Le 19 septembre, Rosetta a survolé la surface de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko à moins de 30 km d’altitude. L'instrument Osiris en a photographié les paysages chaotiques, dont un rocher de 45 mètres très détaillé.

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    Accompagnant la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko depuis qu'elle a atteint son objectif (arrivée le 6 août dernier), après un périple de dix années, RosettaRosetta survole de plus en plus près la surface de ce noyau cométaire bilobé, long de quelque 4 km.

    Les noms de la sonde spatiale et de l'atterrisseur, Philae -- celui-ci se posera sur le site J, le 12 novembre prochain --, font référence à des objets de l'ancienne Égypte, en l'occurrence la célèbre pierre de RosetteRosette et l'obélisque de Philae, lesquels ont permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. C'est dire si la communauté scientifique, au premier rang de laquelle les initiateurs européens (Esa) de la mission, espère des avancées significatives dans la connaissance des origines de notre système solaire. À travers l'étude de ces corps glacés qui ont accrété les matériaux présents dans la nébuleuse primitive, voilà environ 4,6 milliards d'années, les astronomesastronomes et planétologues font aussi un travail d'archéologue.

    Vue d’ensemble de la région où est situé le rocher nommé Cheops. Avec les deux autres blocs visibles à ses côtés, ils forment Gizeh, en référence aux célèbres pyramides égyptiennes. Cette image fut prise le 6 août 2014, le jour de l’arrivée de Rosetta, à quelque 130 km de distance. © Esa, Rosetta, MPS pour Osiris, UPD, Lam, IAA, SSO, INTA, UPM, DAPS, Ida

    Vue d’ensemble de la région où est situé le rocher nommé Cheops. Avec les deux autres blocs visibles à ses côtés, ils forment Gizeh, en référence aux célèbres pyramides égyptiennes. Cette image fut prise le 6 août 2014, le jour de l’arrivée de Rosetta, à quelque 130 km de distance. © Esa, Rosetta, MPS pour Osiris, UPD, Lam, IAA, SSO, INTA, UPM, DAPS, Ida

    Cheops observé par Osiris

    Les images capturées récemment par la caméra de Rosetta nommée Osiris (Optical, Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System) ont montré, dans une résolutionrésolution atteignant 50 cm par pixelpixel, un rocher d'une taille estimée à quelque 45 mètres affleurant à la surface relativement sombre du plus grand des deux lobes du noyau. Au voisinage de deux autres blocs plus petits, il a été nommé Cheops et le groupe Gizeh, comme les pyramides sur le plateau en banlieue du Caire. Bien distinct sur les flancs de la comète, le rocher fut remarqué le 6 août alors que la sonde spatiale était distante de 130 km.

    Cette fois, après un survolsurvol opéré le 19 septembre à seulement 28,5 km du centre du noyau, l'image qui en a été prise nous révèle toutes ses aspérités, sans qu'il soit pour autant possible de caractériser sa nature physico-chimique. Les scientifiques ont toutefois relevé que certaines parties apparaissent plus claires et d'autres aussi sombres que le milieu où il semble posé. « On dirait presque que de la poussière qui le recouvrait s'est installée dans les anfractuosités, a commenté Holger Sierks de l'Institut Max PlanckMax Planck pour la recherche dans le Système solaire (MPS). Bien sûr, il est encore trop tôt pour en être certain. »

    Nouvelle image de la région des rochers de Gizeh où, du haut de ses 45 m (maximum), Cheops se fait contempler. Non loin de là, on peut observer une sorte de dépression. L’image a été capturée avec la caméra de navigation (NavCam), le 8 octobre, à seulement 16,9 km de distance. © Esa, Rosetta, Navcam

    Nouvelle image de la région des rochers de Gizeh où, du haut de ses 45 m (maximum), Cheops se fait contempler. Non loin de là, on peut observer une sorte de dépression. L’image a été capturée avec la caméra de navigation (NavCam), le 8 octobre, à seulement 16,9 km de distance. © Esa, Rosetta, Navcam

    Comment Cheops est-il arrivé là ?

    À l'instar des autres rochers qui parsèment la surface de 67P/C-G -- le « cou » du noyau cométaire en compte aussi de nombreux --, les scientifiques s'interrogent sur leur composition, leur densité, de même que leur stabilité. De quoi sont-ils faits ? Comment sont-ils arrivés là ? Ont-ils été « exposés par l'activité de la comète » se demande Holger Sierks ; se sont-ils déplacés en suivant le champ de gravité ? Les réponses viendront sans doute dans les mois à venir, en consultant les images acquises par Rosetta.

    À présent, la sonde spatiale est entrée dans une phase (dite COP pour Close Observation Phase) qui va la faire passer progressivement d'une altitude de 18 km à 9,8 km. Elle restera sur cette orbiteorbite jusqu'au 28 octobre puis reviendra ensuite à 30 km de distance. Le 12 novembre, lorsque Philae sera largué, la sonde sera alors à 22,5 km du centre de l'astreastre chevelu.