Jusqu'ici, personne n'écoutait la matière se plaindre. Et pourtant, ses cris peuvent nous renseigner sur bien des choses, y compris son état de santé. C'est ce qu'a compris le Dr Salim Benmedakhene, PDG de la jeune société Aetech.

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    Barrage sur la Rance (France)

    Barrage sur la Rance (France)

    Les câbles d'un pont suspendu, la cellule d'un avion, les cuves de stockage sous pressionpression ont un point commun: leur structure subit des contraintes qui peuvent être génératrices d'une certaine fatigue, provoquer des ruptures et aboutir à un accidentaccident industriel. Et quel que soit le soin apporté à leur conception, l'évolution dans le temps de ces faiblesses est souvent impossible à prévoir.

    Des procédures de contrôle existent pour y pallier, mais celles-ci entraînent généralement l'interruption du fonctionnement du service, parfois pour plusieurs jours. Dans le cas d'une citerne de stockage cryogénique, elles exigent sa vidange complète de son contenu et un remplissage par de l'eau. D'où un mois et demi à trois mois d'immobilisation et une perte de rendement conséquente.

    La technologie développée par Aetech permet le même contrôle sans immobilisation. "Cette technique s'apparente à celle du médecin qui ausculte son patient à l'aide d'un stéthoscopestéthoscope. Notre travail consiste à placer des capteurscapteurs non intrusifs sur des équipements industriels, pour ensuite les écouter au moment où ils subissent des contraintes", précise Salim Benmedakhene.

    Le contrôle et la surveillance des matériaux par leurs émissionsémissions sonores n'est pas une nouveauté, elle était déjà utilisée voici une soixantaine d'années, notamment dans le domaine du stockage sous pression. Mais Salim Benmedakhene ne cesse d'améliorer la technique en étendant les possibilités à la détection des défauts de structure des matériaux métalliques, composites et hybrideshybrides, et surtout à leur localisation précise, et cela sans aucune procédure intrusive.

    Depuis sa date de fondation en 2002, la jeune société Aetech a cependant dû défricher sa propre route. A l'époque aucune réglementation spécifique n'existait et la technologie était entièrement nouvelle. Salim Benmedakhene se souvient avoir consacré beaucoup d'énergieénergie à convaincre les industriels de l'énergie, de la chimiechimie ou des transports, parlementer dans les raffineries, puis franchir le cap des simples présentations scientifique et technique à des démonstrations en grandeur nature sur du matériel opérationnel. En 2004, l'activité démarrait enfin.

    Les projets de développement de Aetech sont à la mesure des ambitions de son jeune PDG. L'entreprise vise les secteurs de l'énergie off-shoreoff-shore, du transport et des ouvrages d'art, dont les nouveaux matériaux mis en œuvre imposent une connaissance accrue de la physiquephysique des matériaux soumis à des contraintes imprévisibles telles que l'environnement extérieur. Le secteur aéronautique est aussi un domaine de choix, et Salim Benmedakhene utilise actuellement sa technologie pour valider des tests réalisés sur maquette. Mais il ambitionne déjà de transformer l'essai en concevant un moyen de contrôle en vol, qui permettrait de détecter n'importe quelle faille ou défaut structurel au moment où il s'amorce.

    La SNCF, Alstom, les Ponts & Chaussées (notamment pour la surveillance des câbles d'ouvrage d'art), figurent aussi parmi les ambitions d'Aetech, mais également les barrages de France, dont près de la moitié présentent des signes de vétusté. Et la liste des applicationsapplications potentielles ne fait que s'allonger...