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    L'anthropologie est une discipline des sciences humaines et des sciences naturelles qui étudie l'être humain sous tous ses aspects. Ceci est évidemment une définition étymologique du mot mais essayons de cerner un peu les choses.

    Réplique de crania (de gauche à droite) Homo habilis (KNM-ER 1813, Koobi Fora, Kenya ∼ 1,8 million d'années), un Homo erectus précoce (D2700, Dmanisi, Géorgie ∼ 1,8 million d'années) et Homo floresiensis (Liang Bua 1 , Indonésie ∼20 000 ans) sont comparés à des fragments réels de matériel crânien d'Homo naledi qui ont été superposés sur une reconstruction virtuelle (à l'extrême droite; notez que certaines des images du matériel H. naledi ont été inversées). Dans chaque cas, les crânes sont étiquetés avec les caractéristiques typiques de chaque espèce. Par exemple, alors que le volume cérébral adulte des humains modernes (Homo sapiens) est généralement compris entre 1000 et 1500 centimètres cubes (cc), H.habilis variait d'environ 510 à> 700 cc, H.erectus d'environ 550 à> 1100 cc, H. floresiensis environ 426 cc et H. naledi entre 466 et 560 cc. En outre, chez les humains modernes, l'os occipital (à l'arrière du crâne) est généralement de profil arrondi, tandis que chez certains humains primitifs tels que H.erectus, les parties supérieure et inférieure de l'occipital sont fortement inclinées l'une par rapport à l'autre ( c'est-à-dire «fléchi»), et il y a une forte crête osseuse qui traverse la région angulée (appelée tore transverse). © Chris Stringer, Natural History Museum, United Kingdom, <em>Wikimedia commons</em>, CC 4.0
    Réplique de crania (de gauche à droite) Homo habilis (KNM-ER 1813, Koobi Fora, Kenya ∼ 1,8 million d'années), un Homo erectus précoce (D2700, Dmanisi, Géorgie ∼ 1,8 million d'années) et Homo floresiensis (Liang Bua 1 , Indonésie ∼20 000 ans) sont comparés à des fragments réels de matériel crânien d'Homo naledi qui ont été superposés sur une reconstruction virtuelle (à l'extrême droite; notez que certaines des images du matériel H. naledi ont été inversées). Dans chaque cas, les crânes sont étiquetés avec les caractéristiques typiques de chaque espèce. Par exemple, alors que le volume cérébral adulte des humains modernes (Homo sapiens) est généralement compris entre 1000 et 1500 centimètres cubes (cc), H.habilis variait d'environ 510 à> 700 cc, H.erectus d'environ 550 à> 1100 cc, H. floresiensis environ 426 cc et H. naledi entre 466 et 560 cc. En outre, chez les humains modernes, l'os occipital (à l'arrière du crâne) est généralement de profil arrondi, tandis que chez certains humains primitifs tels que H.erectus, les parties supérieure et inférieure de l'occipital sont fortement inclinées l'une par rapport à l'autre ( c'est-à-dire «fléchi»), et il y a une forte crête osseuse qui traverse la région angulée (appelée tore transverse). © Chris Stringer, Natural History Museum, United Kingdom, Wikimedia commons, CC 4.0

    L'anthropologie, l'étude de l'être humain de manière holistique

    Cette discipline s'appuie actuellement sur l'étude ethnologique des sociétés et peuples ayant une culture originale. L'anthropologie synthétise ces données et tente de prouver l'unicité de l'esprit humain à travers la diversité culturelle. Le problème de ces disciplines c'est qu'elles n'ont pas les mêmes termes pour parler des mêmes concepts. En voici une démonstration :

    • L'école sociologique française (Emmanuel Todd, Marcel Mauss, Claude Lévi-StraussClaude Lévi-Strauss), privilégie les aspects symboliques et sociaux et fait de l'ethnologie et de l'anthropologie des divisions de la sociologie, négligeant, un peu, les aspects matériels et physiques de l'étude de l'être humain
    • L'anthropologie culturelle américaine (L.H.L.H. Morgan, Franz Boas, Marvin Harris, Clifford Geertz, Margaret Mead, Ruth Benedict) attache beaucoup d'importance aux aspects culturels des langues, des modes de pensée et d'action. La sociologie semble être, dans ce cas, une réduction de l'anthropologie à une société particulière, c'est-à-dire à peu près l'opposé de l'acception française.

