Au printemps prochain, un équipage de six astronautes, dont deux Européens, partira pour une mission de 500 jours vers Mars. En simulation, bien sûr, mais avec un souci de réalisme qui frôle la perfection.

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    Simulation martienne. Un petit pas pour un Homme, un bond de géant pour l'ESA.

    Simulation martienne. Un petit pas pour un Homme, un bond de géant pour l'ESA.

    Dans la réalité, l'équipage restera totalement isolé dans une installation spéciale réalisée en Russie. D'une surface totale de 200 m², elle sera composée d'une série de "bidons" reliés entre eux par des passages étanches comprenant une zone médicale, une zone de recherches, un coin cuisine et un poste d'équipage. Ils auront aussi à leur disposition un petit véhicule d'exploration, mais toutes leurs sorties à la surface devront obligatoirement rester en vue de la station.

    Le but essentiel de cette simulation est de tester l'isolement complet d'une équipe d'astronautes durant la durée effective d'un vol aller-retour vers la Planète rouge, soit 500 jours. Cela comprend 250 jours aller, un mois en surface (seule période durant laquelle des "sorties" sont possibles), et 240 jours pour le retour vers la Terre. L'isolement sera effectif et complet, des provisions de nourriture seront "embarquées" au départ, mais ensuite les astronautes devront tout produire et gérer par leurs propres moyens. De même, toutes les urgences médicales devront être résolues par le groupe, qui comprendra un médecin dans ses rangs, tout comme dans un véritable équipage. Les communications avec le centre de contrôle seront toujours possibles, mais avec le décalage dû à la vitesse de la transmission des signaux radio: jusqu'à 40 minutes peuvent s'écouler entre l'envoi d'un message et sa réponse entre Mars et la Terre.

    Le volet psychologique sera le plus important. Dès qu'un problème se présentera, l'équipage saura qu'il est complètement isolé et qu'il ne peut rien attendre de la part de la Terre, qu'il doit tout résoudre lui-même. Comment les relations de groupe évolueront-elles ? Quels dangers potentiels pourront-ils rencontrer ? Quel genre de contre-mesures peut-on prendre pour les contrer ? L'expérience devrait en outre mieux renseigner les agences spatiales sur les types de personnalités à sélectionner pour une telle mission.

    L'aspect médical revêt aussi une importance considérable. Comment définir un bon environnement pour traiter toutes les maladies pouvant apparaître dans un lieu aussi confiné ? Quels médicaments faut-il emporter pour un tel voyage ? Tous les actes chirurgicaux devront être nécessairement réalisés à bord, aucun rapatriement n'étant possible. Et, bien entendu, il faudra prendre en compte une éventuelle maladie du médecin lui-même, voire son incapacité totale à intervenir. De nombreuses simulations d'incidents ou d'accidentsaccidents figurent déjà au programme, y compris diverses urgences médicales.

    Reste une inconnue, à laquelle ni l'ESAESA ni les autres agences n'ont encore apporté de solution. Dans le cas d'une mission réelle, la motivation contribue à maintenir le moral de l'équipage. Devenir le premier homme à marcher sur la planète Mars, ce n'est pas rien ! Et le simple fait d' "y aller" peut aider à éviter des situations de crise psychologique grave. Dans une simulation, rien de tout cela, et ces 500 jours ne seront pas divertissants du tout ! Aussi, les psychologues tentent actuellement de déterminer si cet aspect lié à la célébrité, au suivi de la presse, devra être simulé. Et de quelle manière.