Coup dur pour le rêve de retour à la Lune instigué par le Président américain Bush et caressé par l'ensemble des agences spatiales. L'eau lunaire, que l'on croyait abondante sous forme de glace aux environs des pôles de notre satellite pourrait bien se révéler beaucoup plus rare que prévu, et à tout le moins difficile à extraire.

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    Le pôle sud lunaire et le cratère Shackleton vus par la mission Clementine. Cette zone était, jusqu'il y a peu, suspectée de renfermer une forte concentration d'eau.

    Le pôle sud lunaire et le cratère Shackleton vus par la mission Clementine. Cette zone était, jusqu'il y a peu, suspectée de renfermer une forte concentration d'eau.

    Une équipe de chercheurs, conduite par Donald Campbell, professeur d'astronomie à l'université privée de Cornell, basée dans la petite ville d'Ithaca (État de New York), a analysé un balayage radar sous d'une longueur d'onde de 13 cm transmis vers la Lune depuis le radiotélescope d'Areciboradiotélescope d'Arecibo (Porto Rico) et dont l'écho était reçu 2,5 secondes plus tard à l'observatoire de Green Bank (Grande-Bretagne). Campbell et ses assistants ont ainsi pu examiner, sous une résolutionrésolution de 20 mètres, divers secteurs entourant le pôle sud où des images à basse résolution avaient indiqué une polarisation circulaire de la lumière réfléchielumière réfléchie (CPR - Circular Polarization Ratio), indice possible de la présence de glace.

    L'équipe a pu confirmer cette observation, mais a également constaté que ces valeurs de CPR ne sont pas confinées aux secteurs qui restent suffisamment froids pour maintenir la glace à l'état solideétat solide. Au contraire, elles s'observent aussi dans des régions où la température de surface peut atteindre une température de +117 degrés Celsius, où cette glace se liquéfierait très rapidement. Il devient donc vraisemblable que cette signature caractéristique soit plutôt la conséquence de roches finement pulvérisées et répandues autour de jeunes cratères d'impact.

    La présence de glace au niveau des régions polaires de notre satellite, particulièrement le pôle sud, avait été suspectée dès 1994 au vu des résultats de la mission Clementine de cartographie de la Lune (NASA / DoD). Mais ces premières études, selon Campbell, se basaient sur des images trop grossières pour permettre un relevé détaillé des "pièges froids", autrement dit des zones plongées en permanence dans l'obscurité suite à leur topographie particulière les abritant des rayons directs du Soleil.

    La zone sur laquelle se sont concentrés les travaux de l'équipe de Campbell comprend le cratère de Shackleton, lequel présente un intérêt tout particulier car il renferme à la fois de ces "pièges froids" ainsi que des parties ensoleillées au moins 200 jours par an, ce qui la rend propice à l'établissement d'une future colonie lunaire.

    Reste que les analyses non seulement de Clementine, mais aussi de la sonde Lunar Prospector en 1998 ont démontré la présence de concentrations d'hydrogènehydrogène aux pôles. Mais les scientifiques estiment que celui-ci pourrait provenir d'autres sources, comme le vent solairevent solaire. S'il s'agit réellement d'eau, elle pourrait se résumer en la présence de grains minuscules dans la couche supérieure de la régoliterégolite (un mètre de profondeur) sous une concentration de 0,7 à 2,3 %. Et d'ajouter avec regret que tout projet d'exploration future devrait prendre en compte la faible abondance d'eau et ne pas s'attendre à rencontrer des dépôts localisés de haute concentration.