    Ceci a des conséquences qui ne sont pas insignifiantes au niveau de la compréhension des chercheurs entre eux.

    Le modèle anglo-saxon, que nous retiendrons parce que beaucoup plus répandu dans le monde que l'acception française, est pour sa part axé sur la multidisciplinarité (J.G. Frazer, Bronislaw Malinowski, A.R. Radcliffe-Brown, E.E. Evans-Pritchard) avec quatre sous-disciplines principales :

    • l'anthropologie physique ou anthropobiologie, qui étudie la diversité et l'évolution des caractéristiques physiques humaines qui sont des sujets avant tout biologiques au sens large. Il en va de même pour les thèmes d'études concernant les théories de l'évolutionthéories de l'évolution - biologie et de paléontologiepaléontologie - la primatologie comparée, il s'agit, ici, d'anatomieanatomie, de biologie et d'éthologieéthologie et la paléoanthropologiepaléoanthropologie, science au carrefour de la médecine, de la médecine légalemédecine légale même et de la biologie
    • l'ethnologie ou anthropologie sociale et culturelle, l'anthropologie sociale s'intéresse à l'étude de la parenté, de la politique et de l'organisation sociale tandis que l'anthropologie culturelle (surtout aux États-Unis) étudie les mœurs, la religion des sociétés humaines à savoir : les modèles et codes sociaux, la culture, les ethnies, les échanges culturels, les réseaux sociauxréseaux sociaux, la hiérarchie, les mœurs, le droit, l'éducation, la bienséance et l'étiquette.
    • l'archéologie, qui étudie les sociétés humaines passées à travers leurs vestiges matériels;
    • l'ethnolinguistique ou anthropolinguistique, qui se penche sur la variabilité linguistique à travers les différentes sociétés humaines

    Après cela, on peut faire toutes sortes de subdivisions dont les titres sont aussi hermétiques que ce qu'ils contiennent :

    • anthropologie économique ;
    • anthropologie cognitive ;
    • anthropologie psychique ;
    • anthropologie religieuse ;
    • anthropologie de l'art ;
    • aspects symboliques ;
    • aires culturelles ;
    • rites et jeux ;
    • parole et discours ;
    • Symbolique manuelle ;
    • techniques du corps.

    Contexte historique et institutionnel

    L'anthropologue Eric Wolf a défini l'anthropologie comme étant la plus scientifique des sciences humaines, et comme la plus humaine des sciences de la nature. Par cette simple phrase, il montre à quel point les contributions de l'anthropologie s'insèrent au cœur de toutes les autres sciences. Mais ce n'est pas une originalité : il en va de même pour la géographie, l'histoire, l'économie, la médecine, etc.

    Les anthropologues se réclament de nombreux penseurs des siècles derniers, rendant la discipline tributaire, en particulier, du siècle des Lumières, période pendant laquelle les Européens ont commencé à étudier de façon systématique et minutieuse les comportements humains. Les grands courants de la jurisprudence, de l'histoire, de la philosophie et de la sociologie sont apparus à cette époque, contribuant à donner forme aux sciences humaines, dont l'anthropologie fait aujourd'hui partie. Au même moment, Herder, et Dilthey ont été à la base du concept de culture, central aujourd'hui dans la discipline. Ironiquement, l'émergenceémergence de la mondialisation a coïncidé avec l'accroissement des divisions raciales, ethniques, religieuses et sociales, et l'émergence de nouvelles cultures.

    Ce fut dans un objectif encyclopédique que l'on commença à étudier les peuples « primitifs » avec les travaux d'auteurs comme Buffon et les études sur le langage, la culture, la physiologie et les objets manufacturés équivalaient à étudier la faunefaune et la flore.

    Il était reconnu, jusqu'à T. K. Penniman en 1935, que toutes les sociétés évoluaient selon un schéma linéaire unique, allant du statut le plus primitif au plus évolué. À ce moment, le champ d'étude était dominé par une idéologie évolutionniste. Les sociétés non européennes étaient considérées comme des sociétés fossilesfossiles, primitives, qui pouvaient être étudiées dans le but de comprendre quel était le passé des nations européennes. Finalement le concept de race fut vivement remis en question, étant accusé d'établir une classification entre les êtres humains, en se basant sur des différences biologiques inhérentes à chacun.

