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    Au-delà de la signification des couleurs, on ne peut parler de couleur sans évoquer son implication dans le langage, son rôle dans notre société, nos coutumes, nos conventions, nos croyances...

    Effets moirés. © Geralt CCO

    Effets moirés. © Geralt CCO

    La classification des couleurs

    La majorité des anthropologues contemporains adopte une classification en onze grandes catégories de couleurs, considérées comme universelles et communes à tous les êtres humains : blanc, noir, rouge, vert, jaune, bleu, brun (marron), violet, rose, orange, gris. Toutefois, leur importance n'est pas égale et il est opportun de les classer dans l'ordre d'apparition dans une langue donnée.

    Les onze couleurs fondamentales classées par Brent Berlin et Paul Klay (<em style="text-align: center;">Basic Colour Terms, Their Universality and Evolution</em>, 1969) en sept stades correspondant à l’ordre dans lequel elles apparaissent dans une langue donnée. © DR

    Les onze couleurs fondamentales classées par Brent Berlin et Paul Klay (Basic Colour Terms, Their Universality and Evolution, 1969) en sept stades correspondant à l’ordre dans lequel elles apparaissent dans une langue donnée. © DR

    Couleurs : le vocabulaire des nuances

    Au-delà de ces onze couleurs, il existe une extraordinaire diversité de nuances que nous percevons et que nous décrivons au plan esthétique, mais sans leur accorder une signification symbolique. Comment le langage permet-il d'exprimer ces nuances ? Ce sujet relève de la linguistique : diverses combinaisons lexicales consistent en effet à :

    • ajouter au terme de couleur (bleu, rouge, vert, brun, rose, etc.) un adjectif (clair, foncé, profond, sombre, éclatant, pâle, vif, etc.) qui exprime qualitativement ce que les paramètres clarté et saturation caractérisent quantitativement ;
    • combiner deux termes de couleur pour exprimer des couleurs intermédiaires, comme bleu-vert, jaune-orangé, jaune-vert, rouge-pourpre, etc. ;
    • modifier la terminaison d'un terme de couleur, par exemple verdâtre, jaunâtre, bleuté, etc. ;
    • ajouter au terme de couleur un référent : bleu marine, bleu ciel, bleu pervenche, bleu saphir, rouge rubis, vert émeraude, vert pomme, rouge coquelicot, rouge sang, jaune citron, gris perle, etc. Dans ces exemples, le référent est un nom commun, mais il peut être également un nom propre : nom de ville (bleu de Sèvres, bleu de Chartres, bleu de Delft), d'un pays (bleu de Prusse, bleu de Chine, rose Bengale), de peintre (vert Véronèse, bleu Nattier, bleu Klein), d'époque (vert Empire), etc.

    Les expressions utilisant les couleurs

    Par ailleurs, les couleurs sont souvent associées à des mots comme adjectifs non pas pour exprimer une nuance, mais pour conférer à ce mot un sens particulier : liste rouge, nuit blanche, mariage blanc, bulletin blanc, ballets roses, messageriemessagerie rose, cordon bleu, humour noir, alerte orange, alerte rouge, fil rouge, caisse noire, langue verte, steak bleu...

    La signification des couleurs

    La signification des couleurs peut être différente selon les cultures. Ci-dessus, les mots-clés de l’évocation des couleurs dans la société occidentale contemporaine. Parmi la symbolique des couleurs, on retient souvent la signification du rouge, une couleur associée à la passion, au danger, au feu. © B. Valeur, DR

    La signification des couleurs peut être différente selon les cultures. Ci-dessus, les mots-clés de l’évocation des couleurs dans la société occidentale contemporaine. Parmi la symbolique des couleurs, on retient souvent la signification du rouge, une couleur associée à la passion, au danger, au feu. © B. Valeur, DR

    Toutes ces expressions touchent aux symboles et aux codes des couleurs qui méritent une attention particulière. Il convient de souligner que le caractère symbolique d'une couleur, son code d'usage et l'engouement dont elle fait l'objet varient d'une société à l'autre, et pour une société donnée, changent selon les époques.

    Au quotidien, les couleurs de nos vêtements, des tissus de notre environnement (rideaux, tapis, nappes, coussins, etc.), ainsi que celles des objets de la vie courante, sont l'expression de notre goût personnel qui est influencé par tout un contexte socioculturel dans lequel nous sommes immergés. « C'est la société qui "fait" la couleur, qui lui donne sa définition et son sens, qui construit ses codes et ses valeurs, qui organise ses pratiques et définit ses enjeux. », a écrit avec raison Michel Pastoureau (spécialiste de la symbolique des couleurs).