La qualité de vie au travail est bien plus qu’une notion vague et utopique. Elle est devenue un sujet de réflexion essentiel, un enjeu majeur pour les entreprises qui se trouvent confrontées à l’absentéisme dû à des maladies ou à des accidents du travail. De nombreuses actions sont mises en place pour le bien-être des salariés alors même qu’encore en 2019, 37 % des salariés déclaraient que leur employeur ne s’en préoccupait pas…


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    Ce que l'on appelle aussi la qualité de vie au travail, la QVT par son acronyme, est scrutée de plus en plus minutieusement par les directions des ressources humaines des entreprises. La qualité de vie au travail est, en effet, un indicateur que les dirigeants d’entreprises regardent de très près, alors qu'ils sont confrontés à un absentéisme toujours constant de l'ordre de 4 % qui avait coûté 60 milliards d'euros aux entreprises en 2015 comme en 2016. Et c'est bien le stress qui est la cause n°1 de l'absentéisme dans notre pays. Près de la moitié des actifs se déclarent stressés au travail... 42 % d’entre eux se disent aussi que leur travail peut manquer de sens, 32 % ressentent le besoin de s'arrêter alors qu'ils ne sont pas malades, et 66 % d'insatisfaits estiment que leur lieu de travail n'est pas adapté à leurs besoins. Les actifs sont ainsi de plus en plus conscients de l'influence de l’espace de travail sur leur bien-être.

    Qu’est-ce que le bien-être en entreprise ?

    Cette notion de bien-être sur son lieu de travail ne se réduit pas à l'environnement dans lequel le salarié évolue, l'espace, l'organisation des bureaux, l'ergonomie, l'aménagement et la décorationdécoration, même si bien sûr, ces éléments peuvent y contribuer. Cela concerne également les conditions d'emploi et de vie extraprofessionnelles, comme les temps de transports, les problèmes de santé... Ce bien-être se mesure avant tout en terme de stressstress qu'il subit dans le cadre de sa mission stricto sensu, de la pénibilité des tâches, mais aussi dépend des relations qu'il entretient avec les collègues, avec la hiérarchie et de l'ambiance générale au sein de l'entreprise. Là encore, Malakoff Médéric, très impliqué sur ce sujet a réalisé une enquête en 2016 sur la façon dont on peut mesurer cette QVT.

    Ainsi, ce sont de nombreux éléments objectifs qui sont pris en compte : niveau d'engagement des salariés, qualité du partage de l'information, qualité des relations entre collègues, ambiance générale de travail, qualité du dialogue social, méthodes d'organisation du travail, qualité des missions proposées, agréabilité de l’environnement de travail, degré d'autonomieautonomie laissé à chaque salarié, confiance et responsabilité accordées aux salariés, respect de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ou encore égalité de traitement entre hommes et femmes...

    La bonne ambiance au travail et les relations entre collègues sont ainsi des éléments déterminants du bien-être en entreprise pour 49 % des employés et 53 % des dirigeants !i

    Une étude qui fait mal

    Selon le groupe paritaire de protection sociale Malakoff Médéric qui a effectué une étude en 2018 sur le coût de l’absentéisme, la situation s'aggrave. Maladies lourdes et longues, dépressions et autres burn-out, mais aussi pathologiespathologies plus bénignes du quotidien, cet absentéisme lié à la maladie affecte durement les entreprises... En 2018, 42 % des salariés se sont vu prescrire au moins un arrêt de travail. Ce sont ainsi 13 % des salariés qui ont demandé un arrêt de travail à un médecin au cours des 12 derniers mois, alors qu'ils n'étaient que 11 % en 2016. Cet absentéisme a un véritable coût, qui ne fait que s'accroître au fil des ans, sur les entreprises comme sur les comptes de la Sécurité sociale.

    En effet, depuis 2009, le nombre de jours indemnisés est en constante augmentation de 3,6 % par an en moyenne depuis 2013. Les niveaux des montants indemnisés sont également en hausse puisqu'ils s'accroissent d'environ 4,3 % en moyenne par an depuis 10 ans. Ce fléau de l'absentéisme lié aux maladies est ainsi un véritable enjeu pour la vie des entreprises, mais également un enjeu de société. Le bien-être au travail est l'une des réponses majeures apportées pour tenter de rendre aux salariés l'envie, la motivation et des conditions de travail les plus favorables.

    Le stress, le fléau des entreprises. © BillionPhotos, Fotolia
    Le stress, le fléau des entreprises. © BillionPhotos, Fotolia

    La qualité de vie au travail, l’atout des entreprises

    Les chefs d'entreprises le savent bien, la qualité de vie au travail est un enjeu majeur pour la bonne marche de leur organisation. Ils sont 83 % à penser que cette problématique sera l'un des défis de demain. Il en va de la motivation professionnelle des salariés, comme de leur fidélisation... Parce que cette QVT a des répercussions, et non des moindres, sur la productivité, l'attractivité, la performance de l'entreprise et donc sur son développement. Ainsi, la QVT est devenue le thème central des nouvelles politiques RH. Et pas seulement, il existe aujourd'hui la semaine de la Qualité de vie au travail, la journée mondiale du bien-être qui traite également de l'environnement professionnel... Dans la plupart des grandes entreprises, il existe aujourd'hui des baromètresbaromètres du bien-être, appelés baromètres d'ambiance qui permettent aux salariés, non cadres et cadres, de s'exprimer librement et anonymement sur leur ressenti concernant leur bien-être au travail. Même les cabinets de conseil en stratégie s'y sont mis en nombre en sondant une à deux fois par an leurs consultants...

    Le saviez-vous ?

    Bon à savoir : il existe des diplômes universitaires dédiés à la qualité de vie au travail comme le DU management et QVT.

    La quête du bonheur au bureau

    Une fois le problème identifié, des mesures sont prises pour tenter de le résoudre. Mais comment réduire le stress des collaborateurs ? Les options sont multiples, pour ce qui est de l'environnement de travail comme de la motivation personnelle, d'égalité professionnelle, d'évolution... de chacun des salariés. C'est peut-être améliorer leur espace de travail en l'adaptant au plus près à leurs envies et besoins. D'où la démultiplication des idées pour aménager des espaces de travail « à la sauce américaine » où les salariés se sentiraient « un peu comme à la maison », avec espaces privés, de détente, de jeux...

    La QVT est devenue le thème central des nouvelles politiques RH

    La grande tendance dans l'aménagement est le décloisonnement. Et si les open space sont revenus en force ces dernières années dans une volonté à la fois de gain de place, d'éviter l'isolement, de faciliter la communication et de créer un effet de motivation collectif, celles et ceux qui travaillent dans des bureaux ne sont pas forcément en phase avec cette innovation : 59 % d'entre eux aspire à avoir un espace fermé qui leur est dédié, leur espace vital, en quelque sorte. Le flex-office, le poste de travail non attribué, est la grande tendance du moment, mais n'a pas leur faveur non plus. Ils ne sont que 14 % à le choisir de leur plein gré.

    Lutter contre le stress, c'est aussi apaiser les conflits entre collègues, entre équipes, entre patrons ou managers et salariés... D'où des politiques de management qui se mettent à l'écoute de leurs collaborateurs, comme c'est, entre autre, le cas des entreprises qui s'engagent dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). On voit également en France l'apparition d'un nouveau collaborateur, le Chief happiness officer (CHO), dont le seul rôle, mais ô combien important, est de favoriser le bien-être au travail et d'améliorer la convivialité au sein de son entreprise.