Le ministère de la Santé vient de lancer une série de discussions sur les effets sur la santé des ondes radio, en particulier celles de la téléphonie mobile. Opérateurs et associations de défense des consommateurs sont réunis pour décider s'il faut légiférer, interdire, avoir peur ou être rassuré. La science sera la grande absente de ces débats, par manque de preuves claires et parce que les scientifiques n'ont pas été invités.

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    En Californie, ces antennes se cachent... © Thomwatson / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    En Californie, ces antennes se cachent... © Thomwatson / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Aujourd'hui jeudi 23 avril s'ouvre une série de trois rencontres sur la téléphonie mobilemobile, organisées par le Ministère de la santé. Cette « Table ronde Radiofréquences, santé et environnement  », plus souvent appelée Grenelle des antennes ou des ondes, réunit opérateurs de téléphonie, organismes publics, élus, représentants des collectivités territoriales, fabricants de téléphones mobiles, associations et organisations syndicales. Les discussions porteront sur les dangers pour la santé humaine, réels ou suspectés, des ondes radio émises par les téléphones, les antennes relais et les appareils Wi-Fi.

    C'est le Premier Ministre, François Fillon, qui a voulu cette série de rencontres, dans un contexte où l'inquiétude monte face à ces antennes qui fleurissent et arrosent leur environnement en ondes radio. Sont-elles dangereuses pour la santé ? Beaucoup le craignent et parfois, s'en plaignent devant les tribunaux, parlant de nausées et de maux de tête. Au nom du principe de précautionprincipe de précaution la justice leur donne souvent raison et le démontage d'antennes génère une autre inquiétude, celle des pouvoirs publics et des opérateurs de téléphonie de voir l'irrationnel l'emporter sur la raison.

    La dernière affaire en date est celle de trois antennes relais appartenant à Orange et installées à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Le tribunal de Nanterre a été saisi d'une plainte par des habitants réunis en association, victimes de désagréments divers depuis leur installation. Orange s'est défendu en expliquant... que ces trois antennes relais ne sont pas en service et n'émettent rien.

    Aucune étude scientifique ne démontre la nocivité des antennes, dont l'énergieénergie transmise au voisinage, mesurée en voltsvolts par mètre, diminue comme le carré de la distance à l'antenne. En revanche, les études, en particulier Interphone, montrent des effets des téléphones eux-mêmes, qui, eux, sont plaqués sur l'oreille.

    Trois séances pour se mettre d'accord

    Mais qui, lors de ces rencontres, exprimera ce point de vue puisque les scientifiques sont les oubliés de ce « Grenelle » ? Il est vraisemblable que les opérateurs tenteront de persuader tout le monde que les antennes ne présentent aucun danger pour personne et que les associations de consommateurs, dont certaines sont déjà très actives pour dénoncer les méfaits des ondes, demanderont l'applicationapplication du principe de précaution. Entre les deux, les pouvoirs publics tâcheront sans doute de ménager la chèvre et le chou, rassurant les uns et les autres, peut-être en garantissant aux uns quelques contrôles supplémentaires et aux autres que les antennes relais ne seront pas bannies du territoire français.

    En tout cas, les scientifiques ayant réalisé des études sur le sujet ne pourront pas intervenir et suivront les débats par voie de presse car on a oublié de les inviter. Les associations de consommateurs, d'ailleurs, s'en plaignent, et beaucoup affirment être sceptiques sur les résultats de ces discussions.

    Devant la multiplication des plaintes et l'inquiétude grandissante des citoyens (certains parlent de Tchermobile), les pouvoirs publics se doivent de faire quelque chose et mettre tout le monde autour d'une table est tout de même un bon début. Cette table ronde, modeste, s'étalera sur trois séances de travail, le 6 mai sur le thème des antennes relais, le 14 sur les portables et le 15 sur tout le reste.