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    Le racisme est une théorie d'après laquelle il existerait des races humaines qui présenteraient des différences biologiques justifiant des rapports de domination, d'exclusion ou de discrimination et des comportements de rejet ou d'agression.

    Le racisme, c'est quoi ? © Truthseeker, Pixabay, DP
    Le racisme, c'est quoi ? © Truthseeker, Pixabay, DP

    Le racisme est le fait de croire en la supériorité d'un groupe humain, défini comme « La race », qui serait supérieur aux autres groupes et de là, peut les mépriser, les haïr puis faire de la discrimination. Le mot racisme est entré dans le Petit Larousse en 1930.

    Dans le langage courant, le terme racisme se rapporte souvent à la xénophobie qui n'en est que la manifestation la plus évidente, mais la xénophobie peut aussi être due à une attitude très protectionniste pas forcément animée par le racisme mais par des facteurs économiques par exemple. Je ne considérerai pas ces deux termes comme synonymes en tous les cas.

    Toutes les couleurs.
    Toutes les couleurs.

    De tout temps, pour l'Homme, les autres - donc différents - étaient incompréhensibles, dangereux, et il fallait les éliminer sous peine de perdre sa propre identité mais les anciens ne méprisaient pas les autres même si c'était l'ennemi, même s'il fallait l'éliminer au prix des pires massacres... Au contraire, il ne fallait pas sous-estimer l'ennemi. Il faut remettre les choses à leur place, dans leur contexte, avec quelques exemples :

    Les Grecs et le mot « barbare »

    Le mot vient du grec et signifie qui ne parle pas le grec (mot-onomatopée). Les Grecs commerçaient allègrement avec les barbares Thraces ou autres. Les Latins l'ont utilisé dans une acception différente : sauvage au sens de vie sauvage. On imagine leur stupeur devant ces grands blonds chevelus et guerroyant torse nu qu'étaient les peuples du Nord, mais ils les respectaient profondément et en bons stratèges leur offrirent nombre de postes importants aux commandes des régions, ce qui a eu pour effet de romaniser ces sauvages. Notre mot « barbare » vient du latin, mais, en latin du peuple, barbare est devenu brabus et ensuite brave ! Mais oui, et barbaresque vient de l'italien et fut appliqué aux populations musulmanes des pays méditerranéens. Pas de racisme là-dedans. (Tiré de Jacqueline Picoche, dictionnaire étymologique).

    Les croisades

    Là non plus aucun racisme malgré tous les massacres de part et d'autre. Les Chrétiens n'ont pas supporté que Jérusalem soit sous domination des infidèles et par la même occasion, leur est venue l'idée d'aller créer quelques comptoirs commerciaux. Je schématise bien sûr, je veux juste souligner que dans aucun texte de l'époque des croisades il n'y a de mépris pour les Ottomans, au contraire, beaucoup de crainte et de peur à l'égard de ces gens raffinés mais cruels, ce qui n'a pas empêché les pires actions, on est d'accord !

    Les grandes découvertes de l'Afrique et de l'Amérique

    Elles ont débouché sur des quantités d'études anthropologiques faites de bonne foi, j'en suis sûre, par des savants curieux de toutes ces nouveautés, y compris de ces Hommes étranges qui furent ramenés en France ou en Espagne pour qu'on puisse les voir et je ne pense pas qu'il y eut quelque mépris que ce soit dans ces comportements, seulement une grande curiosité parfois malhabile.

    Mais le besoin de l'Homme de classer est immense et insatiable et va déboucher sur le racisme, tant il est vrai que, dans l'esprit humain, « classification » correspond à « échelle de valeurs » et que la dérive est difficile à éviter d'autant qu'elle sert les intérêts de quelques-uns.

    Au XVIe siècle, Espagnols, Portugais, Hollandais et Français ont instauré le racisme colonial, de fait, sans le mot mais sans états d'âme, d'autant moins d'états d'âme d'ailleurs que les souverains africains vendaient leurs propres Hommes aux trafiquants si on peut, aujourd'hui, taxer les négriers de racistes on ne peut le faire des souverains africains.

