Magnifiques et stupéfiantes, les nouvelles images de Pluton prises le 14 juillet et transmises récemment par New Horizons montrent un monde petit, lointain et glacial, qui partage plusieurs traits communs avec la Terre, donnant l'impression d'un paysage familier.

au sommaire


    Clyde Tombaugh, qui découvrit PlutonPluton il y a 85 ans, était sans doute loin d'imaginer un monde aussi complexe et fascinant que celui enfin dévoilé cet été par New Horizons. On ne peut que deviner sa joie, son exaltation, voire sa stupéfaction en parcourant chaque nouvelle image transmise par la sonde spatiale -- la même que celle qui s'empare de toute l'équipe scientifique et de quiconque observe ces clichés. Rappelons qu'il a fallu 9 ans et demi à New HorizonsNew Horizons pour atteindre Pluton, à une vitesse moyenne de 49.000 km/h, et que ces photos ont toutes été collectées le 14 juillet, à l'occasion du survolsurvol historique de cet astre de 2.370 km de diamètre situé à près de 5 milliards de km de la Terre. Des images qui nous sont parvenues, comme prévu, au compte-gouttes.

    Nous étions déjà tous admiratifs devant les premières salves d'images téléchargées les heures suivantes (prises la veille et le jour même de cette visite par New Horizons), mais à présent qu'une nouvelle série de transfert a commencé, comprenant des images en plus haute résolutionrésolution et des points de vue inédits, on peut être encore plus impressionné.

    Vue détaillée de la plaine Spoutnik (partie droite) et de ses glaciers coulants. À gauche et en bas, Norgay Montes. Certaines de ces montagnes culminent à 3.500 m. À l’horizon, les reliefs de <em>Hillary Montes</em>. Les brumes sont rétroéclairées par le Soleil couchant. L’image couvre une région qui s’étend sur 380 km. Téléchargez l’image en haute résolution <a href="http://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/nh-apluto-mountains-plains-9-17-15_0.png" target="_blank">ici</a> (2,2 Mo). © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Vue détaillée de la plaine Spoutnik (partie droite) et de ses glaciers coulants. À gauche et en bas, Norgay Montes. Certaines de ces montagnes culminent à 3.500 m. À l’horizon, les reliefs de Hillary Montes. Les brumes sont rétroéclairées par le Soleil couchant. L’image couvre une région qui s’étend sur 380 km. Téléchargez l’image en haute résolution ici (2,2 Mo). © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Un monde qui ressemble beaucoup au nôtre

    En regardant les photos que les chercheurs ont reçu le 13 septembre, on oublierait presque qu'il s'agit de la fameuse planète naine située dans la ceinture de Kuiper, au-delà de l'orbite de NeptuneNeptune. Les montagnes (jusqu'à 3.500 m) surplombant la grande plaine glacée et scintillante baptisée SpoutnikSpoutnik (au sein de la région Tombaugh) nous renvoient à des paysages connus sur Terre, dans les régions polaires.

    Ces nouvelles images prises le 14 juillet, à 18.000 km, 15 minutes après le survol le plus rapproché de la surface (12.500 km), éclairée par un SoleilSoleil couchant, donc rasant, montrent des paysages avec des ombres allongées. On y appréhende mieux que jamais les aspérités. On reconnait d'ailleurs, à l'avant-plan, à l'ouest de la plaine Spoutnik, Norgay Montes et, sur le limbelimbe, la chaîne Hillary Montes. De quoi donner des frissons. « Cette image nous donne vraiment l'impression d'être là, au-dessus de Pluton, et de sonder le paysage soi-même, raconte le directeur de la mission, Alan Stern (SwRI), c'est une aubaine scientifique qui révèle de nouveaux détails sur l'atmosphèreatmosphère, les montagnes, les glaciersglaciers et les plaines de Pluton ».

    L'image du limbe de Pluton laisse entrevoir de nombreuses couches de brumebrume qui s'empilent jusqu'à 100 km d'altitude dans son atmosphère riche en azoteazote. « En plus d'être visuellement superbes, ces basses couches de brume font penser à une météométéo qui change de jour en jour, comme cela se passe ici sur Terre », indique dans le communiqué de la Nasa, Will Grundy de l'observatoire Lowell à Flagstaff (Arizona) et membre de l'équipe scientifique. À la différence toutefois que notre monde est plus douillet (15 °C en moyenne) car distant de seulement 150 millions de km du Soleil, alors que là-bas, en été, la température n'excède pas - 230 °C.

    Sur cette image qui couvre un espace de 185 km, on aperçoit une brume qui couvre la surface de Pluton, en rase-mottes. Téléchargez l’image en haute résolution <a href="http://www.nasa.gov/sites/default/files/thumbnails/image/nh-apluto-low-haze-9-17-15-updated.png" target="_blank">ici</a> (0,6 Mo). © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Sur cette image qui couvre un espace de 185 km, on aperçoit une brume qui couvre la surface de Pluton, en rase-mottes. Téléchargez l’image en haute résolution ici (0,6 Mo). © Nasa, JHUAPL, SwRI

    De nouveaux indices tangibles d’un cycle de l’azote

    Tout indique par ces images que les paysages sont modelés par un cycle de l'azote qui n'a rien à envier à notre cycle de l'eau ou encore à celui du méthane sur Titan. Les glaces de la plaine Spoutnik semblent en effet, en partie, se sublimer et se redéposer plus à l'est. « Nous ne nous attendions pas à trouver sur Pluton des indices d'un cycle glaciaire à base d'azote à l'œuvre dans les conditions glaciales du Système solaireSystème solaire externe, commente Alan Howard, un des géophysiciens de la mission et de l'équipe d'imagerie de l'université de Virginie. Conduit par la faible lumièrelumière du Soleil, ce serait directement comparable au cycle hydrologique qui alimente les calottes glaciairescalottes glaciaires sur Terre, lorsque l'eau est évaporée des océans, sous forme de neige, puis retourne à la mer à travers l'écoulement glaciaire ».

    « A cet égard, Pluton est étonnamment plus semblable à la Terre que quiconque ne l'avait prédit », souligne Alan Stern. Il y a tant de choses à regarder sur ces nouvelles images. On distingue également sur d'autres images des vallées d'écoulement de glaces dans la plaine Spoutnik. La lointaine planète naine dont les années durent 248 ans continue de nous surprendre.