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Jacques Paul

Jacques Paul

Astronome gamma

Gamma

Télescope

Hawley

Tout au long de mes explorations célestes menées avec des télescopes à rayons gamma, j'ai peu à peu compris que défricher le ciel, ce n'est pas un métier, encore moins un sacerdoce, mais, à coup sûr, la plus fantastique des aventures. Un grand merci à Futura-Sciences pour me permettre de faire partager ma passion pour l’astronomie de l'extrême et de rembourser ainsi une toute petite partie de la dette que j'ai contractée envers une société encore assez soucieuse de la progression des connaissances pour promouvoir cette ultime manière de conquérir l'inaccessible !

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Biographie

Conseiller Scientifique au Commissariat à l'ÉnergieÉnergie Atomique.

1 - Carrière professionnelle

Consacrée pour l'essentiel au développement de l'astronomie gamma spatiale :
• De 1970 à 1981, responsable scientifique pour la France à la mission d'astronomie gamma COS-B de l'Agence Spatiale EuropéenneAgence Spatiale Européenne.
• De 1982 à 1998, co-directeur scientifique du télescopetélescope français à rayons gammarayons gamma SIGMA monté à bord du satellite russe GRANAT.
• De 1994 à 2010, superviseur scientifique de la mission INTEGRALmission INTEGRAL, le laboratoire international d'astronomie gamma de l'Agence Spatiale Européenne.
• Depuis 2005, directeur scientifique pour la France de la mission sino-française SVOM dédiée à l'observation des sursautssursauts gamma, les explosions cosmiques les plus violentes de l'UniversUnivers.

2 - Travaux scientifiques

Plus de 400 publications scientifiques dans les domaines suivants :
• Les relations entre le gazgaz interstellaire, le champ magnétiquechamp magnétique et le rayonnement cosmique dans la GalaxieGalaxie et la structure spirale de la Galaxie.
• La production de rayonnement gamma de haute énergie dans le milieu interstellaire par diffusion Comptondiffusion Compton et par freinage d'électronsélectrons de haute énergie.
• La structure du milieu interstellaire local telle que tracée par le rayonnement gamma.
• L'identification de la source de rayon gamma de haute énergie Geminga.
• Les sources de rayons gamma induites par des trous noirs stellairestrous noirs stellaires accrétants.
• Les sources de positons dans les régions centrales de la Galaxie.
• Les sources des sursauts gamma et plus généralement les sources extrêmes de l'Univers.

3 - Bibliographie

• Astronomie gamma spatiale, (avec P. Laurent), Gordon and Breach Science Publishers, 1998.
• L'homme qui courait après son étoileétoile, Odile Jacob, 1998.
• SpinSpin, roman noir de la matièrematière (avec M. Cassé), Odile Jacob, 2006.
• Explosions cosmiques, Ellipses, 2007.
• Le roman des rayons cosmiquesrayons cosmiques (avec J.-L. Robert-Esil), Ellipses, 2009.
• Oh, l'Univers (avec J.-L. Robert-Esil), Dunod, 2009.
• Passeport pour les deux infinis (directeur d'ouvrages), Dunod, 2010.
• Le Beau Livre de l'Univers (avec J.-L. Robert-Esil), Dunod, 2011.

4 - Distinctions

• Médaille de bronzebronze du Centre National d'Études Spatiales, 1980.
• Ordre National du Mérite : Chevalier, 1992.
• Prix Scientifique CEA, 1994.
• Prix de la Communication de la Direction des Sciences de la Matière du CEA, 1998.
• Massey Award 2002, décerné par la Royal Society et le Committee for Space Research.
• Prix Le Goût des Sciences 2009, décerné par le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche pour l'ouvrage « Oh, l'Univers ».

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métier

Le métier d’astronome gamma À l'époque bénie des rêves enfantins, j'avais eu la chance de visiter le monde à travers les pages d'un très vieil atlas. Certaines cartes, comme celle de l'Afrique ou de l'Amazonie, laissent encore apparaître de grandes taches blanches pour signifier des contrées toujours inexplorées. Avec pour livre de chevet les voyages extraordinaires que racontait le bon Jules Verne, je me voyais déjà remontant vers les sources du Nil Bleu. L'aventure, la vraie. Très vite, il m'a fallu déchanter ! Il n'y avait plus de terres vierges pour nourrir mes chimères d'explorateur en herbe. Le tour du monde avait été bouclé depuis longtemps. Mais qu'importe ! Il restait le tour du ciel. À treize ans, avec la même soif de découverte, je passais des nuits entières à fouiller le firmament avec une vieille lunette astronomique en cuivre. Tant pis si je confondais Jupiter et la planète Mars. J’arpentais enfin d’autres mondes. Bien sûr, Galilée avait fait le voyage trois siècles et demi plus tôt. Mais avec ma petite lunette, il me restait la joie d’entrevoir des paysages célestes que la plupart de mes contemporains ne fréquentaient qu'en photos dans les livres d’astronomie populaire.

