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    La nécropole de l’Ancien Empire (vers 2700-2200 av. J.-C.)

    La nécropole de l’Ancien Empire (vers 2700-2200 av. J.-C.)

    Sous ces couches archéologiques, le niveau Ancien Empire auquel appartient le mastaba d'Akhehetep, est le plus bas. Il est aussi l'un des plus spectaculaires. Le monument d'où provient la chapelle du Louvre a été retrouvé à l'automneautomne 1999. 

    Masque de sarcophage (IV<sup>e</sup> siècle avant J.-C.), secteur ouest. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Masque de sarcophage (IVe siècle avant J.-C.), secteur ouest. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Le mastaba d’Akhethetep, trésor archéologique

    Long de 32 mètres, large de 16 mètres, c'est un des plus grands et des plus beaux mastabas du secteur. Ses mursmurs sont conservés jusqu'à une hauteur de plus de 6 mètres ainsi que son parement extérieur de magnifique calcairecalcaire blanc, très rare sur le site. La façade orientale porteporte en creux l'emplacement où venait s'insérer la chapelle du Louvre ; aucun doute n'est possible : on y a retrouvé des inscriptions de tâcherons dont une mentionne Akhethetep. Non loin de là, on a trouvé trois statues qui lui appartiennent.

    Le puits, profond de 23 mètres, exploré à l'automne 2000, aboutit à un caveaucaveau rupestre. Un monumental sarcophage de granit fermé par un couvercle de calcaire y attendait les fouilleurs ; hélas, dès l'Antiquité il avait été violé par des pillards. Les vestiges encore en place dans le caveau suffisent pour imaginer la splendeur du trousseau funéraire d'Akhethetep : précieux vases de calcitecalcite et de grauwacke, perle d'or en forme d'un coléoptèrecoléoptère, vase canope ayant contenu les viscères extraites du corps lors de la momification. Vraisemblablement à la suite d'une erreur de livraison, les ouvriers du temps des pyramides avaient abandonné dans un angle du caveau, un second couvercle trop petit pour s'adapter au sarcophage.

    Le mastaba d'Akhethetep se distingue par sa taille imposante, la qualité exceptionnelle de son architecture ainsi que l'existence d'un important complexe funéraire, jusque-là inconnu, dont il forme le cœur. En octobre 1993 est apparue une petite chapelle anépigraphe dont le toittoit, parfaitement conservé, est constitué de trois grandes dalles de calcaire. À l'automne 1995 une autre chapelle a été mise au jour : c'est celle à laquelle l'archéologue Auguste Mariette avait attribué le numéro E 17 au milieu du XIXe siècle. L'intérieur montre un riche décor évoquant la vie quotidienne. Les inscriptions indiquent que son propriétaire était prêtre de la pyramide du roi Ounas. Les trois dernières saisonssaisons de fouilles menées à l'est de la zone ont révélé que le complexe funéraire se poursuivait dans cette direction avec une série de chapelles anonymes bâties en calcaire le long d'une « rue » de mastabas.

    Des caveaux, précieux témoins du temps des pyramides

    Devant la façade orientale d'un mastaba s'étend une cour dans laquelle 26 puits funéraires ont été creusés : 9 ont été aujourd'hui fouillés. Tous sont de section plus ou moins carrée, creusés à faible profondeur dans le gebel, et donnent accès à une chambre funéraire de petite taille et de forme irrégulière aux murs juste épannelés. Les caveaux contenaient des corps non momifiés déposés dans des sarcophages de roseaux ainsi que du mobilier funéraire simple et particulièrement intéressant car dans sa disposition originelle : ainsi le puits 10, profond de 2,55 m, était rempli de taffla ; au fond était creusé un caveau irrégulier orienté vers l'ouest. Le squelette d'une femme âgée d'une soixantaine d'années, témoignant d'une longévité exceptionnelle pour l'époque, y reposait dans un cercueil de roseaux. Tout près de la tête se trouvait un chevet de boisbois. D'autres caveaux ont livré des perles de faïencefaïence, des étoffes de linlin et des bottes de roseaux ainsi que de la céramiquecéramique typique de l'Ancien Empire. La plupart des corps appartiennent à de jeunes adultes d'environ 25 ans. Au fil des campagnes de fouilles, c'est un nouvel ensemble funéraire de l'époque des pyramides qui se dessine.

    Exhumé des sablessables de Saqqara, c'est donc tout le paysage du temps des pyramides qui ressurgit peu à peu en un lieu où la carte archéologique est totalement vierge. La découverte d'une vaste nécropole du premier millénaire avant J.-C., avec son labyrinthe de tombes rupestres inviolées, apporte des informations nouvelles sur l'occupation du site et sur les coutumes funéraires d'une période peu étudiée. Un des intérêts majeurs de son exploration réside dans la grande homogénéité du matériel découvert et dans la datation très précise d'une des inhumations. Enfin les travaux de la Mission ont rendu son identité à un habitat de l'époque copte et l'ont définitivement arraché à l'oubli.