L’agriculture, l’exploitation forestière, l’urbanisation, les maladies ou les espèces invasives menacent un tiers des espèces d’arbres. Et les arbres exotiques ne sont pas les seuls concernés : la moitié des espèces de magnolias sont ainsi en danger d’extinction.


au sommaire


    Un tiers des espèces d'arbres sur notre Planète est menacé d'extinction, selon le rapport 2021 « État des arbres dans le monde ». Coordonné par le Botanical gardens conservation international (BGCI), qui regroupe notamment des jardins botaniques, et des experts de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN), ce dernier porteporte sur 58.497 espèces d'arbres sur les quatre continents.

    Quelque 17.510 espèces d'arbres sont ainsi classées comme « à risque d'extinction », c'est-à-dire que ses populations sont en diminution globale, gravement fragmentées, ou que leur zone d'occupation se réduit. « Cela représente dix fois le nombre de toutes les espèces de mammifères, d'oiseaux, d'amphibiens et de reptilesreptiles menacés combinés », alerte Paul Smith, le secrétaire général du BGCI. 440 espèces sont « en danger critique », avec moins de 50 arbres restant à l'état sauvage, et 142 espèces ont même complètement disparu à l'état sauvage. Diospyros egrettarum, un arbre endémiqueendémique de l'île Maurice qui dominait autrefois les forêts sèches et côtières de l'île, ne compte par exemple plus que 10 spécimens.

     L’Amérique latine est la région qui accueille le plus d’espèces d’arbres. © BGCI
     L’Amérique latine est la région qui accueille le plus d’espèces d’arbres. © BGCI

    L'Amérique latine, qui possède la plus forte biodiversitébiodiversité d'arbres au monde avec 23.631 espèces, est particulièrement exposée, avec 30 % de ses espèces d'arbres classées en danger d'extinction. En Indonésie et en Malaisie, qui font partie des cinq pays à la plus forte biodiversité d'arbres dans le monde, 25 % des espèces sont menacées.

     Le baobab Grandidier (<em>Adansonia grandidieri</em>) qui peut vivre jusqu’à 2.000 ans, n’est pourtant pas épargné par la culture sur brûlis, le surpâturage et l’exploitation de ses produits (écorce et fruits). © arkantor, iNaturalist
     Le baobab Grandidier (Adansonia grandidieri) qui peut vivre jusqu’à 2.000 ans, n’est pourtant pas épargné par la culture sur brûlis, le surpâturage et l’exploitation de ses produits (écorce et fruits). © arkantor, iNaturalist

    L’agriculture est responsable de 29 % des risques d’extinction

    En 300 ans, 40 % des 29 pays étudiés ont perdu plus de 90 % de leur couverture forestière. Cette déforestation majeure a pour origine la conversion vers des terrains agricoles ou des plantations (café, thé, huile de palme, sojasoja, caoutchouccaoutchouc...). Selon le World Resources Institute, sept grandes cultures sont responsables à elles seules de la moitié de la déforestationdéforestation. L'urbanisation galopante a plutôt tendance à accélérer la fragmentation de la végétation, qui est alors coupée de son écosystèmeécosystème. Mais de nouveaux facteurs viennent encore ajouter à la pressionpression sur l'écosystème, comme les insectesinsectes ravageurs, les espèces invasivesespèces invasives et le changement climatiquechangement climatique. Ce dernier menace ainsi directement plus d'un millier d'espèces en modifiant leur habitat, en augmentant les risques de tempêtestempêtes, d'inondationsinondations, d'incendies ou de maladies.

    Les principales menaces qui pèsent sur les arbres. © BGCI
    Les principales menaces qui pèsent sur les arbres. © BGCI

    Le saviez-vous ?

    Les arbres sont à la base de tout un écosystème. Une étude de 2019 a par exemple montré que 2.300 espèces sont associées au chêne vert. Les arbres fournissent aussi de nombreux services écologiques, comme la filtration de l’eau, la prévention de l’érosion, la protection contre les inondations, la séquestration du carbone ou la régulation de la température. Sans compter les ressources économiques en bois et matière première renouvelable.

    Les experts appellent à une série d'actions pour sauvegarder ce qui peut encore l'être. La priorité est bien sûr de préserver les forêts existantes, en augmentant le nombre de zones protégées. La reforestation doit en revanche être appliquée avec prudence, car elle peut aggraver le problème en augmentant la monoculturemonoculture ou en introduisant des espèces indigènesindigènes qui vont faire disparaître les arbres endémiques. Pour les espèces gravement en danger, les jardins botaniques doivent assurer la survie de l'espèce avec des banques de graines ou des arboretums. À Hong Kong, 300 espèces d'arbres issues de forêts primitives et conservées dans la collection du Kadoorie Farm and Botanic Garden (KFBG) ont ainsi été replantées.

    Voir aussi

    Les sept arbres les plus chers du monde