Les météorites martiennes retrouvées sur Terre sont rares mais certains de ces fragments vont pouvoir revoir leur planète d’origine. Mais pour quelle raison ? Pour la science, bien sûr.

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    En plein préparatifs pour sa mission sur Mars, le rover Mars 2020Mars 2020 de la Nasa -- appelé aussi CuriosityCuriosity 2, pour l'instant -- va emporter dans ses valises tout un tas de choses de la Terre. Avec lui (outre ses instruments et caméras), des éléments pour un envoi d'échantillons sur Terre dans une future mission, des matériaux testés pour les futures combinaisons que porteront les premiers Hommes à marcher sur Mars et aussi... des météorites martiennes. Deux petits échantillons tombés sur Terre qui vont pouvoir retourner sur leur planète d'origine dont ils avaient été arrachés violemment par un impact, il y a des dizaines de millions d'années.

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    L'un de ces fragments a même voyagé dans la Station spatiale internationale, dans les bagages de Thomas PesquetThomas Pesquet (voir article plus bas). Sur la Planète rouge, il servira pour l'étalonnage de l'instrument SuperCam développé en France. Le second est un morceau de la météorite Sayh al Uhaymir 008 (SaU008) découvert en 1999 dans le Sultanat d'Oman et propriété du Musée d'histoire naturelle de Londres qui a accepté d'en céder un morceau. « C'est une première pour nous : renvoyer un de nos échantillons chez lui pour le bénéfice de la science », a indiqué la conservatrice principale Caroline Smith.

    Ces météorites martiennes seront les premières à retourner à la surface de Mars, mais ce ne sont pas tout à fait les premières à revoir la planète. En effet, une autre y est en orbite depuis presque 20 ans, à bord de la sonde Mars Global Surveyor (MGS). Mais elle finira tôt ou tard par s'écraser sur Mars.

    Illustration de Mars 2020 en train de travailler à la surface de Mars. Où se posera le rover ? Les trois sites finalistes sont Columbia Hills, Gusev (la région où a prospecté Spirit), cratère Jezero, NE Syrtis. © Nasa, JPL-Caltech

    Illustration de Mars 2020 en train de travailler à la surface de Mars. Où se posera le rover ? Les trois sites finalistes sont Columbia Hills, Gusev (la région où a prospecté Spirit), cratère Jezero, NE Syrtis. © Nasa, JPL-Caltech

    Une météorite martienne pour étalonner Sherloc

    Les fragments de Mars retrouvés sur sa voisine la Terre ne sont pas très nombreux. Quelque 200 seulement ont été confirmés et répertoriés à ce jour par la Meteoritical Society. Pour choisir le morceau qui pourrait partir, les équipes de Mars 2020 ont dû procéder à des tests pour déterminer ceux qui pourraient endurer le voyage vers Mars -- notamment aux moments du décollage et de l'atterrissage -- et aussi ceux dont la composition conviendrait pour l'instrument Sherloc (Scanning Habitable Environments with Raman and Luminescence for Organics and Chemicals).

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    La principale raison du retour sur Mars de la météorite est son utilité pour Sherloc doté d'un laserlaser de haute précision. SaU008 sera sa cible d'étalonnage. « Nous étudions des choses sur une échelle si fine que de légers désalignements provoqués par des changements de température, ou même par le rover qui s'installe dans le sablesable, peuvent nous obliger à corriger notre objectif, a expliqué Luther Beegle, du JPL (Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory), qui est responsable de l'instrument laser. En étudiant comment l'instrument voit une cible fixe, nous pouvons comprendre comment il verra un morceau de la surface martienne ».

    Sherloc est un instrument très important de la mission. Il sera le premier à employer les spectroscopies Ramanspectroscopies Raman et de fluorescence sur la planète. Celles-ci permettront aux chercheurs d'identifier de la matièrematière organique, à base de carbonecarbone, selon leurs réactions à la lumièrelumière ultraviolette. Leurs lueurs caractéristiques permettront peut-être de découvrir les traces directes ou indirectes d'une vie passée sur Mars. Vivement que ce grand rover fasse ses premiers pas et ses premiers tirs laser.


    Une météorite martienne qui est allée dans l'ISS va retourner sur Mars

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman, publié le 19 octobre 2017

    Une météorite venue de Mars et retrouvée dans le Sahara va avoir le privilège de retourner d'où elle vient. Une première ! Ce petit caillou martien a d'ailleurs déjà voyagé plusieurs fois, de la Terre vers l'espace et vice versa. Quelle aventure...

    Une météorite martienne va rentrer chez elle. Que de voyages pour ce petit morceau de roche qui, un jour, a été arraché à la croûtecroûte martienne il y a environ 180 millions d'années. Après avoir dérivé dans l'espace interplanétaire, ce caillou a fini par traverser l'atmosphèreatmosphère terrestre et s'échouer dans le désertdésert du Sahara.

    Découverte puis authentifiée par le Muséum d'histoire naturelle de Paris, la pierre extraterrestre de 5 g a été ensuite revendue par Luc Labenne, chasseur et collectionneur de météorites, à la Cité de l'espace. Mais son périple ne s'est pas arrêté là. Plutôt que de demeurer dans la collection, la météorite a été confiée à l'astronauteastronaute Thomas Pesquet, qui l'a emmenée avec lui à bord de la Station spatiale internationale. Nouvelle traversée atmosphérique pour la météorite. Et encore une autre, à son retour, six mois plus tard.

    Le futur rover de la mission Mars 2020. © Nasa, JPL, CalTech

    Le futur rover de la mission Mars 2020. © Nasa, JPL, CalTech

    Retour sur Mars avec le rover Mars 2020

    Mais ce n'est pas fini. Des chercheurs ont eu l'idée de la rapatrier sur Mars. Cette fois, ce ne sera pas Thomas Pesquet qui la transportera, même s'il serait partant. Ce sera le jumeaujumeau de Curiosity, le rover Mars 2020. Mais d'abord, la météorite sera coupée en trois morceaux : l'un restera à la Cité de l'espace, un deuxième sera offert à l'astronaute français « pour le remercier », et le troisième s'envolera en 2020.

    « Au total, la pierre de Mars aura traversé quatre fois l'atmosphère terrestre et deux fois l'atmosphère martienne », commente Sylvestre Maurice, de l'Institut de recherche en astrophysiqueastrophysique et planétologie (Irap). L'astrophysicienastrophysicien est le père de ChemCamChemCam, un des instruments qui équipe l'actuel Curiosity, sur Mars depuis cinq ans. Il a aussi conçu SuperCam qui, lui, équipera Mars 2020, un rover, dont la mission sera notamment de rechercher d'éventuelles traces de vie sur la Planète rouge. « Nous allons faire de la science avec ce petit morceau de météorite martienne, a-t-il expliqué. Il va nous servir à étalonner SuperCam. » D'abord surprise, la Nasa a ensuite acceptée.

    Mars est un des sujets abordés par les 100 astronautes réunis depuis lundi à Toulouse pour le 30e congrès mondial des astronautes.