Fruit de la collaboration de plusieurs grandes puissances spatiales (Etats-Unis, Russie, Europe, Japon…), ce sont cependant les premiers qui devaient assurer l'essentiel des missions d'assemblage de l'ISS, au moyen d'une flotte de navettes spatiales.

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    L'avenir incertain de la Station Spatiale Internationale.

    L'avenir incertain de la Station Spatiale Internationale.

    Hélas, deux accidentsaccidents ayant entraîné la mort de 14 astronautes, et des problèmes de fiabilité de plus en plus aigus sur des engins spatiaux vieillissants semblent faire basculer l'avenir, et même l'existence, de ce gigantesque Meccano spatial dans l'incertitude.

    Interview exclusive de Roger-Maurice Bonnet 2/4

    Roger-Maurice BonnetRoger-Maurice Bonnet est actuellement Directeur de l'International Space Science Institute, Ex-Directeur de la Science à l'ESA et Ex-Directeur général adjoint scientifique au CNES. En savoir plus

    Futura-Sciences : Est-ce que l'ISSISS pourrait être utilisée dans le programme d'exploration par l'Homme ?

    Image du site Futura Sciences
    Roger-Maurice Bonnet : L'ISS est le seul endroit de l'espace proche où l'on puisse tester les effets d'un vol de longue durée sur la physiologie humaine. Donc si l'on se pose la question de savoir quoi faire de l'ISS, la priorité c'est bien celle-là, et à mon avis c'est une utilisation tout à fait intéressante. Mais la question est de savoir si l'ISS n'est pas trop grosse pour faire tout ça. Mais cela, il fallait se le demander avant, et il fallait peut-être penser l'ISS dans la perspective de l'exploration humaine de l'espace, ce qui n'était pas le cas à l'époque. Peut-être par lâcheté vis-à-vis des engagements futurs, on n'a pas voulu lui donner cette orientation. Mais c'est là une justification cohérente de l'ISS si du moins on maintient que l'on doit envoyer l'Homme vers Mars et vers la Lune. C'est actuellement la seule plate forme qui puisse accueillir des hommes et des femmes pendant des mois, des années même, et simuler, certes pas l'ensemble des conditions, mais la plus importante d'entre elles à savoir l'absence de gravitégravité sur le corps humain dans l'espace.

     Vue d'artiste de la Station Spatiale Internationale (crédits : NASA)

    Vue d'artiste de la Station Spatiale Internationale (crédits : NASA)

    FS : En ce qui concerne l'assemblage de la station, a-t-on obtenu une garantie pour l'envoi des modules européens ?

    RMB : Rien n'est garanti pour l'instant, et là, il y a vraiment une incertitude. Elle n'est pas totale, il y a quand même des engagements, mais je pense que l'administrateur de la NasaNasa qui a été nommé il n'y a pas longtemps est un homme sérieux, et je crois qu'on peut lui faire confiance. Mais c'est sûr que l'on n'est pas dans un contexte de sécurité absolue, parce que lui-même ne l'est pas.

    FS : Est-ce que la vocation première de l'ISS n'a pas toujours été la recherche fondamentale, qu'elle soit humaine ou technologique ?

    RMB : Oui, mais la recherche fondamentale peut aussi bien se faire en dehors de l'ISS. Il y a à côté de l'ISS d'autres moyens pour faire des progrès majeurs en recherche fondamentale. L'ISS a été surévaluée. Tout ce qu'on peut faire dans la Station spatialeStation spatiale, on peut le faire en dehors de la Station spatiale, et parfois même mieux, parce qu'on n'a pas les perturbations des astronautes.

    FS : Pour quelles types de recherches les conditions de microgravitémicrogravité sont-elles bénéfiques ? En biologie ?

    RMB : En biologie, certainement. Puisque tous les êtres vivants que nous connaissons sont soumis à l'accélération de la pesanteur sur Terre, dans l'espace, en annulant l'effet de ce vecteur, on a des conditions différentes qui permettent de voir évoluer les êtres vivants dans d'autres environnements gravitationnels. Maintenant en ce qui concerne les matériaux, on aura moins de perturbations gravitationnelles dans une station automatique que dans une station habitée. Et en plus, je crois qu'il est absolument utopique d'envisager une fabrication industrielle dans l'espace. C'est beaucoup trop cher, et jusqu'à maintenant d'ailleurs, on n'a pas obtenu de résultats significatifs qui le justifierait. Si c'était le cas, croyez-moi, ce serait déjà en route.

    Retrouvez la semaine prochaine le troisième volet de cette interviewsur l'Europe spatiale.