C'est un éditorial du journal Nature, dans sa dernière livraison, qui le clame : “Laissez les données parler aux données : les outils web facilitent le partage des données et offrent de l'espace aux débats informels autour des publications scientifiques. Mais pour en tirer pleinement avantage, les scientifiques doivent embrasser la culture du partage et revoir leur vision des bases de données.”

au sommaire


    Les clés de cette transformation, explique l'édito, reposent sur les licences Creative Commons, les blogs et leur haut facteur d'impact, les bases de données partagées et les web services.

    Un éditorial qui fait écho aux interrogations récentes sur les universitaires qui bloguent. Est-ce sérieux et compatible avec une carrière scientifique, s'interrogent certains ? Les scientifiques qui bloguent ne risquent-ils pas leur job ?, se demande Robert S. Boynton pour Slate. "Beaucoup perçoivent les blogs comme l'indication d'un manque de sérieux. Les scientifiques qui bloguent ne devraient-ils pas plutôt passer plus de temps à étudier et moins à bloguer ? Et si un blogueur a quelque chose de sérieux à dire, pourquoi le présente-t-il dans un médium superficiel plutôt que dans une publication validée par des scientifiques ? (...) Mais d'un autre côté, le bloging universitaire représente plutôt la maturation, que la trahison, des idéaux universitaires." Si le propos de certains blogs universitaires est plus engagé que l'expression académique courante, la plupart du temps la pensée de l'auteur n'en est pas moins rigoureuse ou intelligente. Le blogging serait-il subversif parce qu'il fait sortir la vie intellectuelle des petits cercles universitaires ? Le fait de bloguer doit-il être inclus dans l'enregistrement des publications scientifiques ?

    "L'antipathie actuelle envers cette activité provient probablement du fait que l'Université n'a pas d'outils pour apprécier les contenus de ces blogs. Et beaucoup pensent que les blogs devraient être évalués à travers un mécanisme de validation par les pairs, au même titre que les autres publications scientifiques." Pour Michael B. Eisen, professeur de Biologie à Berkeley et un des cofondateurs de PloS (Public Library of Science), les scientifiques blogueurs affrontent des défis semblables à ceux qui publient dans des revues open-source comme la sienne. Reste à savoir comment évaluer le facteur d'impact scientifique des blogs, quand bien souvent l'audience et les commentaires sont aussi à prendre en compte. Car incontestablement "Internet rend poreuses les frontières des communautés de pratiques", signale avec raison Martin Lassard.

    Daniel Drezner, scientifique et blogueur influent, qui s'est vu refuser sa titularisation à l'université de Chicago en partie du fait de son blog, comme le raconte Jean-Pierre Cloutier, a pesé le pour et le contre avant de choisir et de continuer à bloguer. OlivierOlivier Ertzscheid, également scientifique et blogueur, a entrepris une cartographie des scientifiques français blogueurs, et reprend à son compte cette conclusion d'un article du New York Sun : "Pour les universitaires, bloguer n'est pas un hobby, c'est une part intégrale de leur identité savante". Pour Jean Véronis également, après un an de blogging sur Technologies du langage : "Le blog est une formidable école de la rigueur, et de la modestie..."

    Tous les universitaires ne bloguent pas encore que d'autres universités se lancent de nouveaux défis, comme le podcast (ou balladodiffusion) pour Stanford. La prestigieuse université américaine vient récemment de donner accès aux fichiers audio de ses cours et conférences en utilisant le logiciellogiciel iTunesiTunes d'AppleApple. Une autre manière de se rendre simplement disponible à une communauté plus large d'utilisateurs que les seuls universitaires.