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    Au cours des années 1960, les astrophysiciensastrophysiciens russes Yakov Zeldovich et Igor Novikov, ainsi que l'Américain Edwin Salpeter (décédé en décembre 2008), supposèrent qu'un trou noir devait se situer au centre des galaxies actives et des quasars. On y observe en effet une grande concentration d'étoiles qui libèrent de colossales quantités de gaz migrant vers la région centrale. Cette matièrematière se rapproche progressivement du trou noir en spiralant autour de lui avant de s'y agglutiner, tout comme l'eau d'un robinet s'écoule en spirale d'un lavabolavabo.

    Connaîtrons-nous bientôt les mystères des trous noirs et des quasars ? © Reinhold Wittich, Shutterstock

    Connaîtrons-nous bientôt les mystères des trous noirs et des quasars ? © Reinhold Wittich, Shutterstock

    Toute la matière qui chute vers le trou noir - étoiles, gaz, poussière - forme un disque tournoyant, une sorte de coconcocon de matière que l'on appelle « disque d'accrétiondisque d'accrétion » qui, durant cette phase, rayonne de grandes quantités d'énergieénergie ultraviolette.

    Disques d'accrétion sombres observés par le HST dans la constellation d'Orion. Ces disques se forment autour d'une protoétoile et donneront naissance à de nouveaux systèmes solaires. Dans un quasar, les disques d'accrétion autour du trou noir central sont extrêmement chauds et rayonnent leur lumière dans l'ultraviolet et les rayons X. Ils sont similaires au disque formé au centre de la Voie Lactée (voir notre article <a href="//www.futura-sciences.com/sciences/actualites/univers-etrange-calme-sources-gamma-centre-voie-lactee-10294/" title="L&#039;étrange calme des sources gamma du centre de la Voie lactée">L'étrange calme des sources gamma du centre de la Voie lactée</a>). © Wikipédia

    Disques d'accrétion sombres observés par le HST dans la constellation d'Orion. Ces disques se forment autour d'une protoétoile et donneront naissance à de nouveaux systèmes solaires. Dans un quasar, les disques d'accrétion autour du trou noir central sont extrêmement chauds et rayonnent leur lumière dans l'ultraviolet et les rayons X. Ils sont similaires au disque formé au centre de la Voie Lactée (voir notre article L'étrange calme des sources gamma du centre de la Voie lactée). © Wikipédia

    Trou noir et rayon de Schwarzschild

    Pour un trou noir immobile, le rayon d'approche autorisé est donné par le rayon de Schwarzschildrayon de Schwarzschild, qui constitue un véritable murmur de stabilité et confine la matière dans une banlieue située à quelques « encablures » du trou noir. En deçà, elle disparaît sans autre forme de procès.

    Si le trou noir tourne sur lui-même, le rayon d'approche autorisé avant l'absorptionabsorption définitive est bien plus petit. En chutant, la matière tourbillonne de plus en plus vite, ce qui lui évite l'absorption immédiate. Le disque devient une conséquence naturelle de cette rotation qui a pour effet de tout aplatir, à la manière des anneaux de Saturneanneaux de Saturne. Près du trou noir, les frottements, les cisaillements au sein de la matière portent le disque à l'incandescenceincandescence.

    L'énergie ainsi obtenue par frictionfriction s'échappe de la surface du disque sous forme de rayons Xrayons X et ultravioletsultraviolets, à une température qui, très près du centre, dépasse les 100.000 K. Le reste de la matière continue à tomber graduellement avant de disparaître au-delà de la barrière ultime de stabilité.

    L'essentiel est là : tout ce processus libère de l'énergie, avec un rendement au moins dix fois supérieur à celui de la fusion nucléairefusion nucléaire ! Ce dernier point est très important car il permettrait de résoudre élégamment une crise énergétique dans des volumesvolumes modestes ! L'intensité du rayonnement émergentémergent peut varier dans une échelle de temps très courte, conformément à ce qui est observé.


    Les trous noirs ont une masse telle qu’ils avalent tout ce qui passe à leur portée. Futura a rencontré Roland Lehoucq, astrophysicien, afin de savoir ce qui arrive à la matière qui y pénètre. © Futura

    Luminosité des quasars et limite d'Eddington

    Prenons un exemple : un trou noir d'un milliard de fois la massemasse du SoleilSoleil a un rayon de Schwarzschild de trois milliards de kilomètres. La lumièrelumière traverse le disque d'accrétion qui l'entoure en une dizaine d'heures (3.000.000.000 km : 300.000 km/s => 30.000 s, soit un peu plus de 8 h) ! Pour alimenter un tel système, les 10 à 30 masses solaires de gaz destinés chaque année à engendrer la luminositéluminosité observée sont précisément équivalentes à ce que l'ensemble des étoiles normales proches du centre rejette comme matière dans l'espace interstellaire.

    À l'inverse, point trop n'en faut : si la luminosité devient trop grande, la lumière stoppe la matière qui s'approche et le processus s'arrête de lui-même par autorégulation. L'astrophysicien Arthur S. Eddington a établi la luminosité maximum au-delà de laquelle l'objet risque la rupture. Ce principe absolu régissant le comportement de la matière est une contrainte qui doit permettre de vérifier la validité de nos hypothèses. Or, les masses calculées et les luminosités observées sont telles que les quasars rayonnent très près de la limite d'Eddingtonlimite d'Eddington, donc avec le maximum d'efficacité possible. Bravo !