Aux États-Unis, les lancements de fusées se sont multipliés. L'entreprise SpaceX, d'Elon Musk, est notamment concernée. Cela encombre l’espace aérien et commence à coûter cher aux compagnies.

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    Pour Elon MuskElon Musk, les affaires roulent : son entreprise SpaceXSpaceX en est déjà à son douzième lancement en 2018 et une quinzaine sont d'ores et déjà programmés d'ici la fin de l'année. Et elle n'est pas la seule. Sur les six premiers mois de 2018, 55 lancements ont déjà eu lieu, d'après la base de donnéesbase de données Spaceflight Now, dont un tiers aux États-Unis et un tiers en Chine.

    Satellites de télécommunications, missions de surveillance terrestre, ravitaillement de la Station spatiale internationale (ISS) : les missions et les acteurs se multiplient. Outre SpaceX, plusieurs entreprises privées se sont positionnées sur le marché, comme Rocket Lab, Virgin Orbit ou Stratolaunch, qui devraient faire leurs premiers pas en 2018 ou 2019.

    Le problème, c'est que chaque lancement de fuséefusée nécessite des mesures de sécurité de plus en plus drastiques. La Federal Aviation Administration (FAA), qui gère l'espace aérien américain, impose ainsi une interruption de trafic dépassant parfois une heure avant le décollage ou l'atterrissage d'une fusée. Compte tenu du risque d'explosion, l'espace aérien est par ailleurs fermé sur des centaines de kilomètres à la ronde, relate Bloomberg. Lors du lancement de la fusée Falcon Heavy de SpaceX le 6 février dernier, 563 vols ont dû être retardés et 62 ont vu leur parcours modifié, selon la FAA.

    Le lancement d’une fusée nécessite la fermeture de l’espace aérien pendant une heure avant le décollage. © SpaceX

    Le lancement d’une fusée nécessite la fermeture de l’espace aérien pendant une heure avant le décollage. © SpaceX

    De nouvelles bases de lancement perturbant encore plus le trafic ?

    L'Alpa (Air Line Pilots Association), un syndicat de pilotes, a donc décidé de tirer le signal d'alarme. « Les restrictions et les retards sont devenus intenables », alerte Tim Canoll, président de l'Alpa. Les compagnies aériennes estiment que chaque minute de retard leur a coûté 68,48 dollars en 2017 en personnel et carburant (environ 60 euros). Le retard moyen étant de huit minutes, cela représente une facture de plus de 300.000 dollars (environ 260.000 euros) pour le seul lancement de SpaceX de février, où 563 vols ont été touchés.

    Le problème concerne pour l'instant surtout Cap Canaveral, en Floride, situé à une quarantaine de kilomètres de l'aéroport d'Orlando, et Vandenberg, en Californie, entre San Francisco et Los Angeles. Mais, à l'avenir, avec l'ouverture de nouvelles bases, les litiges pourraient se multiplier. 

    L'association Airlines for America (A4A), qui regroupe quatorze compagnies américaines, a récemment fait part de ses inquiétudes à la FAA sur un projet de base de lancement spatial dans le Colorado, situé à moins de 20 km de l'aéroport de Denver, le cinquième plus gros du pays. Jeff BezosJeff Bezos, patron de Blue Orign, ambitionne lui de construire une base au Texas, sur un de ses terrains, et Richard Branson (Virgin GalacticVirgin Galactic) voudrait envoyer ses touristes dans l'espace depuis le Nouveau-Mexique.

    Intégrer les fusées aux plans de vols commerciaux

    Les entreprises spatiales, elles, minimisent le phénomène. Selon le directeur des affaires gouvernementales de Space X, Caryn Schenewerk, une fusée Falcon 9 n'a besoin que de 90 secondes pour atteindre une altitude de 60.000 pieds (18.000 mètres), soit bien au-delà des couloirs de vols commerciaux, et moins d'une minute de fermeture de l'espace aérien est nécessaire avant l'atterrissage des lanceurslanceurs.  

    En mars, la FAA a initié un comité de consultation chargé de réfléchir à des solutions pour mieux intégrer les lancements spatiaux aux plans de vols. « À terme, les fusées seront intégrées comme n'importe quel A321 aux plans de vols des contrôleurs aériens », estime Tim Canoll, président de l'Alpa.