Devant le débarquement probable, dans un avenir proche, des nanoparticules dans notre vie quotidienne, les études toxicologiques à leur sujet se multiplient. Une des dernières en date porte sur le pouvoir de pénétration au travers de la peau des boîtes quantiques. Apparemment, bien que faibles, les risques ne sont pas nuls.

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    De bien belles couleurs générées par des boîtes quantiques en suspension. Crédit : Andrey Rogach

    De bien belles couleurs générées par des boîtes quantiques en suspension. Crédit : Andrey Rogach

    Le docteur Nancy Monteiro-Riviere s'occupe de dermatologie et de toxicologietoxicologie dans l'une des universités de la Caroline du Nord aux Etats-Unis. Elle a déjà publié dans la revue Nano Letters en 2007 des résultats d'études portant sur le pouvoir de pénétration au travers la peau d'objets nanotechnologiques bien connus que sont les fullerènes, des molécules en forme de ballon de football, ou buckyballs. Elle avait alors montré qu'ils pouvaient pénétrer rapidement une peau saine à la seule condition de la plisser de façon répétitive. Elle vient de réaliser des tests similaires avec d'autres objets dont on parle beaucoup, en partie à cause de leur manifestation esthétique : les boîtes quantiques.

    Il s'agit de nanoparticulesnanoparticules que l'on décrit parfois comme des atomes artificiels en raison des niveaux d'énergie discrets qu'elles possèdent, analogues à ceux d'un atome de Bohr. Mises en solution, et en fonction de leur taille, elles permettent d'obtenir des liquides fluorescents de toutes le couleurscouleurs de l'arc-en ciel. Les physiciensphysiciens les utilisent pour des recherches sur des sujets aussi divers que la téléportation quantique, les ordinateurs quantiques. Ces boîtes quantiques, qui sont déjà commercialisées, servent aussi de colorants et de traceurs des mouvementsmouvements de certaines cellules ou molécules en biologie et médecine.

    Pénétration par une blessure, même minime

    Nancy Monteiro-Riviere a exposé la peau de rats à des boîtes quantiques pendant des périodes de 8 et 24 heures. Elle a considéré les cas où la peau était intacte, plissée, légèrement endommagée par l'arrachement d'un ruban adhésif et enfin abrasée avec un objet rugueux.

    Les résultats de ces tests, qu'elle vient de publier dans Skin Pharmacology and Physiology avec son étudiant en  thèse, Leshuai Zhang, montrent que des lésions de la peaulésions de la peau permettent une pénétration, et ce, quelles que soient la forme, la taille et la nature du matériaux composant les boîtes quantiques. De petites coupures ou égratignures superficielles suffiraient donc pour que ces nanoparticules rejoignent la circulation sanguine.

    Les risques semblent malgré tout minimes mais Monteiro-Riviere met en garde. Non seulement il ne s'agit pas d'études portant sur la peau humaine mais surtout rien ne permet d'extrapoler la valeur de ces résultats sur de longues périodes de temps. Quels sont en effet les risques pour une personne travaillant sur les nanotechnologiesnanotechnologies avec ce type d'objet et qui y est donc exposée durant une longue période ?

    Les études se poursuivent donc et, en particulier, les chercheurs sont justement en train d'imaginer des tests avec de la peau humaine.