Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous… Eh oui ! Sur Mars, actuellement, c'est la mode des trous dans le sol martien. Les véhicules robotisés d'exploration de Mars Spirit et Opportunity ont réalisés, grâce à leur roues avant, deux tranchées dans le sol de leur site d'atterrissage, à la recherche d'indice sur l'histoire géologique de la planète rouge.

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    Spirit et Opportunity : géologues électoniques (crédit : NASA/JPL)

    Spirit et Opportunity : géologues électoniques (crédit : NASA/JPL)

    L'aventure martienne

    Prenons tout d'abord un peu de recul sur les évènements qui se produisent actuellement sur Mars : on n'a jamais vu ça ! Deux robotsrobots de la taille d'une voiturevoiture de golf parcourent la planète Mars à des millions de kilomètres de nous. Les géologuesgéologues électroniques fonctionnent à merveille et renvoient sur Terre chaque jour des mégaoctets de données, des analyses de roches, des photographiesphotographies etc... Les caméras microscopiques de Spirit et OpportunityOpportunity ont tenu leurs promesses ; cette caméra identique sur les deux robots est un instrument fabuleux qui révèle les moindre recoins du sol martien avec une précision inégalée, on s'aperçoit bien qu'un tel microscopemicroscope deviendra un outil indispensable à l'exploration robotiquerobotique de Mars à l'avenir. Avez-vous déjà observé le sol de votre jardin grâce à une caméra microscopique ? Je suis persuadé que ce n'est pas le cas de beaucoup d'entre vous ; pourtant, c'est ce que nous faisons actuellement, presque chaque jour, sur Mars ! Connaîtrons-nous alors le sol martien mieux que celui de la Terre ? Là par contre, ça n'est pas joué d'avance, l'exploration du cratère de Gusev et de Meridiani Planum, les deux sites d'atterrissage des robots, est semée de mystères. La planète Mars est réellement un monde complexe, à juste titre puisqu'il s'agit d'un autre monde que le notre ! Les scientifiques s'émerveillent à chaque tour de roue des robots. Il est probable que les données recueillies actuellement servent les chercheurs pendant un long moment. En attendant, le moment est pour l'instant à l'action et à la quête d'indices précieux sur le passé de la planète rouge. Une planète sœur de la notre dont le destin à chaviré un beau jour donnant un désertdésert froid et mystérieux, contre un monde plein de vie. Pourquoi ? Vaste question encore sans réponse... Spirit et Opportunity apporteront leur pierre à l'édifice pour répondre à cette interrogation sur nos origines, l'origine de la vie.

    Opportunity : le premier à creuser !

    Le robot Opportunity qui s'est posé le 25 Janvier au fond d'un petit cratère dans la région de Meridiani Planum poursuit avec brio sa mission. C'est ce robot qui a attiré le plus les scientifiques ces derniers jours suite à l'étude de plusieurs points de l'affleurementaffleurement rocheux qui s'étend devant lui. Grâce à des photographies, des analyses de roches et des images microscopiques, Opportunity a apporté aux scientifiques une vision précise de l'affleurement rocheux baptisé « Opportunity Ledge ». Les roches de l'affleurement sont stratifiées de manière irrégulière et des milliers de petites sphères claires parsèment les pierres et le sol du paysage. Ces deux découvertes principales sont les premières énigmes auxquelles sont confrontés les scientifiques dans Meridiani Planum. Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer la formation de ces feuillets irréguliers et de ces billes martiennes, reste maintenant à savoir laquelle est la bonne. Le robot Opportunity s'est alors déplacé le 13 février de 9 mètres pour atteindre une région de son site d'atterrissage riche en hématitehématite. Il y a creusé une petite tranchée à l'aide de sa roue avant. Large de 20 centimètres, longue de 50 profonde de 9, elle a permis aux instruments scientifiques du bras robotisé d'Opportunity de mener à bien leur analyse.

    La caméra microscopique du robot a photographié le trou à 5 emplacements différents le 19 février et là surprise : des cailloux arrondis et brillants apparaissent, entourés d'un sablesable fin dont l'instrument microscopique n'a pu discerner les grains individuellement. « Ce qui est au-dessous est différent de ce qui est à la surface immédiate » a déclaré Albert Yen, membre d'équipe scientifique travaillant sur Opportunity au Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie. Une nouvelle énigme à résoudre pour les chercheurs donc !
    Après avoir analysé longuement sa petite tranchée, Opportunity s'est dirigé de nouveau vers l'escarpement rocheux et s'est placé devant le plus gros des rochers que l'équipe de la mission a baptisé « El Capitan ». Steve Squyres, principal responsable de l'instrumentation des robots a déclaré : « la pile entière de roches semble être bien exposée ici ». Le rocher « El Capitan » offre en effet des stratificationsstratifications bien visibles et assez grosses pour permettre au bras robotisé d'Opportunity de les étudier. Deux emplacements ont été définis par les ingénieurs sur le rocher pour que l'outil RAT du robot puisse broyer légèrement la roche pour permettre aux instruments de l'analyser. Ce sera alors la deuxième utilisation du RAT sur Mars après celle de Spirit sur le rocher Adirondack.

    Spirit roule et creuse

    Le premier robot de la NASA, Spirit poursuit son chemin au cœur du grand cratère de Gusev. Il se dirige vers un cratère d'impact de 200 mètres de diamètre nommé Bonneville par les membres de l'équipe. Le véhicule robotisé bat sans arrêt son propre record de distance sur Mars. Il avait parcouru 128 mètres sur la surface martienne le 19 février. En route, il a effectué plusieurs arrêts à la demande de l'équipe scientifique. Spirit a d'abord côtoyé de belles petites dunes puis il s'est récemment posé dans une dépression baptisée « Laguna Hollow ». Pour imiter la star de la semaine, Opportunity, qui lui fait actuellement un peu d'ombre, le robot doyen a lui aussi creusé une petite tranchée dans le sable de la dépression où il se trouve. La caméra microscopique du robot a pris plusieurs clichés dans le trou de 6 centimètres de profondeur ainsi formé.

    Les images du robot montrent que beaucoup de terre est restée accrochée aux roues de Spirit. Un sol gluant dû à une très forte concentration en sel ou à de très fins grains de poussière sont les deux hypothèses avancées par les scientifiques pour expliquer cette observation. Les photos microscopiques montrent quant à elles de petites cavités miniatures qui pourraient être créées par un mouvement d'extension puis de rétraction du sol causé par le gelgel et le dégel par exemple.
    Le cratère Bonneville, vers lequel se dirige Spirit, se trouverait selon les estimations à 135 mètres de lui. Il reprendra sa route lundi 23 février après avoir analysé le fond de son trou avec ses autres instruments scientifiques.