"Comme il te ressemble !", s'exclament très souvent la maman et la famille maternelle à propos du nouveau-né en s'adressant au papa. Lequel, comme l'ensemble de la famille paternelle, reste généralement dubitatif. Alors réalité ou manipulation ? Une équipe de recherche de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISEM, CNRS – Université Montpellier 2) a étudié ce schéma fréquemment rencontré dans nos sociétés. Les résultats sont clairs : le nouveau-né, fille ou garçon, ressemble plus à sa mère. L'attribution de la ressemblance au père par la mère serait une manipulation sociale visant à conforter sa paternité.

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    Exemple de photos présentées aux juges externes. Avez-vous reconnu le père de cette fillette ? Il s'agit de l'homme de gauche…. © Isem (CNRS – Université Montpellier 2)

    Exemple de photos présentées aux juges externes. Avez-vous reconnu le père de cette fillette ? Il s'agit de l'homme de gauche…. © Isem (CNRS – Université Montpellier 2)

    A qui le nouveau-né ressemble-t-il réellement le plus : à son père ou à sa mère ? Et quand il grandit, que se passe-t-il? Alexandra Alvergne, dans l'équipe de Michel Raymond, de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISEM, CNRS - Université Montpellier 2), a replacé cette question de la ressemblance des enfants à leurs parents dans le cadre général de l'écologieécologie familiale. Une famille, en effet, peut être considérée comme un groupe ayant des intérêts communs, mais aussi des divergences et des conflits. Chez l'homme, comme dans toutes les espècesespèces prodiguant des soins paternels, un de ces conflits provient de l'incertitude de la paternité. Tout indice confortant le père dans l'idée qu'il est réellement le père va donc jouer un rôle important...

    Les chercheurs ont mesuré la ressemblance phénotypique d'enfants âgés de 0 à 6 ans à chacun de leur parent. La ressemblance est déterminée par des juges externes, ne connaissant pas les familles, à l'aide de photographiesphotographies de visages d'enfants et de parents. Pour chaque visage d'enfant, 3 visages paternels et maternels possibles sont proposés.

    Les résultats des expériences sont clairs. A la naissance, le nouveau-né ressemble plus à ses parents qu'à d'autres adultes de la population. Mais qu'il soit fille ou garçon, il ressemble beaucoup plus à sa mère... L'attribution de la ressemblance au père par la mère serait donc une manipulation sociale. Par ailleurs, la ressemblance évolue avec l'âge et le sexe. Entre 0 et 6 ans, les filles ressemblent toujours davantage à leur mère qu'à leur père. Pour les garçons, en revanche, une inversion se produit vers l'âge de 1 an, où ils commencent à davantage ressembler à leur père.

    Résumons : les filles ressemblent plus à leur mère, les garçons à leur père, tout semble normal. Sauf entre 0 et 1 an où filles et garçons ressemblent plus à leur mère... Un peu comme si l'expression de la contribution paternelle était effacée pendant une période critique, au cours de laquelle se jouent sans doute des phénomènes d'attachement, afin qu'un éventuel "problème" de paternité ne soit pas détecté. D'où l'insistance des mères pour attribuer la ressemblance du nouveau-né au père...

    De futures recherches étudieront des enfants âgés de plus de 6 ans. Des expériences similaires seront également réalisées dans d'autres contextes culturels.

    Références :
    Differential facial resemblance of young children to their 2 parents: who do children look like more? Alexandra Alvergnea, Charlotte Faurieb, Michel Raymonda Evolution and Human Behaviour, on line (Consulter le site web)
    aGénétique et Environnement, Institut des Sciences de l'Evolution de Montpellier (CNRS - Université Montpellier 2)
    bDepartment of Animal and Plant Sciences, University of Sheffield, United Kingdom

    Contacts :

    Chercheurs
    Michel Raymond
    T 04 67 14 46 15
    [email protected]

    Alexandra Alvergne
    T 04 67 14 46 32
    [email protected]

    Presse
    Muriel Ilous
    T 01 44 96 43 09
    [email protected]