Echec et mat pour les humains. Le champion du monde russe Vladimir Kramnik a perdu par 4 matchs nuls et 2 défaites contre un logiciel… vendu dans le commerce.

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    Dans les coulisses (parce que le bruit de la ventilation risquait de gêner Vladimir Kramnik), une équipe de télévision filme l'ordinateur (le boîtier à droite) sur lequel tourne Deep Fritz. Crédit : Chessbase.

    Dans les coulisses (parce que le bruit de la ventilation risquait de gêner Vladimir Kramnik), une équipe de télévision filme l'ordinateur (le boîtier à droite) sur lequel tourne Deep Fritz. Crédit : Chessbase.

    Cette fois, la messe est dite. Un bon logiciel tournant sur un ordinateur personnel bat tout joueur humain, fût-il le meilleur de tous. Du 25 novembre au 5 décembre, dans la National Art Gallery, à Bonn, le champion du monde Vladimir Kramnik a rencontré pour un jeu en six parties le logiciel Deep Fritz. Mais il n'en a gagné que deux et a terminé sur un abandon.

    Pourtant, Kramnik n'a pas usurpé sa place de numéro un. En octobre 2000, il bat Gary Kasparov et devient le champion du monde du tournoi dit classique (organisé par la PCA, Professional Chess Association). En octobre 2006, il rencontre Vesselin Topalov, l'autre champion du monde, celui des tournois internationaux de la FIDE (Fédération internationale des échecs) et le bat.

    C'est donc incontestablement le meilleur joueur humain qu'a dominé Deep Fritz, en version 10, un logiciel édité par la société allemande ChessBase, que l'on trouve en France pour 54,90 euros et tournant sur n'importe quel PCPC. Un rien vexant tout de même... Kramnik devait néanmoins se douter de la difficulté de la tâche qui l'attendait puisqu'il avait rencontré en 2002 la version précédente de ce logiciel et n'avait pu que concéder un match nul. Or, l'actuelle version est créditée d'une puissance trois fois supérieure...

    Un micro performant, mais sans plus

    Pour le tournoi, Deep Fritz tournait sur un ordinateur équipé de quatre processeurs, ce qui lui donnait la possibilité de calculer huit à dix millions de positions par seconde. Mais cette puissance est très proche de celle des ordinateurs personnels actuels et les micros équipés de processeurs à quatre coeurs sont en train de devenir banals. Pour mesurer le chemin parcouru, il suffit de revenir dix ans en arrière. En février 1996, pour la première fois, le champion du monde en titre, en l'occurrence Gary Kasparov, rencontrait un ordinateur, Deep Blue, et remportait le tournoi par trois manches à deux. Mais le 11 mai 1997, date historique, le même Gary Kasparov s'inclinait 2,5 points contre 3,5 contre Deep Blue. Spécialement conçu par IBMIBM à partir d'un RS/6000 SP, l'ordinateur comptait 256 processeurs travaillant en parallèle et pesait 1,4 tonne. Aujourd'hui, le micro avec lequel vous lisez ces lignes battrait vraisemblablement Deep Blue...