Le fondateur emblématique d'Apple s'est éteint ce mercredi 5 octobre, à 56 ans, des suites d'un cancer du pancréas, qui l'avait déjà éloigné de la direction de l'entreprise. La nouvelle n'est pas une surprise mais le statut du personnage en fait un choc pour l'informatique.

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    Steve Jobs présente l'iMac en 1998. © DR

    Steve Jobs présente l'iMac en 1998. © DR

    Les commentaires pleuvent après la disparition de Steve JobsSteve Jobs. Bill GatesBill Gates se dit « profondément attristé ». Barack Obama parle de lui comme de l'un des plus grands inventeurs des États-Unis. Le maire de New York, Michael Bloomberg, le compare à EinsteinEinstein et à EdisonEdison. Même le patron de SamsungSamsung, ennemi actuel d'AppleApple (avec procès et demandes réciproques d'interdiction de ventes de produits, Galaxy Tab 10.1 et iPhone 4S), y est allé de ses condoléances.

    Le mot qui revient le plus souvent est « visionnaire ». Il est vrai que Steve Jobs n'a jamais manqué de neznez pour sentir les évolutions de l'informatique. Quand son ami Stephen (ou Steve) Wozniak lui montre le micro-ordinateur qu'il vient de bricoler, Jobs part à l'aventure. À l'époque, cela n'a rien d'évident : nous sommes en 1976 et les micro-ordinateurs... n'existent pas vraiment. Le bricolage se trouve un nom, Apple 1, et sera commercialisé sous forme d'une carte électronique à connecter à un clavier et à un écran. Un assemblage maison dans l'airair du temps.

    L'Apple-1, numéro de série 82, vendu 741,66 dollars le 12 juillet 1976, présenté par Christie's pour sa vente aux enchères. À côté de la carte-mère, on remarque la documentation abondante, dont celle de l'interface cassette, une lettre signée Steve Jobs et une cassette étiquetée Basic. © Christie's

    L'Apple-1, numéro de série 82, vendu 741,66 dollars le 12 juillet 1976, présenté par Christie's pour sa vente aux enchères. À côté de la carte-mère, on remarque la documentation abondante, dont celle de l'interface cassette, une lettre signée Steve Jobs et une cassette étiquetée Basic. © Christie's
    La souris accouche du MacintoshMacintosh

    Il faut peu de temps pour que les micro-ordinateurs trouvent leur public aux États-Unis et notamment dans les universités. Jobs et Wozniak conçoivent l'Apple 2, qui deviendra une vedette pour plusieurs années. L'idée est celle d'une machine évolutive avec des connecteurs pour insérer des cartes d'extensions. Encore une fois, le ventvent est bien perçu et l'idée d'une machine ouverte sera reprise par IBMIBM... et abandonnée par Apple.

    Car il est l'heure de la souris... Après la visite du centre de recherche de Xerox, le Parc (Palo Alto Research Center), Jobs en ressort convaincu qu'il faut changer complètement la manière de commander les ordinateurs. Les chercheurs du Parc ont imaginé les icônes du bureau virtuel et des systèmes de pointage, comme la souris. Jobs et Wozniak planchent sur une machine révolutionnaire qui deviendra le LisaLisa. C'est un Ovni, avec sa souris, son fond d'écran blanc et ses icônes. Massif et coûteux, il sera un échec commercial. Jobs s'entête et veut concevoir un modèle plus petit. Ce sera le Macintosh, lancé par une campagne sans précédent. « Actuellement, prophétise Jobs, les ordinateurs utilisent 80 % de leur puissance pour calculer et 20 % pour l'interface utilisateur. À l'avenir, ce sera le contraire. » Bien vu.

    Les dates clés de Steve Jobs chez Apple. © idé

    Les dates clés de Steve Jobs chez Apple. © idé
    De Star Wars à l'iPhone

    Le Macintosh sera un immense succès. C'est le premier ordinateur que n'importe qui peut utiliser pleinement sans formation à l'informatique. Alors que tous les constructeurs font du « compatible IBM PCPC », Apple s'engage sur une voie toute différente avec ces Macintosh, incompatibles avec tous les autres ordinateurs.

    Jobs le visionnaire se fera pourtant évincer d'Apple en 1985 par John Sculley, ancien patron de Pepsi que Jobs a débauché deux ans plus tôt. Apple prépare un outil de poche, le NewtonNewton, qui évoque furieusement les smartphone d'aujourd'hui mais c'est l'échec. Apple perd du terrain et ses Macintosh, coûteux, se vendent mal.

    Qui sauvera Apple ? Jobs bien sûr. Après avoir fondé Next (une machine surpuissante pour la recherche) et racheté Pixar (un studio d'animations vidéo venu de chez George Lucas et créé pour Star Wars), Jobs revient chez Apple en 1997 pour redresser la barre.


    L'iPad 2, plus fin que l'Apple 1 mais disposant tout de même d'un écran et d'un clavier virtuel. © Apple

    C'est ce qu'il fait, gagnant à cette époque son statut de gourou. Sous son impulsion, Apple sort un iMac, version intégrée du Macintosh. Le succès est bon mais Jobs fait encore plus fort avec l'iPodiPod, petit baladeur craquant, et iTunesiTunes, grande boutique de musique en ligne, très lucrative.

    Apple mise toujours sur l'innovation technologique et des produits aboutis. L'iPhone, téléphone à connecter à InternetInternet et disposant d'un écran tactileécran tactile avec la puissance d'un ordinateur, obtiendra un succès planétaire et sera imité par tous les autres, comme l'IBM PC le fut en son temps. Dans la foulée, Steve Jobs, au cours des grands shows dont il était friand, présente l'iPad en 2010, une tablette, un appareil sans clavier et à peu près sans équivalent. Encore un Ovni. Celui-là aura le succès que l'on sait. De nouveau, d'autres constructeurs suivent.

    La maladie, contre laquelle il s'est battu plusieurs années, a fini par rattraper Steve Jobs, absent de la présentation des dernières nouveautés. Depuis, la concurrence s'est largement développée, notamment avec des appareils mobiles tournant autour d'AndroidAndroid, le logiciellogiciel système de GoogleGoogle. Sûrement, une page de l'histoire de l'informatique vient de se tourner...