Un article à paraître dans "Nature" ce jeudi 9 novembre, révèle que des gorilles vivant à l'état sauvage en Afrique Centrale sont infectés par un virus apparenté au VIH-1. Ce résultat tout à fait inattendu est le fruit du travail d'une équipe internationale conduite par Martine Peeters et Eric Delaporte de l'IRD et de l'Université de Montpellier 1, associée aux Universités d'Alabama et de Nottingham ainsi qu'au projet PRESICA (Prévention du Sida au Cameroun).

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    © Unesco

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    Ce nouveau virus, appelé SIVgor, présente en effet la particularité d'être génétiquement proche d'un variant du VIH-1VIH-1 appelé le groupe O. Bien que rarement retrouvé chez l'homme, ce variant est cependant à l'origine de cas de SIDASIDA.

    La découverte de ce nouveau virus amène notamment les chercheurs à se poser la question cruciale de l'origine de la contaminationcontamination des gorillesgorilles. Elle élargit considérablement le champ de recherche sur la capacité de ces virus à se transmettre d'une espèceespèce à l'autre.

    En 2005, 40,3 millions de personnes dans le monde, dont 25,8 millions en Afrique subsaharienne, vivaient avec le VIH. La question de l'origine du VIH-1, responsable de la pandémiepandémie du SIDA, agite la communauté scientifique depuis de nombreuses années.

    Il y a quelques mois, l'équipe de Martine Peeters, directrice de recherche à l'IRDIRD, et Eric Delaporte, directeur de l'UMR 145 associant l'IRD et l'université de Montpellier 1 avait montré que le réservoir du virus VIH-1, le groupe M, à l'origine de la pandémie mondiale ainsi que celui d'un autre variant très rare, le VIH-1 groupe N, était la sous-espècesous-espèce de chimpanzéchimpanzé vivant dans le bassin du CongO. Cependant, le réservoir du troisième groupe de VIH-1 infectant l'homme, le groupe O, restait jusqu'à aujourd'hui non identifié.

    Or cette même équipe révèle pour la première fois, dans un article à paraître dans la revue "Nature", la présence d'infection par un SIV chez les gorilles sauvages. A partir de la collecte d'échantillons de fècesfèces de différentes communautés de gorilles des régions les plus reculées de la forêt tropicaleforêt tropicale camerounaise, les chercheurs ont mis en évidence des anticorpsanticorps dirigés contre ce virus appelé SIVgor. Ils ont ensuite pu déterminer les caractéristiques génétiquesgénétiques du virus retrouvé chez trois gorilles vivant à plus de 400 km les uns des autres. L'analyse phylogénétiquephylogénétique de ce nouveau virus a montré qu'il était proche du VIH-1 groupe O retrouvé chez l'homme, principalement au Cameroun et dans les pays voisins.

    Cette découverte de virus apparenté au VIH-1 chez les gorilles sauvages ne remet cependant pas en cause le fait que les chimpanzés soient le réservoir primaire des virus SIV/VIH que l'on retrouve chez les gorilles et chez les hommes. Pour Martine Peeters de l'IRD, « les virus du groupe M et N sont, très clairement, la conséquence d'une transmission inter-espèce du chimpanzé à l'homme, alors que l'origine du VIH-1 groupe O est moins évidente. On ne peut exclure que des chimpanzés infectés par le VIH-1 groupe O aient pu contaminer l'homme et le gorille indépendamment, ou bien que le gorille, après avoir été contaminé par le chimpanzé ait contaminé l'homme ».

    Ces travaux ouvrent ainsi une véritable boite de Pandore sur les questions et spéculations concernant la capacité de ces virus à se transmettre d'une espèce à l'autre.

    Les principaux enjeux des études futures menées par ces équipes seront de déterminer la prévalenceprévalence, la distribution géographique et l'histoire naturelle des infections SIV chez les grands singes, sans oublier la question de savoir comment les gorilles ont été contaminés. Ce dernier point reste d'autant plus mystérieux que les gorilles sont herbivoresherbivores et que les contacts entre chimpanzés et gorilles sont considérés comme rares.