La Lune n'a pas d'atmosphère et ne connaît donc ni la pluie, ni le vent, ni les orages. Sur la Lune, la vue est nette et précise, sans déformation. Pourtant, les équipages des missions Apollo, ainsi que de nombreux amateurs, ont glané toute une série de photographies saisissantes, révélant d'étranges phénomènes lumineux à la surface de la Lune. Il est vite apparu que ces images ne pouvaient être le fruit d'une aberration ou d'une erreur d'appréciation.

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    Le LEAM (Lunar Ejecta and Meteorites) installé à la surface de la Lune par l'équipage d'Apollo XVII(Crédits : NASA)

    Le LEAM (Lunar Ejecta and Meteorites) installé à la surface de la Lune par l'équipage d'Apollo XVII(Crédits : NASA)

    Ces jeux de lumière, nommés LTP (pour « Lunar Transient Phenomena »), pourraient être causés par la réflexion de la lumière du soleil sur un murmur de particules chargées, migrant le long de l'interface entre les deux faces de la Lune, selon des lignes de champs horizontales. Ce sont en tout cas les dernières conclusions des équipes qui se penchent de nouveau sur les données de l'instrument LEAM (Lunar Ejecta and Meteorites), déposé à la surface de la Lune par l'équipage d'ApolloApollo XVII, en 1972.

    Un phénomène lumineux transitoire observé par l'équipage d'Apollo XIV <br /> (Crédits : NASA)

    Un phénomène lumineux transitoire observé par l'équipage d'Apollo XIV
    (Crédits : NASA)

    Les Phénomènes Lunaires Transitoires - LTP

    Les LTP sont des phénomènes lumineux de très courte durée observés à la surface de la Lune. Ils se manifestent par des couleurs inhabituelles, des phosphorescencesphosphorescences, des flashsflashs lumineux, ou encore des brillances singulières ou des brumesbrumes qui masquent certaines zones de la Lune. Des amateurs les avaient déjà observés dès 1956, mais ce sont les équipages des missions Apollo - et en particulier les astronautesastronautes d'Apollo XVII, qui installèrent en 1972 l'instrument LEAM (Lunar Ejecta and Meteorites) sur la surface de la Lune - qui apportèrent la preuve irréfutable de leur existence.

    Lors de leur survolsurvol de la Lune à 110 kilomètres d'altitude, les astronautes Armstrong, Collins et Aldrin purent observer et photographier ces jeux de lumière. Alors qu'ils apercevaient le mur Nord-Ouest d'un cratère à l'horizon, ils observèrent une étonnante brillance, et échangèrent avec Houston ces propos (extrait de la bande son) :

    Armstrong : Hé, Houston ! - Je regarde le nord, vers Aristarchus, et à cette distance je ne suis pas certain que ce soit bien Aristarchus, mais il y a là une région considérablement plus lumineuse que la zone qui l'entoure. Il est... On dirait qu'elle est légèrement fluorescente.

    Houston : Roger, Onze. Nous notons.

    Aldrin : Je regarde vers la même zone... Il semble en tout cas qu'une des parois du cratère soit plus claire que les autres... Je ne suis pas certain qu'il y ait fluorescence, mais c'est nettement plus lumineux que ce qui l'entoure.

    Houston : Pouvez-vous percevoir une différence de couleur dans l'éclairage ? S'agit-il d'une paroi intérieure ou extérieure du cratère ? Terminé.

    Aldrin : Je pense que c'est une paroi intérieure.

    Collins : Non Bruce, je ne pense pas que la couleur joue un rôle.

    Le plus étonnant reste qu'au même moment, sur Terre, des astronomesastronomes amateurs avaient également aperçu une intense brillance dans cette zone, et l'avaient aussitôt signalée à Houston. C'était la première observation groupée d'un LTP de l'histoire, et une preuve tangible de la réalité de ces phénomènes lumineux.

    Le phénomène lumineux transitoire observé par l'équipage d'Apollo XI, <br />alors qu'il survolait la Lune à 110 kilomètres d'altitude<br /> (Crédit : NASA)

    Le phénomène lumineux transitoire observé par l'équipage d'Apollo XI,
    alors qu'il survolait la Lune à 110 kilomètres d'altitude
    (Crédit : NASA)

    Des chercheurs se penchent à nouveau sur les données du LEAM

    A l'origine, l'objectif du LEAM (Lunar Ejecta and Meteorites) installé par l'équipage d'Apollo XVII était de détecter des particules secondaires éjectées par des impacts de météoritesmétéorites à la surface, ainsi que des micrométéorites. L'instrument mesurait la vitessevitesse, le moment et l'énergie cinétiqueénergie cinétique des particules, ainsi que leur direction de propagation. Il consistait en trois capteurscapteurs, connectés par câbles à une station centrale.

    Aujourd'hui, les données du LEAM sont en train d'être réexaminées par plusieurs équipes de la NASANASA, ainsi que par des groupes d'universitaires. Gary Olhoeft , professeur de géophysique dans le Colorado, fait partie de ceux-là : « A la surprise générale, chaque matin, le LEAM détectait un grand nombre de particules provenant en majeure partie de l'est et de l'ouest, et dont la vitesse était trop faible pour correspondre à des particules d'impacts météoritiques. »

    La question qui se pose aujourd'hui concerne l'origine de ces phénomènes transitoires. Certains chercheurs pensent que, comme la face éclairée de la Lune est chargée positivement et sa face cachée négativement, à l'interface entre le jour et la nuit, des particules chargées migrent le long de lignes de champs horizontales et engendrent ces étranges phénomènes lumineux transitoires.

    Fait encore plus surprenant, Olhoeft a remarqué « qu'à chaque lever du soleil, la température du LEAM était si élevée - proche de 100 degrés - que l'instrument devait être éteint. » Ce phénomène pourrait être dû au dépôt de poussières porteuses de charges électrostatiquesélectrostatiques sur le LEAM, qui obscurciraient sa surface et la rendraient tellement opaque qu'elle absorberait les rayons du soleil.

    Aujourd'hui, une nouvelle explication scientifique aux LTP est avancée : ces phénomènes lumineux pourraient être causés par la réflexion de la lumière du soleil sur des poussières chargées en suspension, qui formeraient un "mur de sablesable" à l'interface entre les deux faces de la Lune. Ce mur, s'il existe vraiment, pourrait être invisible et inoffensif, mais il pourrait également être un vrai problème s'il obstruait les combinaisons des astronautes, les recouvrait de poussières et causait un trop fort échauffement.

    La réponse définitive au mystère des LTP sera sûrement apportée par la prochaine expédition sur la Lune, prévue par la NASA pour 2018. En attendant, une seule chose est sûre : il nous reste encore beaucoup à apprendre de la Lune...