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    Lorsqu'il s'agit d'étudier une momie grâce à l'imagerie médicale, plusieurs techniques sont envisageables : la radiographieradiographie standard, la tomodensitométrie à rayons X (communément dénommée « scanner »), mais aussi l'endoscopieendoscopie en passant par les voies naturelles. Ces techniques ont été utilisées pour percer les mystères d'Ötzi.

    Ötzi vue générale. © Keller A. et alii, <em>New insights into the Tyrolean Iceman's origin and phenotype as inferred by whole-genome sequencing, Nature communications, 2012 </em>

    Ötzi vue générale. © Keller A. et alii, New insights into the Tyrolean Iceman's origin and phenotype as inferred by whole-genome sequencing, Nature communications, 2012 

    Deux autres techniques sont a contrario inutilisables :

    • l'IRMIRM, car la dessiccation avancée de la momie ne permet pas à l'appareil d'agiter les protons des molécules d'eau ;
    • l'échographieéchographie, à cause de la trop importante déshydratationdéshydratation et de la présence de poches d'air au sein des tissus.

    Des milliers de clichés d'Ötzi sont réalisés, depuis les orteils jusqu'à la tête, permettant de dresser un premier bilan de santé de ce voyageur néolithique.

    Calcifications des genoux : on voit des dépôts de calcium au niveau de la patelle droite, constitutifs d'une enthésopathie. © Gostner P. <em>et alii, New radiological insights into the life and death of the Tyrolean Iceman, Journal of Archaeological Science</em>, 2011.

    Calcifications des genoux : on voit des dépôts de calcium au niveau de la patelle droite, constitutifs d'une enthésopathie. © Gostner P. et alii, New radiological insights into the life and death of the Tyrolean Iceman, Journal of Archaeological Science, 2011.

    Grâce à la radiographie standard, il a été possible d'estimer son âge au moment du décès. En effet, en observant le stade d'évolution de l'ossification d'un individu, il est possible d'en déterminer l'âge : tout au long de l'enfance, les extrémités des os longs notamment (épiphysesépiphyses) vont fusionner avec le corps de ceux-ci (diaphysediaphyse), selon une chronologie bien connue.

    Un Homme du Néolitique de 45 ans

    Par exemple, la claviculeclavicule constitue le dernier os du corps humain à fusionner complètement, vers l'âge de vingt ans, ce qui donne pour le chercheur, un terminus de datation. Pour Ötzi, la présence de pathologiespathologies articulaires laissaient indiquer un âge plus avancé, tout en tenant compte bien sûr de son mode de vie alpin, et donc soumis à un climatclimat plutôt rude et une activité physiquephysique probablement intense.

    La flèche noire montre la présence d'une calcification située dans l'aorte abdominale. Cliché réalisé en mai 1994. © Murphy W.A. <em>et alii, The Iceman: Discovery and Imaging</em>, RSNA, 2003.

    La flèche noire montre la présence d'une calcification située dans l'aorte abdominale. Cliché réalisé en mai 1994. © Murphy W.A. et alii, The Iceman: Discovery and Imaging, RSNA, 2003.

    Aussi, les médecins ont pu déterminer un âge d'environ 45 ans, ce qui est tout à fait honorable pour un Homme du Néolithique, que l'on pourrait d'ailleurs presque considérer comme un vieillard au regard de ses pathologies.

    Un diagnostic établi grâce au scanner multicoupe

    Son squelette présentait toutes les preuves d'un homme musclé, notamment de fortes insertions musculaires sur certains os, des corticales particulièrement épaisses et présentant de larges foramensforamens nourriciers, signes d'efforts importants supportés par l'ossature. On peut ainsi en conclure aisément qu'Ötzi ne menait pas une vie sédentaire mais était plutôt un habitué de longs déplacements sur les pentes escarpées des montagnes italiennes.

    L'amélioration des techniques médicales, et notamment l'utilisation du scanner multicoupe, plus précis que le scanner hélicoïdal, a permis aux médecins de poser un diagnosticdiagnostic poussé de notre Homme des glaces.

    Ötzi vue générale. © Keller A. <em>et alii, New insights into the Tyrolean Iceman's origin and phenotype as inferred by whole-genome sequencing, Nature communications</em>, 2012

    Ötzi vue générale. © Keller A. et alii, New insights into the Tyrolean Iceman's origin and phenotype as inferred by whole-genome sequencing, Nature communications, 2012

    Des affections articulaires et des calcifications vasculaires

    Sur les clichés issus de l'imagerie médicale, Hibernatus montrait donc de graves affections articulaires (arthropathies), notamment au niveau de la colonne vertébralecolonne vertébrale, mais pas uniquement :

    • discopathie dégénérative au niveau des espaces intervertébraux C6-C7 ;
    • arthrosearthrose sur la colonne lombaire, en particulier L3-L4 et L5-S1 ;
    • enthésopathie des tendons du genou (tendinite calcifiante) ;
    • coxarthrose droite révélée par le scanner, et plus généralement au niveau de la symphyse pubienne et à la jointure sacro-iliaque ;
    • arthrose encore au niveau de certaines phalangesphalanges du pied droit.

    En prolongeant les recherches, les médecins ont mis au jour la présence de calcificationscalcifications vasculaires située à divers endroits du corps, et entraînant une diminution de la lumièrelumière de ces vaisseaux :

    • les artèresartères carotides, à divers sièges (selle turcique, carotide gauche dans le cou) ;
    • aorte distale ;
    • artère iliaque droite.

    Ce tableau de pathologies incite effectivement à croire qu'Ötzi était plutôt un vieillard du haut de ses 45 ans, car on retrouve plus fréquemment ces dégénérescences et cette symptomatologie chez des patients ayant dépassé la soixantaine.

    Notre Homme des glaces avait également souffert de diverses fractures des côtes montrant des signes de guérisonguérison, et indiquant donc que celles-ci ont eu lieu bien avant son décès.

    L'imagerie médicale a également pu apporter des précisions sur la cause probable de la mort d'Ötzi qui, nous le verrons, n'a rien de naturelle...