait été marquée par deux étapes clés, en 1986 et 1999. Des étapes délaissées par la plupart des modèles climatiques. Bien que l'étude identifie formellement l'origine de la première, pour la seconde, c'est plus compliqué. « Nous avons attribué la première étape à l'augmentation des concentrations de dioxyde de carbonedioxyde de carbone et d'autres polluants dans l'atmosphèreatmosphère, car plusieurs modèles le font correctement, a expliqué P. Chylek, mais nous pensons que la seconde étape est due à la variabilité climatique car aucun des modèles ne peut reproduire la seconde étape. »
Tout se serait fait par des boucles de rétroactionsboucles de rétroactions : à cause du réchauffement, il se forme moins de glace de mer, ce qui modifie l'albédoalbédo de la banquise et tend à réchauffer d'autant plus l'Arctique. De même pour la vapeur d'eau, plus présente alors que la Terre se réchauffe, et qui est un puissant gaz à effet de serre et tend donc à réchauffer d'autant plus la région, et la planète. Mais à l'avenir, cette tendance risque de s'inverser, mais pas pour une bonne raison : si toute la banquise de l'Arctique fond, et dans le pire des scénarios cela se produirait avant 2050, alors il n'y a plus la rétroaction glace-albédo.