Dimanche soir, tard dans la nuit, l'équipe de Beagle 2 a reçu des photographies du site d'atterrissage de Beagle 2 prises le 25 décembre par la sonde Mars Global Surveyor moins de 20 minutes après l'atterrissage du lander britannique. Fournies par le Malin Space Sciences System (MSSS), ces images ont révélé aux responsables de la mission que le temps était tout à fait propice à l'atterrissage. L'hypothèse selon laquelle la poussière aurait mis en danger son atterrissage est donc à bannir. Cependant, ces photographies cachaient une autre nouvelle, moins réjouissante.

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    Depuis ces deux derniers jours, une équipe a été constituée au Centre Spatial Britannique à Londres (PPARC), surnommée la « Tigers Team », sa mission est de se consacrer entièrement à résoudre l'énigme du silence de Beagle 2. À savoir, pourquoi ne répond-il pas ? Qu'est-ce qui peut expliquer son silence ? En examinant l'ellipse de terrain dans laquelle Beagle 2 devait atterrir, l'équipe a observé la présence d'un petit cratère d'impact de 1 kilomètre de diamètre et d'environ 700 mètres de profondeur au centre même de cette ellipse. Ce cratère est parfaitement visible sur les récentes images de la NASA.


    Un cratère suspect au centre de la zone d'atterrissage de Beagle 2
    crédit : NASA/JPL/MSSS/Beagle Team

    Beagle 2 est-il tombé dans ce cratère d'impact ? « Ce serait une situation incroyablement malheureuse » a déclaré Colin Philinger, responsable de l'atterrisseur britannique, lors de la conférence de presse de ce matin.
    En effet, en atterrissant dans ce cratère, les airbagsairbags qui protègent Beagle 2 lors de ses rebonds successifs sur le sol martien ont pu entrer en contact avec les pentes abruptes du cratère, ou bien Beagle 2 a pu dégringoler le long des flancs du cratère d'impact... Autre hypothèse, l'engin s'est déplié avec succès à l'intérieur même du cratère mais cela lui pose des problèmes pour communiquer avec Mars OdysseyMars Odyssey ou avec la Terre, d'où son silence. D'autre part, si Beagle 2 s'est posé sain et sauf dans ce cratère, il est fort probable que les jeux d'ombres qui y règnent l'ont empêché de charger correctement ses batteries.


    Isidis Planitia. L'ellipse blanche marque la zone où Beagle 2 a atterri, le point rouge noté "H" désigne le cratère dont il est question.
    crédit : NASA/JPL/MSSS/Beagle Team

    Toutefois, il y a peu de chance pour que Beagle 2 soit tombé dans ce cratère, ou il s'agirait véritablement de « malchance » comme l'entend le professeur Philinger. Même si elle est peu probable, cette possibilité est actuellement étudiée par l'équipe de la mission.
    « Le Meteor Cratère en Arizona est un cratère de 1.2 kilomètre... et de plusieurs centaines de mètres de profondeur. Ce cratère est comparable en taille », a avancé Colin Philinger.


    Le Meteor Crater en Arizona.

    Bien que les scientifiques de la mission aient sélectionné avec précision le site d'atterrissage de Beagle 2 et aient choisi une ellipse bien particulière de 480 km par 300 à l'origine, cette zone d'atterrissage a été affinée par les excellentes manœuvres très précises réalisées par la sonde Mars ExpressMars Express. L'image fournie par le MSSS est donc la première à montrer avec précision la zone où Beagle 2 a atterri le matin de Noël : une ellipse de 70 km de long sur 10 de large.
    « Lorsque nous avons choisi ce site en premier lieu, nous avons évité les cratères évidents que nous pouvions voir avec une basse résolutionrésolution. Vous ne pouvez pas éviter chaque cratère sur Mars, sinon, vous n'irez jamais là-bas » a souligné Colin Philinger en réponse aux journalistes. « Nous avions choisi ce secteur pour poser Beagle 2 car nous avons cru que c'était le lieu idéal pour ne pas risquer un atterrissage - aucune pente, une altitude basse, moins de 15% de rochers sur le sol. Il a été considéré à plusieurs reprises comme satisfaisant pour occuper les géologuesgéologues, et avec peu de dangers qui effraient les ingénieurs ».
    Lors de la conférence de presse qui s'est tenue ce matin au Beagle 2 Media Centre à Londres, Lord Sainsburyn, secrétaire d'Etat britannique pour la Science, a déclaré que « Nous sommes certes déçus que tout ne se passe pas comme prévu, mais nous sommes déterminés à poursuivre la recherche, pour établir un contact avec Beagle-2, mais aussi pour répondre à la question de savoir s'il y a eu de la vie sur Mars ». Il a ainsi affirmé que l'exploration de Mars et la recherche de vie resteraient parmi les motivations essentielles de la politique spatiale du Royaume-Uni. « Dans le long terme, a-t-il ajouté, nous devons travailler avec l'ESA pour assurer, d'une certaine manière, qu'un Beagle 3 soit développé en reprenant la technologie » déjà développée pour Beagle 2. Lord Sainsburyn a par ailleurs ajouté qu'il plaçait tous ses espoirs dans les prochaines missions du programme Auroraprogramme Aurora de l'Agence Spatiale EuropéenneAgence Spatiale Européenne (ESA).

    « Nous avons toujours reconnu que Beagle 2 était un projet à haut risque et nous devons éviter à l'avenir de prendre un tel risque, nous devrons le minimiser au mieux » a-t-il conclu, en souhaitant bonne chance pour finir aux véhicules robotisés de la NASA, Spirit et OpportunityOpportunity qui atterriront les 4 et 25 Janvier de la nouvelle année.