Pour son 50e anniversaire, le New Scientist a demandé à 70 des “plus brillants scientifiques” du monde (principalement anglo-saxon) de prévoir l'avenir des sciences et des techniques dans 50 ans.

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    Science et technologie dans 50 ans !

    Science et technologie dans 50 ans !

    Bien sûr, les réponses expriment autant les espoirs et les interrogations d'aujourd'hui qu'une vision de l'avenir, mais elles n'en sont pas moins intéressantes.

    Trois prévisions ressortent fortement des contributions :

    • On aura détecté un grand nombre de planètes semblables à la terre dans l'univers, et des traces de vie ;
    • Nous saurons produire et faire communiquer des ordinateurs quantiques, ce qui ouvrira des possibilités de calcul sans précédent, utiles notamment pour comprendre les mécanismes physiques et biologiques complexes, pour réaliser des simulations à grande échelle, pour manipuler d'énormes volumes de données ou encore, pour sécuriser les communications (Franck Wilczek, Anton Zeilinger, David Deutsch) ;
    • La compréhension et la modélisationmodélisation du fonctionnement du cerveaucerveau permettra de comprendre - voire de reproduire ou manipuler - les comportements, les perceptions, les souvenirs, les processus d'apprentissage, voire la manière dont émerge la conscience.
    Tout le monde ne tire cependant pas les mêmes conséquences de ce relatif consensus sur ce que l'on saura : Ray Kurzweil ou Igor Aleksander imaginent des ordinateurs capables de reproduire le fonctionnement du cerveau humain (et donc, rapidement, d'en dépasser les capacités) et disposant d'une conscience d'eux-mêmes ; le psychologue Philip Zumbardo et le biologiste Fred Gage imaginent que nous porterons sur nous des appareils capables de mesurer notre activité cérébrale et (on suppose) de nous aider dans notre vie courante, nos interactions avec les autres, etc.

    Michael Gazzaniga, directeur du Centre d'études du cerveau à l'Université de Californie et le psychologue évolutionniste Geoffrey Miller s'intéressent, eux, à notre "cerveau social" et à l'importance que revêtent pour nous les relations et le capital social, mais avec une approche assez normative : identifier "les conditions sociales dans lesquelles les vertus morales fleurissent" (Miller), "savoir si nous disposons d'un sens moral inné" (Gazzaniga)... Dans tous les cas, une psychologie fortement fondée sur les neurosciences, ce qui exprime à la fois une tendance et le parti-pris du journal.

    Parmi les autres prévisions formulées, signalons-en quelques-unes qui devraient intéresser les lecteurs :

    • Les processus informatiques devraient devenir moins étroitement mécaniques et déterministes pour se rapprocher de la manière dont notre cerveau traite les perceptions, par approximations, évaluations et inférences (Jaron Lanier), ce qui permettrait par exemple aux robotsrobots de reconnaître un objet sans l'avoir jamais rencontré auparavant, une condition indispensable pour qu'ils puissent jouer un grand rôle dans nos espaces quotidiens (Rodney Brooks) ;
    • La mise en relation des êtres via les réseaux et les machines devrait nous permettre de mieux nous comprendre et de mieux évaluer l'impact de nos actions sur le monde - une idée pas vraiment neuve, mais illustrée de manière originale par Daniel Pauly, qui imagine un appareil capable de détecter et de nous communiquer les émotions et les "pensées" des animaux, Eric Horvitz qui pense à des traducteurs universels, ou encore l'éthologue Jane Goodal, qui espère que la possibilité d'explorer la planète depuis chez soi donnera naissance à une conscience écologique planétaire ;
    • On pourra faire séquencer son propre génomegénome pour moins de 1000 dollars, ce qui permettra de détecter nos prédispositionsprédispositions à certaines maladies et d'appliquer des traitements personnalisés et préventifs. Devant la perspective de devenir tous (en Occident du moins...) des "centenaires actifs", nous ne nous demanderons plus "combien de temps pouvons-nous vivre ?" mais "combien de temps voulons-nous vivre ?" (Francis Collins) ;
    • Enfin, Bruno Latour imagine que l'on saura visualiser les connexions entre les organisations humaines et les objets techniques, autrement dit, comprendre la part humaine des systèmes techniques et introduire les dimensions organisationnelles relationnelles dans leur conception même.
    Par Daniel Kaplan