    Même si l'esclavage a existé depuis toujours, dans tous les peuples et partout, pas forcément avec mépris, donc pas forcément avec racisme, les esclaves étant d'ailleurs parfois les « voisins » suivant les défaites ou les victoires, c'est dans la France pré-révolutionnaire, à l'ombre des Lumières, qu'on élabore un code juridique pour statuer du droit de l'esclavage avec un juridisme fidèle à la qualité rationaliste française. Le Code noir, élaboré en 1685 indigne Condorcet : « l'intérêt de puissance et de richesse d'une nation doit disparaître devant le droit d'un seul homme », ou Vifville des Essars « une loi de sang, connue sous le titre de Code noir, va les descendre du rang d'homme, les vouer à une telle dégradation, qu'elle les incorporera à la terre ; elle ne les considérera plus que comme des instruments de labouragelabourage. C'est sous l'empire d'une loi dont le peuple le plus sauvage aurait horreur, que les malheureux Africains vivent dans nos colonies ». La Convention abolira l'esclavage en 1794 mais le Code noir est rétabli en 1802. Il sera définitivement aboli par décret en 1848 grâce aux efforts de Victor Schoelcher (1804 - 1893), député de la Guadeloupe et de la Martinique. On peut lire au sujet de l'attitude des Français dans les colonies quelques écrits d'Albert Londres dans Terre d'ébène...

    En 1758, Carl Von Linné proposa dans Systema Natura quatre variétés d'Homo sapiensHomo sapiens, leur attribuant des caractéristiques vraiment très peu scientifiques :

    • Americanus : rouge, colérique et droit ;
    • Europeus : blanc, sanguin et musculaire ;
    • Asiaticus : jaune pâle, mélancolique et rigide ;
    • Afer : noir, flegmatique et décontracté.

    En 1795, le naturaliste J.-F. Blumenbach proposa la taxinomietaxinomie suivante pour Homo sapiens :

    • la variété caucasienne à peau pâle (Europe) ;
    • la variété mongole (Chine et Japon)
    • la variété éthiopienne à peau sombre (Afrique) ;
    • la variété américaine ;
    • la variété malaise (Polynésiens, Aborigènes...).

    Mais, Blumenbach établit une hiérarchie, nous y voilà, et place la variété caucasienne à l'origine des autres car c'est le peuple le plus beau. Les autres variétés ne sont qu'une dégénérescence par rapport à cette population originelle (dégénérescence est employé dans le sens « écart par rapport à »). Il indique toutefois que toutes les variétés d'hommes correspondent à une seule et même espèceespèce : il défend donc le principe d'unité de l'espèce humaine.

    La fin de l'esclavage mais pas du racisme

    En 1865, l'esclavage fut aboli aux États-Unis, 20 ans après la France. Mais dès 1875, naissent dans plusieurs États américains des lois imposant la séparationséparation, selon les races, dans les lieux publics, prônant la discrimination, interdisant les mariages mixtes. Dès le XIXe siècle, on voit apparaître le Ku Klux Klan.

    Le national-socialisme d'Adolf Hitler a été une des politiques les plus meurtrières entre 1933 et 1945, avec l'extermination des Juifs, de tous les « non-Aryens » en particulier les tsiganes, des homosexuelshomosexuels, des opposants au fascisme.

    Jusqu'en 1993, en Afrique du Sud, on peut indéniablement parler de ségrégation raciale.

    Aujourd'hui encore, même dans nos civilisations occidentales, le racisme continue.

    Des races humaines ?

    Toutes ces tentatives de classification vont marquer les époques et notre façon de voir le monde. Nous en héritons et elles font partie de notre histoire. La science, la génétiquegénétique nous prouvent que l'Homo sapiens est une espèce à part entière, sans sous-catégories... et nous ne pouvons pas faire de classification sur des critères aussi subjectifs que la couleur de la peau, la géographie, la culture ou la beauté d'un individu. La notion de race n'existe pas en biologie : deux races (notion cynophile) de chienschiens peuvent se croiser, mais il n'y a pas deux races d'Hommes.

    Aucune population humaine ne possède exclusivement des gènesgènes propres, tout est mélangé plusieurs fois et depuis longtemps. Les différences anatomiques que l'on perçoit ne sont que l'expression plus ou moins forte de gènes communs. Cette mixité génétique dans l'espèce humaine est tellement forte (invasions) que si vous avez besoin d'un don d'organe (un reinrein par exemple) vous avez autant de chance de trouver un donneur compatible dans votre voisinage qu'au Sénégal ou en Inde par exemple.