    Image du site Futura Sciences

    Au XXe siècle, les disciplines académiques commencèrent à s'organiser autour de trois domaines principaux :

    • les sciences cherchaient à découvrir les lois de la nature au travers de l'expérimentation ;
    • les sciences humaines tentaient d'étudier les différentes traditions nationales, par l'histoire et les arts, pour donner une cohérence à l'émergence des États Nations ;
    • les sciences sociales ont émergé à cette époque en cherchant à développer des méthodes scientifiques consacrées à l'étude des phénomènes sociaux, et à mettre en place un savoir universel sur les connaissances liées au social.

    Il faut noter que l'anthropologie n'a pas facilement trouvé sa place dans ces catégories. Se détachant, après la guerre et ses ravages, des méthodes traditionnelles des sciences de la nature qu'elle voulait appliquer à l'étude de l'Homme, en développant ses techniques propres, un nouvel objet est apparu dans l'étude anthropologique : l'humanité conçue comme un tout.

    Le concept de culture est alors central dans ces études, définissant à la fois la capacité et la tendance universelle à l'apprentissage, la pensée, et l'agissement social, et également l'adaptation aux conditions géographiques locales, qui prend des formes variables en terme de croyances et de pratiques. Tout au long de son histoire, l'anthropologie a été marquée par de grandes tendances, dont les chercheurs aujourd'hui se réclament : évolutionnisme, matérialisme, diffusionnisme, fonctionnalisme, structuralisme, culturalisme, dynamisme.

    Femme Foulah. © Edmond Fortier, 1900, Archives Nationales du Sénégal
    Femme Foulah. © Edmond Fortier, 1900, Archives Nationales du Sénégal

    Arrêtons nous quand même quelques instants aux finalités professionnelles d'une telle discipline. Grâce à des enseignements thématiques et des enseignements portant sur différentes aires culturelles, le parcours de licence d'ethnologie/anthropologie doit permettre :

    • d'appréhender l'unité de l'Homme à travers la diversité des cultures ;
    • de connaître les spécificités des sociétés traditionnelles et de mieux analyser celles des sociétés occidentales ;
    • de comprendre les problèmes que soulèvent la mondialisation et la rencontre des cultures dans les deux types de sociétés.

    Ce parcours s'adresse aux étudiants (ce n'est pas synonyme de qualification professionnelle) souhaitant s'orienter vers les secteurs de l'enseignement et de la recherche, de la muséologie, de la conservation du patrimoine, de la médiation culturelle, du développement social, de la coopération internationale, de l'action humanitaire. Mais ce n'est ni un métier ni une formation professionnelle aussi intéressantes que sont, sans doute aucun, ces études. On ne le dira jamais assez aux centaines d'étudiants qui s'engagent dans ces voies : attention !

    Deux disciplines proches qui peuvent prêter à confusion

    • L'anthropométrie est l'ensemble des techniques de mesure des différentes parties du corps humain. En mesurant les parties du corps, elle a permis de créer des classifications. L'anthropométrie a montré que l'on pouvait précisément distinguer un être humain d'un autre, si les mesures se font sur des caractères suffisamment discriminants, oui mais lesquels ? L'anthropométrie physique ou biologique permet, par exemple, à l'aide de calculs statistiques, de déterminer les caractères principaux de groupes humains d'origines différentes. C'est l'outil principal des études d'anthropologie. Toutes les techniques de l'anthropologie biologique sont susceptibles d'être utilisées en anthropométrie judiciaire. Aujourd'hui, les mesures anthropométriques sont utilisées pour évaluer la santé ou définir des normes dans l'habillement ou pour des études ergonomiques très importantes aujourd'hui.
    Étude ergonomique.
    Étude ergonomique.
    • La biométriebiométrie rassemble l'ensemble des techniques informatiques permettant de reconnaître automatiquement un individu à partir de ses caractéristiques physiques. La biométrie est l'ensemble des méthodes statistiques de traitement de ces mensurations. Dans le domaine de l'identification des personnes, la biométrie utilise l'informatique pour identifier ou authentifier quelqu'un grâce à la mesure d'une ou plusieurs caractéristiques physiques spécifiques à chacun : empreinte digitaleempreinte digitale, image rétinienne, ADNADN, etc.