Image du site Futura Sciences

Des milliers et des milliers de tessons... Si quelques mots suffissent pour définir l’univers du céramologue, donc mon univers, c’est bien ceux-ci ! La céramologie au même titre que l’archéologie est un métier et c’est aussi une passion. J’aime les caractères de cette discipline, la masse des informations à gérer, participer de près à la compréhension de l’histoire d’un site et finalement, de « mettre de l’ordre dans le désordre ». La céramologie c’est aussi pour moi le partage, c’est aller à la rencontre des autres pour échanger et sortir de son propre univers. Elle n’est pas une discipline isolée mais participe d’un travail collectif, intégrée aux travaux d’une équipe archéologique afin de mettre en forme les données issues d’une fouille. 
Ces milliers de tessons livrent donc aujourd’hui une partie de leurs secrets. Le travail considérable réalisé à ce jour fournit une image assez précise des vaisselles domestiques et objets en terre cuite fabriqués, consommés et finalement jetés sur plusieurs centaines d’années. J’ai plaisir aussi à présenter mon métier et partager ma passion avec un plus large public que ce soit lors de colloques de conférences ou par le biais de publications. Cet aspect me semble indispensable pour sensibiliser chacun à l’archéologie. 
Une de mes plus belles « aventures céramologiques », et je tiens vraiment à utiliser le mot aventure, c’est celle que j’ai connue lors de la fouille du Parc Saint-Georges, menée par une équipe de l’Inrap à Lyon entre 2002 et 2004. J’ai eu pour mission d’investir cette collection exceptionnelle de poteries modernes découvertes sur les bords de la Saône. Les habitants du quartier avaient alors utilisé la rivière comme dépotoir pour rejeter leurs déchets domestiques. Cette documentation unique, a offert, offre et offrira encore aux chercheurs de riches heures et perspectives inépuisables de travail. Le dossier vous présentera quelques résultats sur ces recherches, encore encours, menées depuis quelques années. 
Merci à Futura-Sciences de m’offrir l’opportunité de vous présenter une petite partie de ce qui constitue mon quotidien professionnel qui reste avant tout une passion ! Le céramologue travaille sur des morceaux choisis du quotidien qui témoignent à leur façon d’instants de vie passée. Ils nous plongent au cœur de l’histoire, pas celle des grands événements, mais au plus proche de nous, dans celle de nos ancêtres dans leur vie de tous les jours. 

Découvrez sa

Biographie

- Statut professionnel

- Archéologue, chargé d'opération et de recherche à l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives)

- Céramologue. Moyen Age - Période moderne - Période contemporaine

- Chercheur associé à l'UMR5138 Archéométrie et Archéologie

- Référent pour la région Rhône-Alpes au programme ICERAMM (Réseau InternetInternet d'informations sur les céramiquescéramiques médiévales et modernes) Coordination : P. Husi.

- Etudes 

2006 - Master 2 Sciences des sociétés et de leur environnement, mention Histoire, Histoire de l'Art, Archéologie. Spécialité Histoire et archéologie comparée des sociétés médiévales. Université Lyon II. sous la direction de Etienne Hubert : "La céramique du XVe au XIXe siècle en région Rhône-Alpes, premiers éléments pour un bilan de 20 ans de recherches archéologiques".

1995 - Diplôme de l'Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales. sous la direction de M. Jean-Marie Pesez : "La faïencefaïence à Lyon du XVe au XVIIe siècles d'après les fouilles archéologiques".

Publications (sélection)

HORRY (A.). - Analyse des ensembles de datation  La vaisselle en terre cuite médiévale. Les terres cuites modernes et contemporaines In : AYALA (G.).- dir. Lyon, Saint-Georges : Archéologie, environnement et histoire d'un espace fluvial en bord de Saône. Paris Editons de la Maison des sciences de l'homme, 2013, (Daf ; 106),  p. 158-230

HORRY (A.).- Poteries de Lyon. 1500-1850. Morceaux choisis du quotidien à Saint-Georges. Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire. Lyon. 2012.

HORRY (A.).- La part d'héritage : le cas des céramiques pérennes d'époque moderne et contemporaine. In : Archéopages. Nouveaux champs de la recherche archéologique. Numéro Hors série. Inrap. 10 ans, janvier 2012, p. 188-192

HORRY (A.). - Terres lyonnaises. Les objets de terre cuite au XVIIIe siècle. Archéologia, n°485, 2011, p. 36-49.

HORRY (A.) .- TerraTerra incognita ? Céramiques et archéologie des Temps Modernes : premier bilan et réflexions à partir de l'exemple de Lyon. In : CHAPELOT (J.).- dir. - Trente ans d'archéologie médiévale en France. Un bilan pour un avenir. Actes du IXe congrès international de la Société d'archéologie médiévale. Publications du Crahm, Caen, 2010. p. 321-335

HORRY (A.).- Le vaisselier lyonnais du XIVe au XVIe s. : vers la naissance de la céramique moderne. In : La cuisine et la table dans la France de la fin du Moyen Age. Caen : Publications du CRAHM, 2009, p. 299-316.

HORRY (A.).- Terra incognita ? Céramiques et archéologie des temps modernes à Lyon. Dossiers Archéologie et sciences des origines. n°314, Juin 2006, p. 98-102. 

