La société Tilera dévoile une gamme de processeurs présentés comme des concurrents de l'architecture Nehalem d'Intel, qui pourront comporter jusqu'à 100 cœurs.

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    Le Tile64, processeur doté de 64 cœurs commercialisé en août 2007. © Tilera

    Le Tile64, processeur doté de 64 cœurs commercialisé en août 2007. © Tilera

    Après NVidia, c'est Tilera qui s'engage dans la course à la capacité de calcul. Un sérieux coup d'envoi qui contraste avec l'actualité moribonde du projet Larabee d'IntelIntel, présenté en 2008 comme le tueur de GPU, prévu pour exploser en 2010. Après avoir longuement combattu à coup de MHz et GHz, les fondeurs de processeurs changent d'artillerie pour s'affronter sur le terrain du nombre de cœurs. En 2003 les chercheurs des laboratoires d'Intel affirmaient, sur la foi en la loi de Moore, que le pic technologique des CPU serait atteint en 2018. Ce constat prenait principalement en compte les hypothétiques limitations de la finesse de gravuregravure des futurs processeurs.

    Un microprocesseur se compose de millions de transistors, chacun traitant une information binairebinaire. A l'heure actuelle, le nombre de ces transistors dépend de la précision avec laquelle ils peuvent être gravés sur la galette de siliciumsilicium qu'est le CPU. En quelques décennies, décennies, les fondeurs sont passés au micromètremicromètre pour arriver à l'échelle nanométrique. Actuellement, de nombreux processeurs du commerce sont fabriqués avec une finesse de l'ordre de 40 à 45 nanomètresnanomètres (nm). D'ici 2011, les 32 nm devraient être atteints selon AMD. Plus optimistes, certains prévoient des processeurs dotés d'une finesse de gravure de l'ordre de 22 nm !

    Diviser pour mieux régner

    En sus de cette course aux nanomètres, l'innovation et la commercialisation des processeurs multi-cœurs ont fait un énorme bon ces dernières années. Le fondeur le plus populaire dans le domaine est sans nul doute Intel avec ses doubles et quadruples cœurs. A l'image de la division cellulaire, la multiplication des cœurs semble ne pas être en passe de s'arrêter. Et pour cause, dans ces CPU, la fréquence annoncée est valable pour chaque coeur qui se voit plus ou moins sollicité suivant la tâche, le gain en performances est éminemment perceptible. Pour les applicationsapplications, cette multiplication de cœurs permet un calcul parallèle extrêmement utile dans des simulations vectorielles telles que le ray-tracing en 3D (rendu photo-réaliste). Les applications sont vastes et c'est l'industrie du serveurserveur qui profite le plus de l'évolution de ces technologies.

    Des membres du MIT s'inscrivent dans cette mouvance et ont fondé la société Tilera en 2004, pour commercialiser en août 2007 un processeur doté de 64 cœurs sous le nom de Tile64. Gravée à 90 nm pour la première version puis à 45 nm, la puce rompt avec le jeu d'instructions X86X86 (mis en place par Intel) et se base sur l'architecture Tile mise au point par la jeune firme (tile signifiant tuiletuile), le fondeur présente sa technologie comme un agencement de 64 tuiles, comprenant chacune un cœur indépendant, dont l'une est dédiée au routageroutage des informations pour permettre une communication entre ses comparses. A l'image des CPU classiques, chaque coeur possède ses propres mémoires cachemémoires cache L1 et L2. Une mémoire cache virtuelle commune aux 64 cœurs du microprocesseur, appelée L3, rassemble les données traitées. Dans chaque tuile peut s'exécuter un système d'exploitationsystème d'exploitation et, à l'inverse, plusieurs d'entre elles peuvent s'organiser pour gérer en parallèle un système à tâches multiples.

    Schéma type de l'architecture Tile, dans le cas des Tile-GX le contrôleur de mémoire sera compatible avec la DDR3. © Tilera
    Schéma type de l'architecture Tile, dans le cas des Tile-GX le contrôleur de mémoire sera compatible avec la DDR3. © Tilera

    Le bébé de Tilera s'annonce comme un outil puissant dans le domaine de la virtualisationvirtualisation et des calculs parallèles et une nouvelle gamme est en passe de lui fournir un successeur. Le nouveau CPU fait partie d'une nouvelle génération appelée Tile-GX. On y trouve des processeurs comportant de 16 à 100 cœurs cadencés à 900 et 1,5 GHz, contre 0,6 et 0,9 GHz pour le Tile64. Le tout bénéficie d'une finesse de gravure de 40 nm pour la première génération. Le fabricant annonce une consommation oscillant entre 5 et 55 wattswatts. Toujours selon Tilera, cette consommation permet d'atteindre proportionnellement une puissance de calcul, par watt, dix fois supérieure aux processeurs d'Intel, basés sur l'architecture Nehalem de ses solutions serveurs. La guerre des CPU est en passe d'accueillir un nouveau challengerchallenger dans ses rangs. Intel et AMD ne sont plus seuls dans l'universunivers des microprocesseurs centraux.

    Reste aussi NVidia et son projet Fermi, qui se pose comme un opposant aux reinsreins solidessolides. Le Larrabee, véritable Arlésienne d'Intel, est lui aussi prometteur. Tilera s'est très vite implanté dans le monde du libre. Cependant, il faudra s'armer de patience et suivre les résultats de ses produits sur le terrain.