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    Une longue route jusqu'à l'orbite géostationnaire

    Une longue route jusqu'à l'orbite géostationnaire

    Depuis lors, les opérations de sauvetage se poursuivent sans relâche, à l'aide cette fois des deux paires de moteurs ioniques dont le satellite est équipé par souci de redondance. Ces moteurs de conception nouvelle utilisent du gaz ionisé, en l'occurrence du xénon, en remplacement de la propulsion chimique classique. Ils ont été conçus initialement pour contrôler l'inclinaison du satellite en délivrant une poussée perpendiculaire au plan de l'orbiteorbite. Les manouvres de sauvetage exigeaient cependant que la poussée soit délivrée dans le plan de l'orbite afin de diriger le satellite vers sa position géostationnaire définitive. Cette opération a pu être réalisée en faisant pivoter le satellite dans le plan de l'orbite de 90 degrés par rapport à son orientation nominale.

    Tirant le meilleur parti de la configuration de vol du satellite, de nouvelles stratégies ont été définies non seulement pour rehausser l'orbite, mais aussi pour contrebalancer l'augmentation naturelle de l'inclinaison du satellite. Ces stratégies ont nécessité la mise en place de nouveaux modes de contrôle, d'un nouveau réseau de stations et de nouvelles procédures de pilotage.

    Le nouveau système de pilotage des propulseurspropulseurs ioniques repose sur des modes de commande qui n'avaient encore jamais été utilisés sur un satellite de télécommunications ainsi que sur de nouvelles fonctions de traitement des données de télécommande, de télémesure et autres. Au total, il a fallu modifier environ 20 % du logiciellogiciel de commande initial du satellite. Grâce au système de contrôle reprogrammable embarqué, ce travail a pu être effectué en téléchargeant depuis le sol des modules de correction du logiciel de bord représentant l'équivalent de 15 000 mots, ce qui correspond à la plus importante reprogrammation d'un logiciel de vol qui ait jamais été effectuée sur un satellite de télécommunications.

    L'installation du nouveau logiciel de vol a été achevée fin décembre 2001 et les modifications ont pu ensuite être validées en utilisant le simulateur du satellite comme banc d'essai. Après la caractérisation des quatre moteurs, dernière étape des activités préparatoires, les manouvres de rehaussement d'orbite ont pu démarrer le 19 février dernier à l'aide du système de propulsion ionique.

    Image du site Futura Sciences

    ARTEMIS en phase de tests

    Depuis le début de ces manouvres, les contrôleurs ont dû faire face à des situations inédites de tous genres car la nouvelle stratégie ne pouvait être testée dans des conditions réalistes que sur le satellite lui-même. A la différence des essais de recette habituellement effectués avant le vol, aucun banc d'essai n'est disponible pour reproduire avec exactitude ce type de scénario.

    Grâce à la très grande souplesse et à la redondance inhérentes à la conception du système, les manouvres de rehaussement d'orbite ont pu être menées à un rythme régulier bien qu'inférieur aux possibilités théoriques. Un an après son lancement, Artemis, vaillamment entraîné par ses propulseurs ioniques qui délivrent une poussée très modeste de seulement 15 mN, s'est élevé de plus de 1 500 km. Il a gagné en moyenne 15 km d'altitude par jour.

    Deux des quatre moteurs ioniques (ceux situés sur le panneau sud) ne peuvent pas être utilisés pour le moment pour différentes raisons. Le rehaussement d'orbite se poursuit donc à l'aide d'un seul moteur situé sur le panneau nord. L'introduction d'un biais de roulis a permis d'obtenir une élévation d'altitude de 15 km par jour. Ayant encore quelque 3000 km à parcourir, le satellite devrait mettre environ 200 jours pour atteindre l'altitude voulue, ce qui signifie que ses charges utiles de télécommunications devraient pouvoir être mises en service début 2003.