au sommaire


    Après une période de profond scepticisme dans la communauté de la théorie de l'information, suite aux annonces en 1993 des performances obtenues par les turbocodes (International Conference on Communications, Genève), ceux-ci furent adoptés par le CCSDS (Consultative Committee for Space Data Systems), comité de normalisation pour les agences spatiales mondiales (ESA, Nasa...).

    Les turbocodes sont à présent adoptés par la communauté scientifique internationale. © Comfreak, CC0
    Les turbocodes sont à présent adoptés par la communauté scientifique internationale. © Comfreak, CC0

    La première mission européenne avec turbocode fut la sonde Smart 1. Rapidement, d'autres comités de normalisation ont intégré le turbocodage dans les standards de troisième génération de systèmes de communication : l'UMTSUMTS, en Europe, ou le CDMA2000, aux États-Unis et en Asie, sont des exemples connus d'applications commerciales. D'autres systèmes avec turbocode (Inmarsat, Eutelsat, DVBDVB-|f8afafd7f8a95e5cb4ead8d519e8af33| DVB-RCT, BRAN, IEEEIEEE 802.16, enregistrement magnétique...) sont d'ores et déjà normalisés ou en cours de spécification.

    La norme IEEE 802.16 (WiMaxWiMax) s'appuie sur un code correcteur dit « code produit » dont le turbodécodage a été inventé par Ramesh Pyndiah, de l'ENST Bretagne (devenue ensuite Télécom Bretagne, puis ayant fusionné avec l'École nationale supérieure des mines de Nantes pour créer l'IMT Atlantique Bretagne Pays de la Loire).

    Turbocodes : distinctions et recherches

    L'invention des turbocodes et l'extension du principe « turbo » à des fonctions autres que le codagecodage correcteur ont valu aux inventeurs un certain nombre de distinctions nationales et internationales :

    • 1997 : le prix Stephen O. Rice pour le meilleur article de IEEE Transactions on Communications ;
    • 1997 : la médaille Ampère de la Société des électriciens et électroniciens (SEE) ;
    • 1998 : le IEEE Information Theory Society Paper Award pour la meilleure publication en théorie de l'information ;
    • 1998 : le prix Montgolfier de la Société pour l'encouragement de l'industrie nationale ;
    • 1998 : le Golden Jubilee Award for Technological Innovation (IEEE Information Theory Society) ;
    • 2000 : le prix de l'Innovation France Télécom, avec Dominique Lacroix et Pierre Pénard ;
    • 2003 : la médaille Richard W. Hamming (IEEE) avec la mention « pour l'invention des turbocodes, qui ont révolutionné les communications numériquesnumériques » ;
    • 2003 : le grand prix France Télécom de l'Académie des sciences.

    L'ENST de Bretagne a également été lauréate nationale des trophées INPI (Institut national de la propriété industrielle) de l'Innovation, en 2002. C'est grâce à sa politique de valorisation de la recherche dans des domaines innovants, en particulier les turbocodes, ainsi qu'à son soutien appuyé à la création d'entreprises, qu'elle a été récompensée.

    Voir aussi

    Cryptologie : l'art des codes secrets

    À travers le monde, les chercheurs travaillant sur les techniques « turbo » sont nombreux, tout comme les applications de cette nouvelle approche. Certaines publications traitent par exemple de la turboreconnaissance de caractère, ou encore de l'application des turbocodes à la compression numérique et à la cryptographiecryptographie. Pour tirer avantage de la dynamique « turbo », l'ENST Bretagne avait mis en place le pôle de recherche Pracom (Pôle de recherche avancée en communications), et participé activement à la mise en place du réseau de recherche européen Newcom (Network of Excellence in Wireless COMmunications).

    Références

    • C. E. Shannon, A Mathematical Theory of Communication, Bell System Technical Journal, vol. 27, juillet et octobre, 1948.
    • C. Berrou, A. Glavieux et P. Thitimajshima, Near Shannon limit error-correcting coding and decoding: turbo codes, in Proc. of ICCICC '93, Genève, pp. 1064-1070, mai 1993.
    • C. Berrou et A. Glavieux, Near optimum error correcting coding and decoding: turbo codes, IEEE Trans. Com, vol. 44, n° 10, pp. 1261-1271, octobre 1996.
    • Gérard Battail, Théorie de l'information, application aux techniques de communication, Masson, 1997.