HORRY (A.). La céramique dans la moyenne vallée du Rhône (VIe-XIIIe siècles). In . MAUFRAS (O.). dir. - Habitats, nécropolesnécropoles et paysages dans la moyenne et la basse vallée du Rhône (VIIe-XVe s.). Contribution des travaux du TGV-Méditerranée à l'étude des sociétés rurales médiévales. Documents d'Archéologie Française, n°98, Mars 2006.

HORRY (A.). - Premiers témoignages archéologiques des faïenciers lyonnais du XVIe siècle. In : Majoliques européennes. Reflets de l'estampe lyonnaise (XVIe-XVIIe siècles). Actes des journées d'études internationales « Estampes et Majoliques », Rome 1996, Lyon 1997, Editions Faton, Dijon, 2003, p. 106-109.

AYALA (G.), HORRY (A.). - Sur les rives de Saône à l'époque de Louis XIV. Archeologia, n°403, 2003, p. 8-14.

HORRY (A.). - Découverte de faïences hispaniques lors des fouilles archéologiques récentes à Lyon. In : Le calife, le prince et le potier. Les faïences à reflets métalliques. Catalogue d'exposition. Lyon Musée des Beaux-Arts. 2002, p. 228-229.

HORRY (A.). - La faïence à Lyon du XIVe. au XVIe s. : l'apport des fouilles récentes. Archéologie du Midi Médiéval, T.19, 2001, p. 137-179.

HORRY (A.) - Lyon, un dépotoir domestique de la fin du règne de Louis XIV. Archéologie du Midi Médiéval., tome XIV, 1996, p. 159-169.

HORRY (A.). - La faïence à Lyon du XIVe. au XVIe s. : l'apport des fouilles récentes. Archéologie du Midi Médiéval, T.19, 2001, p. 137-179.

Découvrez son

métier

La céramique est l’un des matériaux les plus abondants, parfois les mieux conservés découvert lors des fouilles archéologiques. C’est un document et un outil indispensable et précieux pour dater les différentes strates et évènements chronologiques  sur les sites. Pour réaliser les études des objets en terre cuite mis au jour sur les fouilles, l’archéologie a recours à des archéologues spécialisés, les céramologues. Ces derniers mettent en œuvre des analyses qui concernent toutes les périodes chronologiques depuis le Néolithique (6000-2000 av. J.-C) jusqu’à l’aube du XXIe siècle. Si les céramiques constituent de très « bons outils de datation », elles sont également des témoins privilégiés de la culture ou de la vie quotidienne. Elles  peuvent illustrer parfois de façon précise le statut social des habitants ou la fonction d’un lieu. Leur évolution sur la longue durée peut aussi attester de faits aussi nombreux que variés : techniques de fabrication, styles, modes, habitudes de cuisine et de table, traditions funéraires, réseaux commerciaux. En ce qui me concerne je me suis spécialisé sur les périodes médiévale, moderne et du début de la période contemporaine. J’aime le fait d’étudier des céramiques allant du Ve au XIXe siècle, donc sur une très longue durée, ce qui permet considérablement de varier « les plaisirs ». C’est la même chose pour ce qui concerne les régions sur lesquelles je remplis mes missions tant en Rhône-Alpes, Auvergne et Bourgogne. Cette vaste entité géographique permet d’observer par exemple les phénomènes de diffusion des productions céramiques et cerner les différences culturelles ou les particularismes régionaux.


Alban Horry © INRAP

Mon quotidien à l’Inrap  est rythmé par diverses missions. C’est en premier lieu effectuer les études et les expertises de céramiques du Moyen Age et de la période moderne découvertes lors des diagnostics réalisés préalablement aux fouilles. Ces missions qui sont de courte durée où il faut travailler vite et aller à l’essentiel visent à fournir des données de chronologie indispensables à la réalisation des rapports de sondages archéologiques. J’apprécie beaucoup ce stade de mon travail où je perçois les études que j’aurai à mener par la suite à l’issue des fouilles archéologiques. C’est lors cette deuxième phase de travail que le céramologue se retrouve confronté parfois à de grandes  quantités de mobilier céramique dont il doit réaliser l’étude.


Quelques céramiques... © INRAP

Après avoir été lavés, triés, inventoriés, les tessons sont recollés et les vases remontés et dessinés. La céramologie n’est pas une discipline isolée et elle participe d’un travail collectif. Elle est intégrée aux travaux d’une équipe archéologique afin de mettre en forme les données issues du terrain. Le travail du céramologue c’est aussi de gérer la masse des informations recueillies, c’est-à-dire, finalement, de « mettre de l’ordre dans le désordre ».            
Tous ces fragments étudiés et classés sont utilisés pour constituer des ensembles de référence, les typologies, sortes de catalogues où sont intégrés tous les types de pots. Ce sont des outils indispensables à la fois pour la datation des sites, mais également pour déterminer les différentes formes en rapport avec leur usage. Les travaux de groupes de recherche constitués d’archéologues, céramologues et archivistes permettent progressivement de cerner les ensembles régionaux, d’analyser l’évolution des formes dans le temps, de déterminer la diffusion des produits manufacturés en terre cuite. 


© INRAP


© INRAP

La connaissance de l’origine des produits est aussi facilitée par les programmes d’analyses archéométriques et physicochimiques de laboratoire permettant de déterminer l’origine des argiles utilisées par les potiers. Le rassemblement de toutes ces données aboutissant à la publication, phase ultime du travail du céramologue. En effet c’est un des autres aspects de mon quotidien de céramologue et non des moindres, nécessaire pour communiquer les résultats de mes recherches et travaux sur les céramiques médiévales et modernes, par le biais de publications scientifiques et de participation à des colloques.