Les trois responsables du télescope SIGMA posent en 1989 devant la coiffe de la fusée Proton refermée sur le satellite GRANAT, dans un hall d’assemblage du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. De gauche à droite : Pierre Mandrou, Jacques Chêne et Jacques Paul. © Jacques Paul
Je suis né trop tard pour découvrir les montagnes de la Lune à l'oculaire de la première lunette astronomique. Mais j'ai eu la chance d'avoir vingt ans quand les années 1960 battaient leur plein. Les astronomes vivaient alors, presque à leur corps défendant, la révolution la plus profonde : la conquête de l'espace. Cyrano de Bergerac en avait rêvé, mais c'est la guerre froide qui en a fixé le calendrier. Profitant de l'aubaine, les astronomes installèrent enfin leurs télescopes au-delà de l'atmosphère, cet épais rideau qui bloque la plupart des messages que le ciel nous envoie. Pour la première fois, après des millénaires de quasi-cécité, les astronomes percevaient le vrai visage du cosmos sur toute la gamme des rayonnements. Avec ces perspectives inouïes qui s'ouvraient de partout, comment rester à l'écart de cette colossale révolution astronomique, quand on garde au cœur cet attrait indicible pour les nouvelles frontières ? Mon avenir était tout tracé. Je serai astronome. Je me suis donc retrouvé à Paris, boulevard Arago, à préparer un diplôme d'études approfondies à l’Institut d'Astrophysique de Paris. Ce ne fut pas sans mal : des cours, encore des cours, rien que des cours. Qu'ils étaient loin, mes rêves de découvertes ! Ma chance fut ce stage que tout étudiant doit effectuer dans un laboratoire de recherche. En feuilletant la liste des sujets, je tombai sur une proposition émanant du Commissariat à l'Énergie Atomique. Un laboratoire d'astrophysique était en train de naître à Saclay avec pour axes de recherche les rayons cosmiques et l'astronomie des rayons gamma... C'était follement mystérieux ! Et puis, en prime, ce choix délibéré d'observer à l'aide de moyens spatiaux. Comment résister à de telles sirènes ? À l'époque, un diplômé en astrophysique était rare à Saclay. On m'embaucha illico pour m'occuper d'un télescope à rayons gamma porté par satellite. Quelle chance ! Moi qui rêvais de découverte, je fus servi. C'était encore plus excitant que les taches blanches de mes vieux atlas. Le ciel des rayons gamma était alors un continent totalement inconnu, son exploration commençait à peine, ses contours n'étaient même pas tracés…

Les scientifiques allemands, américains, anglais, danois, espagnols, français, italiens, néerlandais, russes et suisses composant le groupe de travail scientifique international (Jacques Paul est le cinquième en partant de la gauche), posent en 2002 devant le satellite INTEGRAL dans un hall d’assemblage du centre technique de l’Agence Spatiale Européenne à Noordwijk au Pays-Bas.
© Agence Spatiale Internationale
Quarante ans se sont écoulés et l’émotion est restée intacte. J’ai eu le bonheur insigne d’accompagner l’astronomie gamma spatiale du stade des premières découvertes jusqu’à celui des explorations approfondies. Comme tout bon explorateur, j’ai été amené à tout faire, de la conception des appareils à l’interprétation des résultats. La recherche spatiale étant mondialisée depuis ses origines, j’ai du accompagner mes appareils des polders brumeux de Hollande aux steppes de l’Asie centrale. Pour faire avancer mes projets, comme la concurrence était déjà très forte, il me fallut convaincre les décideurs du monde scientifique et spatial, qu’ils soient français, russes ou américains et maintenant chinois. Si l’aventure vous tente, les organisations spatiales, véritables agences de voyage pour astronomes à la recherche d'horizons nouveaux, proposent aujourd'hui un catalogue très fourni d'explorations célestes. Il y en a pour tous les goûts. Comment choisir ? Si vous aimez les astres froids, les planètes, les comètes, si vous voulez surprendre la naissance des étoiles ou fouiller le passé de l'Univers, c'est l'astronomie infrarouge qu'il vous faut. Vous qui recherchez des sensations plus fortes, essayez donc l'astronomie des rayons X, ça vaut le voyage ! Enfin, si vous voulez goûter à l'astronomie de l'extrême, je vous conseille de commencer par les rayons gamma avant de vous tourner vers les nouveaux messagers du ciel que sont les rayons cosmiques, les neutrinos et les ondes gravitationnelles.