A ceux qui n'en étaient pas encore convaincu, le message est clair : oui, les récifs coralliens participent aussi aux progrès de la médecine. L'exemple des protéines fluorescentes en est la preuve ! Raison de plus pour continuer à les étudier de près et renforcer les mesures de protection afin de protéger les coraux des dangers qui les guettent…

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    http:\occm.otago.ac.nzZoom sur des polypes de corail fluorescents en microscopie confocale

    http:\occm.otago.ac.nzZoom sur des polypes de corail fluorescents en microscopie confocale

    Elle s'appelle GFP (Green Fluorescent ProteinGreen Fluorescent Protein) et provient d'une méduseméduse du nord-ouest du Pacifique, Aequorea victoria, membre de la famille des cnidairescnidaires tout comme les coraux. Depuis sa découverte en 1962, le succès a été fulgurant pour la protéineprotéine verte fluorescente GFP : clonageclonage en 1992, expression dans des organismes hôtes en 1994, et aujourd'hui que dire... Elle est sur toutes les paillasses, c'est un outil biologique indispensable en recherche médicale : en un mot, la star des labos !

    La microscopie à fluorescence : un réel progrès

    Pourquoi un tel engouement de la part des chercheurs pour cette petite molécule ? Parce qu'on peut utiliser ses propriétés fluorescentes en microscopie, suivre à la trace d'autres protéines marquées à la GFP et étudier ainsi facilement différents phénomènes à l'échelle cellulaire ! On l'a aussi modifiée génétiquement afin d'exploiter le maximum de son potentiel... Les études menées sur le sidasida, la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer ou le cancercancer ont pu bénéficier de cette technique. Bien sûr, il existe d'autres protéines fluorescentes utilisées en recherche, dont l'obéline par exemple, extraite d'un cnidaire encore, le polype Obelia longissima.

    Ces coraux, qui ont la particularité d'absorber la lumière d'une couleur et d'émettre de la lumière d'une couleur différente, font la fierté des aquariologistes. Et les mettre en valeur sous des éclairages savamment imaginés, c'est en effet tout un art pour le plaisir des yeuxyeux... Mais outre cet aspect esthétique évident, les protéines fluorescentes auraient surtout un rôle protecteur face aux rayons nocifs du soleil. Elles agiraient comme un écran total. Et plus étonnant encore, elles seraient une sorte de 'faveur' des coraux pour leurs alguesalgues symbiotiques bienfaitrices : les zooxanthelleszooxanthelles. Celles-ci, qui ont besoin de longueurs d'ondes correspondant aux rouges/orange/jaunes pour vivre, ne peuvent plus en bénéficier aux profondeurs où ne passent plus que le bleu et le vert. Voilà pourquoi le corailcorail absorbe ce bleu pour le convertir en lumière orange, jaune ou rougeâtre et en faire ainsi bénéficier ses petites hôtes !

    Chercher encore et encore dans ces gigantesques oasis marines

    C'est dans un simple bac à poissonspoissons où trônait une anémone de feufeu (Anemonia majano) -un cnidaire toujours- que des scientifiques russes ont découvert en 1999 à Moscou une protéine proche de la GFP. Que penser alors de ce que l'on pourrait trouver directement dans les luxuriants jardins coralliens ? L'américain Vincent Pieribone, chercheur en physiologie cellulaire et neurobiologie à l'école de médecine de Yale, compte bien en avoir une idée et plonge régulièrement sur la Grande Barrière Australienne, sans doute le plus grand réservoir de biodiversitébiodiversité corallienne de la planète. « Comprendre comment ces animaux du récif utilisent cette classe de protéines complètera nos connaissances sur la façon dont ils répondent à des niveaux normaux et potentiellement mortels d'ensoleillement » confie-t-il.

    Mais pas seulement, car ces recherches ont aussi un intérêt pour l'Homme lui-même... Dans sa quête du graal, Vincent Pieribone a plongé encore l'an dernier avec des volontaires de l'Institut Earthwatch auxquels il expliquait : « le but secondaire -mais énormément important- de ce projet est d'identifier et cloner de nouvelles versions de ces protéines, avec différentes propriétés spectrales. L'identification de nouvelles protéines plus brillantes, multicolores et plus stables aiderait considérablement le domaine de la recherche biomédicale ! ». Il y a encore tant à découvrir que les possibilités apportées par les organismes marins en matièrematière de recherche et développement à visée thérapeutique dépassent notre imagination. A nous de préserver tous ces trésors que l'océan nous offre généreusement...