Les ordinateurs du futur utiliseront peut-être bientôt des puces à base de graphène et fonctionnant selon les principes de l’optronique, si l’on en croit des travaux de chercheurs du MIT, de la Columbia University et du IBM’s Thomas J. Watson Research Center. En combinant les propriétés de la lumière et de l’électronique, ces puces seront moins gourmandes en énergie et dissiperont moins de chaleur, car ce seront des photons qui transporteront des données dans et entre les puces.

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    L'idée d'utiliser de la lumière au lieu de l'électricité pour réaliser des ordinateurs rapides ne date pas d'hier. Elle a fait naître beaucoup d'espoirs qui ont été déçus. Mais comme le prouve une récente publication dans Nature Photonics, les propriétés miracles du graphènegraphène sont peut-être sur le point de changer la donne.

    On cherche depuis longtemps à réaliser des photodétecteurs à base de graphène pour convertir des signaux optiques en signaux électriques. En effet, des dispositifs en optronique construits à base de graphène seront probablement plus faciles à concevoir, et plus simples et moins coûteux à réaliser qu'avec d'autres matériaux comme le germanium. Comme les électrons se déplacent très vite dans le graphène, on peut espérer réaliser des détecteurs et des modulateurs très rapides. Enfin, le graphène permettrait de faire fonctionner ces dispositifs d'optronique avec une gamme de fréquences plus large.

    Le problème du rendement des photodétecteurs en graphène

    Malheureusement, jusqu'à présent, le rendement du graphène en ce qui concerne la conversion des photons en électrons dans un courant électriquecourant électrique était seulement de 2 %. Ce qui était très insuffisant. On pouvait pallier ce problème de la même façon qu'avec des dispositifs similaires à base de semi-conducteurs en soumettant un feuillet de graphène à une différence de potentiel. En effet, sans celle-ci, plusieurs des électrons rendus libres dans ces matériaux par la lumière sont en fait recapturés, ce qui explique le faible taux de conversion. Or, l'applicationapplication de cette différence de potentiel induit des perturbations dans les photodétecteurs qui les rendent peu précis pour les applications auxquelles on les destine.

    Alan Turing, à qui l'on doit notamment le test et la machine qui portent son nom, est l'un des pères de l'informatique. Depuis, de grands progrès ont été effectués en direction d'une électronique plus performante pour réaliser des ordinateurs dont la puissance de calcul finira par atteindre celle, supposée, du cerveau humain. © Daniel Rogers

    Alan Turing, à qui l'on doit notamment le test et la machine qui portent son nom, est l'un des pères de l'informatique. Depuis, de grands progrès ont été effectués en direction d'une électronique plus performante pour réaliser des ordinateurs dont la puissance de calcul finira par atteindre celle, supposée, du cerveau humain. © Daniel Rogers

    Des électrodes en or pour des photodétecteurs avec du graphène

    Les chercheurs viennent de trouver une solution à ce problème. Ils ont construit un dispositif dans lequel la lumière arrive sur le détecteur à travers un guide d'onde en siliciumsilicium, gravé dans la surface d'une puce. Une couche de graphène est déposée au-dessus, perpendiculairement au guide d'onde. De chaque côté de la couche de graphène se trouve une électrodeélectrode en or. Mais le placement des électrodes est asymétriqueasymétrique. L'une est plus proche du guide d'onde que l'autre. Rappelons que les électrons dans un métalmétal, et aussi dans le graphène, sont un peu comme un gazgaz d'électrons libres dans un puits de potentiel.

    Finalement, dans cette configuration, tout se passe comme s'il y avait une différence de potentiel appliquée au graphène, mais qui perturbe moins le signal lorsque l'ensemble du dispositif fonctionne comme un photodétecteur. Cependant, il reste encore du chemin à faire pour vraiment concurrencer les dispositifs en germanium, mais les chercheurs sont confiants.