Voilà longtemps que les chercheurs du Laboratoire de la perception par les machines de l’université de Californie font vivre des robots auprès de jeunes enfants. L’analyse de leur expérimentation dans une crèche, sur 45 sessions, portant sur une douzaine d’enfants entre 18 mois et deux ans, vient de livrer ses premiers résultats. Conclusion : le robot est très bien accepté, sauf quand son comportement est trop stéréotypé.

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    Ce robot est traité par les enfants comme un des leurs... crédits DR.

    Ce robot est traité par les enfants comme un des leurs... crédits DR.

    Le robot de type Qrio, qui cohabitait avec les enfants, était initialement programmé pour danser quand les enfants touchaient sa tête et se coucher quand ses batteries arrivaient à leur fin, explique le magazine NewScientist. Un humain le faisait également fonctionner, notamment pour tourner son regard du côté des enfants qui s'éloignaient de lui, et lui envoyer des instructions pour qu'il s'assoie ou marche dans certaines directions.

    Alors que les chercheurs pensaient que la magie du robot allait s'évanouir après quelques heures, les enfants ont continué à interagir avec lui, comme ils le faisaient avec les autres enfants expliquent les auteurs de l’étude (.pdf). Petit à petit, les enfants se sont même mis à le traiter comme l'un d'entre eux plutôt que comme un jouet, jouant avec lui, l'embrassant, le serrant dans leurs bras et prenant soin de lui quand il s'éteignait.

    Au bout de plusieurs mois, les relations entre le robot et les enfants ont monté en qualité soulignent les chercheurs. Les enfants se sont mis à l'aider quand il tombait en lui tendant la main ou en le poussant pour le remettre sur ses pieds, alors qu'il leur arrivait de pleurer les premiers temps quand Qrio tombait. Ils ont appris à jouer avec lui à des jeux peu violents, adaptés à ses capacités physiquesphysiques limitées. Quand les batteries de Qrio étaient vides et qu'il se couchait, un des enfants venait le couvrir d'une couverture et lui souhaiter bonne nuit. Si au début les enfants n'hésitaient pas à toucher le visage du robot, peu à peu, ils ne le touchèrent plus qu'aux mains ou aux bras, comme les enfants le font avec les autres humains.

    Les conséquences inconnues d'une amitié avec un robot

    Modifier le comportement de Qrio changeait l'attitude des enfants à son égard : quand les chercheurs l'on programmé pour qu'il danse sans arrêt par exemple, les enfants l'ont très vite délaissé. Quand il est redevenu "normal", les enfants l'ont traité à nouveau comme un des leurs.

    Pour Ronald Arkin, roboticien au Georgia Tech, l'affection des enfants n'est pas une surprise. "Les humains ont une étonnante tendance à se lier avec des objets de tout type, que ce soit une voiturevoiture, une poupée ou un robot", explique-t-il au National Geographic. Les chercheurs ne comprennent pas encore les conséquences de cette interaction enrichie. "Etudier comment les robots et les humains travaillent ensemble peut nous permettre de mieux comprendre si c'est une bonne ou une mauvaise chose pour la société. Quelles sont les conséquences d'introduire un robot auprès de jeunes enfants ? Qu'est-ce que ça suscite, avec quoi cela interfère-t-il dans leur développement social ? Cela rend peut-être la vie plus simple pour le professeur, mais comprend-t-on vraiment l'impact à long terme d'avoir un robot comme ami d'enfance ?"

    Par Hubert Guillaud