Alors que la sonde Cassini a terminé son aventure en plongeant dans Saturne, les scientifiques préparent déjà les missions qui lui succéderont. Si, techniquement, il est trop tôt pour aller voir si Encelade ou Titan sont des mondes habités, les lunes glacées de Jupiter sont une priorité.

au sommaire


    Les agences spatiales n'ont pas attendu la fin de la mission Cassini pour savoir quoi faire après. Un des objectifs de la sonde était de caractériser et décrire l'habitabilité de certains des satellites de SaturneSaturne, dont ses lunes de glace. « C'est aujourd'hui chose faite », nous explique Nicolas Altobelli, responsable scientifique de la mission Cassini pour l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA). Savoir s'il y a de « la vie dans le sous-sol d'EnceladeEncelade » n'est pas l'étape suivante. D'une part, parce que cela est techniquement très difficile et, d'autre part, parce que de nombreuses questions sur l'habitabilité des lunes glacées du Système solaire sont en suspens.

    Ainsi, ce qui a été décidé aujourd'hui, c'est de « continuer d'étudier l'habitabilité des lunes de glace plus en détail ». Si Cassini l'a bien fait pour Encelade, en démontrant que ce monde est habitable, des « missions comme JuiceJuice et Europa ClipperEuropa Clipper, à destination d'autres mondes, sont très attendues ». Elles embarquent en effet des instruments qui apporteront un éclairage significativement nouveau.

    Il n'y aura donc « pas de Cassini 2 dans l'esprit de la mission Cassini qui vient de se terminer et qui irait de nouveau étudier le système saturnien ». S'il devait y avoir de nouveau une mission de type Cassini, ou GalileoGalileo (quatorze ans dans le système jovienjovien), pour une bonne partie de la communauté scientifique, il s'agira d'une mission d'envergure à « destination d'Uranus ou Neptune  par exemple », avec comme priorité l' « exploration des lunes de glace de ces deux mondes assez méconnus ». Cependant, ce n'est seulement que dans quelques années que l'Agence spatiale européenne étudiera les propositions de missions vers ces deux planètes et « décidera si, financièrement et techniquement, une telle mission est possible ».

     Vue externe d'Europe (à gauche) et structure interne probable de ce satellite de Jupiter (à droite). © Nasa, JPL

    Vue externe d'Europe (à gauche) et structure interne probable de ce satellite de Jupiter (à droite). © Nasa, JPL

    De la vie possible loin des étoiles ?

    En attendant d'envoyer une sonde sur Encelade -- ou un ballon dérivant au gré des courants d'air dans l'atmosphèreatmosphère de TitanTitan, voire un atterrisseur sur un de ses lacs (« pas avant la décennie 2040 ») --, les agences spatiales vont se focaliser sur les lunes glacées de JupiterJupiter. Certaines, comme Europe et GanymèdeGanymède (deux des quatre satellites galiléens), abriteraient également un océan souterrain (« on le suppose fortement »). Les scientifiques souhaitent aussi savoir si ces deux mondes sont habitables (« on n'en est pas complètement certains »), voire habités.

    Il y a également un autre intérêt à les étudier. En effet, s'il y a quelques années, la recherche de la vie extraterrestre se focalisait sur des exoplanètes évoluant dans la « zone d'habitabilitézone d'habitabilité de leur étoileétoile pour permettre à l'eau à l'état liquideétat liquide de rester stable sur la surface », aujourd'hui, force est de constater que Galileo et Cassini ont « mis en évidence un autre type d'habitat ».

    Sous la surface de ces mondes, les océans sont protégés des radiations, ce qui, du point de vue de l'exobiologieexobiologie, élargit le champ des possibilités. « Vous n'avez plus besoin d'être dans la zone d'habitabilité de l'étoile pour voir une forme de vie émerger. » 

    Pour répondre à ces questions, plusieurs missions sont en préparation, ou envisagées, avec des instruments qui seront capables de déterminer l'habitabilité de ces mondes :

    • en Europe, l'Agence spatiale européenne développe Juice. Cette sonde doit aller étudier CallistoCallisto et Europe avant de terminer sa mission autour de Ganymède. Son lancement est prévu en 2022 et la sonde devrait atteindre Jupiter en 2030 ;
    • aux États-Unis, la NasaNasa va se focaliser sur Europe. Au début de la décennie 2020, elle prévoit le lancement de la sonde Europa Clipper, à destination d'Europe donc, son objectif principal ;
    • les Russes prévoient d'envoyer un atterrisseur se poser sur Ganymède (on sait que ce satellite possède un champ magnétiquechamp magnétique intrinsèque généré par son noyau ou l'océan global que l'on suppose exister sous sa surface) ;
    • une mission commune de l'ESA et de la Nasa à destination d'Europe est à l'étude. Provisoirement baptisée Joint Europa Mission, elle aurait pour objectif de déposer un atterrisseur, qui fonctionnerait 35 jours, et de placer en orbiteorbite un satellite pour une mission de trois mois.