Amazon a choisi la France pour installer un centre de recherche et développement consacré à ses drones livreurs Prime Air. Installés à Clichy, les ingénieurs vont se consacrer en particulier au logiciel de gestion du trafic pour organiser la circulation de ces engins.


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    Annoncé en décembre 2013 le service de livraison de colis par drones Prime AirAir imaginé par Amazon n'est pas encore opérationnel. Mais le géant du commerce électronique s'active et vient d'annoncer l'ouverture d'un centre de recherche et développement qui sera installé en France, à Clichy (Hauts-de-Seine). Il vient compléter des centres du même type déjà opérationnels au Royaume-Uni, en Autriche, en Israël ainsi qu'aux États-Unis.

    Selon le communiqué de presse diffusé par AmazonAmazon, le centre de R&D de Clichy rassemblera une équipe de douze ingénieurs qui auront pour mission de travailler sur la partie logicielle du projet Prime Air. Plus spécifiquement, ils devront créer un logiciel de gestion du trafic sécurisé qui doit compléter les systèmes existants de contrôle du trafic aérien afin que les drones puissent naviguer au-delà du champ de vision en toute sécurité.

    Le logiciel d’Amazon devra gérer les imprévus et les fortes intempéries

    Selon la description qu'en fait Amazon, le logiciel de gestion du trafic « permettra d'effectuer des opérations de drones à basse altitude en toute sécurité en fournissant un accès à l'espace aérien et au geofencing, d'identifier et de séparer le trafic aérien en temps réel, de planifier des vols intégrant la gestion des imprévus et le contournement des fortes intempéries ».

    En décembre dernier, le cybermarchand a réalisé un premier essai de livraison Prime Air dans la région de Cambridge en Angleterre. À la même époque, La Poste a ouvert la première ligne commerciale de livraison de colis par drone dans le Var. De son côté, le géant de la livraison postale UPS fait des essais de livraison par drone lancé depuis un camion.


    Amazon : la nouvelle version de son drone-livreur

    Article initial de Marc ZaffagniMarc Zaffagni, paru le 01/12/2015

    Amazon s'est offert un bon coup de publicité le jour du « Cyber Monday » en publiant une nouvelle vidéo mettant en scène son service de livraison par drones, Prime Air. Une séquence qui pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses sur la manière dont le géant du commerce électronique compte s'y prendre pour livrer des colis de 2 kgkg en 30 minutes.

     Faisant une fois de plus la preuve de son sens aigu du marketing, Amazon n'a pas choisi au hasard la date pour communiquer sur son projet de livraison par drones. Cela s'est passé lors du « Cyber Monday », le lundi qui suit la fête de Thanksgiving aux États-Unis. Depuis quelques années, ce jour est devenu une sorte de date phare pour le commerce en ligne outre-Atlantique, et en particulier pour Amazon. Pas étonnant dès lors que le cyber-marchand cherche à faire parler de lui à ce moment précis. Pour cela, l'entreprise a livré une vidéo dévoilant un nouveau modèle de son drone-livreur Prime Air. Le film met en scène Jeremy Clarkson, un célèbre présentateur britannique de l'émissionémission Top Gear sur la chaîne BBC qu'Amazon a récemment engagé. Il vante les mérites du service Prime Air qui sera capable de livrer en 30 minutes, « voire moins », des colis pesant jusqu'à 2,2 kg.

    Le drone en question adopte une configuration dite hybridehybride qui lui permet de décoller à la verticale comme un hélicoptèrehélicoptère puis de voler à l'horizontale comme un avion. Rien de bien révolutionnaire car ce type de configuration existe déjà, notamment chez Sony. L'appareil d'Amazon pourra voler jusqu'à 120 m d'altitude (40 pieds nous dit-on) avec une autonomie de 20 à 25 kilomètres. Il est doté d'une technologie de « détection et d'évitement » des obstacles à la fois dans les airs et au sol ainsi que d'un « haut degré d'autonomie ». Le client qui attend la livraison a préalablement déposé dans son jardin un repère dont le drone se sert pour atterrir. L'ensemble se déroule évidemment sans accroc, à tel point que l'on en vient à se demander ce qu'Amazon attend pour lancer Prime Air...

    Seulement voilà, malgré cette communication léchée, de nombreuses questions restent en suspens. À commencer par la technologie embarquée en ce qui concerne la détection d'obstacles et la navigation autonome. Un texte inséré en filigrane a beau préciser que le vol du drone a été réalisé sans trucage, on ne comprend pas clairement s'il a été effectué en totale autonomie. À l'image, on ne distingue pas de capteurcapteur et dans son communiqué de presse, Amazon emploie le futur pour évoquer l'intégration de « multiples redondances » et d'une technologie de détection d'obstacles.

    Le drone Prime Air vu de près. Des hélices horizontales assurent la sustentation et une hélice verticale sert à la propulsion. Mais comment peut-il se diriger aussi bien ? © Amazon Prime Air, YouTube
    Le drone Prime Air vu de près. Des hélices horizontales assurent la sustentation et une hélice verticale sert à la propulsion. Mais comment peut-il se diriger aussi bien ? © Amazon Prime Air, YouTube

    Le drone-livreur idéal selon Amazon

    Le géant du commerce électronique précise qu'il travaille sur une douzaine de prototypes de drones afin d'évaluer les meilleures options. Mais tout ceci reste bien vaguevague, de même que la date d'un lancement officiel de Prime Air. Amazon indique attendre que toutes les conditions de sécurité et les autorisations réglementaires soient réunies. Au passage, il en profite pour avancer ses propositions sur la manière dont l'espace aérien devrait être organisé pour faire de la place aux drones-livreurs.

    Le dispositif évoque une hiérarchisation des appareils en quatre classes déterminées selon le niveau de sécurité et d'autonomie que leur confèrent leurs équipements. Les drones les plus élaborés destinés à la livraison auront accès à une « zone de transittransit à haute vitessevitesse » située entre 200 et 400 pieds (entre 60 et 120 mètres). Dans son cahier des charges, Amazon prévoit notamment que les drones rangés dans la catégorie des « meilleurs » disposent d'un double système de détection des obstacles : l'un qui soit collaboratif, c'est-à-dire basé sur un système de communication entre drones qui leur permette d'éviter les collisions ; un second dit « non collaboratif » qui soit basé sur au moins cinq capteurs embarqués.

    Or, à ce jour, il n'existe pas encore de protocole de communication entre drones susceptible d'être standardisé. Quant à la technologie de détection des obstacles, elle a été récemment démontrée sur un drone autonome évoluant à haute vitesse, mais elle demande encore à être améliorée. Reste qu'Amazon n'est pas le seul à vouloir faire voler des drones-livreurs. Google pense pouvoir le faire dès 2017 suivi de près par Wal-Mart, Alibaba et, en France, La Poste. L'engagement de ces puissants acteurs, et d'autres, va certainement contribuer à faire avancer les choses. Mais aucun d'eux n'a encore montré quelque chose de plus concret que des vidéos promotionnelles.