Dans son incessante lutte contre le piratage, Microsoft vient d'introduire une demande de brevet pour un dispositif de type nouveau qui lierait irrémédiablement tout produit logiciel acheté à son propriétaire.

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    Logo Microsoft

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    De plus en plus, les logiciels sont achetés directement en ligne, et cela qu'il s'agisse de jeux, d'applicationsapplications bureautiques ou de simples mises à jour. Or, le regroupement de la totalité d'une offre logicielle sous un fichier informatique, manuels y compris, facilite considérablement la travail des pirates informatiques, ainsi que la floraison de sites d'échange de type P2P (Peer to PeerPeer to Peer), qui défrayent régulièrement la chronique, et devant lesquels les autorités, face à un phénomène aussi planétaire, se montrent de moins en moins efficaces malgré les progrès qu'elles ont elles-mêmes accomplis.

    Aussi MicrosoftMicrosoft vient-il de présenter son nouveau projet, lié à une demande de brevet, et qui fait appel au "watermark". Déjà utilisé dans une moindre mesure par AppleApple pour sécuriser des fichiers musicaux (ce qui avait provoqué un certain tollé), il consiste à inclure dans le code du logiciel légalement acheté une marque soigneusement cryptée, établie sur la base de données personnelles fournies au départ par le client.

    Mais c'est là que le bât blesse... Car ces données seront sollicitées automatiquement sur l'ordinateur de l'utilisateur, et selon les informations fournies par Microsoft, pourront comprendre nom, prénom, adresse, numéro de téléphone ou même de carte de crédit. Or même si ces renseignements sont ensuite encryptés, il faut bien qu'ils aient transité par le net, et là, tout le monde n'est pas d'accord !

    Des réactions en vue…

    En pratique, ces informations seront rendues illisibles et encapsulées dans le code de l'application par un procédé sûr basé sur un système de table de permutation, qui pourra de plus varier d'une copie à l'autre du programme. Lorsque l'éditeur constatera qu'un de ses logiciels est proposé en version pirate sur le net, il lui suffira de le télécharger et d'extraire ce code pour remonter au premier acheteur de la version. La suite de la procédure est prévisible.

    Si ce procédé est adopté, il ne manquera pas de déchaîner les passions et de provoquer des levées de boucliers, comme cela fut déjà le cas lors du lancement de Windows 95 qui collectait déjà des données sur l'utilisateur et son équipement, ou des premiers processeurs "marqués" IntelIntel Pentium. Lutter contre le vol de données n'est pas répréhensible en soi, bien au contraire, et la réduction du piratage ne pourra qu'entraîner la diminution du prix des logiciels, actuellement mis en concurrence avec... eux-mêmes.

    Mais le principe de protection lui-même, tel qu'appliqué par Microsoft, amène une réflexion.

    Il nous paraît évident que la véritable source du piratage ce sont les pirates eux-mêmes, et non les logiciels. Microsoft aurait donc tout intérêt à ce que la proportion de logiciels ainsi protégés soit la plus importante possible, et cela afin d'étouffer globalement le phénomène. Or, en brevetant son procédé, la firme de Redmond s'en attribue l'exclusivité et l'empêche de s'étendre aux autres éditeurs, ce qui va à l'encontre de ses propres intérêts. A moins que le retour de données ainsi provoqué sous un prétexte protecteur n'ait un autre but, aux motivations plus floues ?