« Attention : il est temps de se passer un coup de déodorant ». Voici l’alerte que vous pourriez bientôt recevoir sur votre smartphone. Le géant des produits de soins Unilever a ainsi financé un patch souple détectant les mauvaises odeurs. Un gadget apparemment futile mais qui a nécessité une technologie particulièrement complexe.


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    Un sprint pour attraper le bus, un bureau surchauffé ou une balade en plein soleilsoleil... Et si votre transpiration devenait gênante sans que vous en ayez conscience ? C'est pour répondre à cette angoisse existentielle que le le fabricant Unilever, propriétaire notamment des marques de déodorant Axe, Dove ou Rexona, a financé un projet de patch à coller sur la peau avertissant en cas d'émanations désagréables. Ce dernier, relié à une applicationapplication smartphone, envoie alors une alerte suggérant de se rafraîchir les aisselles.

    Un cocktail chimique top secret

    Pour ce projet, Unilever s'est allié avec le fabricant de puces, Arm, qui a développé le circuit intelligent, PragmaticIC, pour les circuits flexibles, et le système de transmission sans fil, et l'université de Manchester, pour déterminer le cocktail de substances chimiques pouvant donner des odeurs corporelles désagréables. Les capteurscapteurs sont fabriqués à partir de semi-conducteurssemi-conducteurs organiques modifiés chimiquement pour réagir à différents signaux gazeux. « Lorsque ces substances viennent se fixer aux semi-conducteurs, ils modifient l'état du transistor et changent les caractéristiques du dispositif », explique Krishna Persaud, qui les a développés à l'université de Manchester, avec son collègue, Michael Turner. Chaque patch possède huit types de capteurs, chacun étant sensible à une classe de composés chimiques. « Il n'y a pas de substance responsable à elle seule de la mauvaise odeur. C'est une combinaison spécifique qui va permettre de déterminer si la sueur est malodorante », détaille Krishna Persaud au site IEEE Spectrum. Une recette top secret que n'a pas voulu nous révéler le laboratoire.

    Un circuit électronique souple intègre une intelligence artificielle qui analyse la combinaison de gaz malodorants. © Shawn Hempel, Fotolia
    Un circuit électronique souple intègre une intelligence artificielle qui analyse la combinaison de gaz malodorants. © Shawn Hempel, Fotolia

    C'est là où intervient la performance du dispositif. Car analyser un cocktail chimique caractéristique d'une « mauvaise » odeur est nettement plus compliqué pour une intelligence artificielleintelligence artificielle que reconnaître un chien sur une photo. Pas question pour autant d'avoir recours au Deep LearningDeep Learning, bien trop gourmand en ressources. Pour faire tenir la puce sur un circuit flexible, il a fallu limiter au maximum le nombre de transistors. Arm est ainsi parvenu à fabriquer une puce ultra-simplifiée où l'algorithme est retranscrit automatiquement en modèle de circuit électronique.

    Des pieds qui sentent mauvais aux emballages intelligents

    L'idée d'un détecteur d'odeur corporelle n'est pas entièrement nouvelle. Des chercheurs japonais ont déjà conçu des capteurs portables, capables de reconnaître certaines odeurs, reliés à une application smartphone (voir notre article ci-dessous). Le fabricant japonais Tanita a, lui aussi, sorti en juillet un petit scanner portatif à passer sous ses aisselles attribuant une « note » de 0 à 10, selon l'intensité des émanations corporelles. Mais ces gadgets ne sont pas en permanence collés à la peau et coûtent tout de même assez cher (13.824 yens, soit 107 euros pour l'appareil de Tanita).

    Au-delà de ces applications en apparence futiles, la technologie utilisée pour le patch pourrait résoudre d'autres problèmes plus graves. Arm compte ainsi proposer sa technologie au secteur alimentaire pour mettre au point des emballages intelligents capables de détecter les aliments périmés. Des étiquettes NFCNFC pourraient alors remplacer les dates de péremption. Unilever, lui, y voit une motivation plus prosaïque : doper ses ventes de déodorant en incitant les consommateurs à utiliser ses produits. Un prototype et des essais sont prévus pour début 2019.


    KunKun, le gadget qui vous prévient si vous sentez mauvais

    Article de Marc ZaffagniMarc Zaffagni publié le 14/02/2017

    Un ingénieur de chez Konica Minolta a conçu un capteur capable de détecter le diacétylediacétyle, l'ammoniacammoniac ou encore l'acideacide isovalérique responsables de nos odeurs corporelles. Cet appareil sera commercialisé cet été, au Japon, un pays où l'hygiène est une valeur cardinale.

    Cette mésaventure est déjà arrivée à tout le monde : un proche ou un collègue de travail dont l'odeur corporelle indispose mais à qui on n'ose évidemment pas faire de remarque blessante. Dans certains pays, notamment le Japon, dégager une odeur agréable ou tout du moins pas agressive est même une marque élémentaire de savoir-vivre.

    On ne s'étonnera donc pas d'apprendre que c'est au pays du Soleil-Levant qu'a été conçu un petit capteur portable qui avertit son propriétaire lorsque sa chimiechimie corporelle est susceptible de le trahir en société. Baptisé KunKun, ce qui se traduit par « sniff sniff », ce gadget a été conçu par un ingénieur du Business Innovation Center de Konica Minolta sur la base d'une plateforme d'analyse co-développée avec l'Institut de technologie d'Osaka nommée Hana (High Accuracy Nose Assist).

    L’odeur corporelle évolue avec l’âge

    L'appareil, qui fait à peu près la taille d'un smartphone, est capable de déceler des composants chimiques (diacétyle, l'acide isovalérique, l'ammoniac ou encore le non-2-énal) associés aux odeurs corporelles comme la transpiration ou celles étant liées à certaines tranches d'âges. L'odeur de notre corps évolue en effet avec l'âge et l'activité des glandes sébacées et sudoripares. Il a même été prouvé que, contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les personnes âgées mais les quadragénaires qui développent l'odeur corporelle potentiellement la plus dérangeante.

    Muni d'un KunKun, un utilisateur peut donc mener une analyse rapide. Le gadget transmet les informations par liaison sans fil à l'application Hana installée sur un smartphone qui livre alors son verdict. Le KunKun sera commercialisé à partir de cet été au Japon. Son prix n'a pas encore été dévoilé. Mais son concepteur a en tout cas flairé la bonne affaire...