AMS-02, le Hubble des rayons cosmiques, a déjà observé plus d’un milliard de rayons cosmiques. Sa salle de contrôle vient d'être transférée du Johnson Space Center, à Houston, à l’un des nouveaux bâtiments du Cern, à Genève. Plusieurs chercheurs, dont Aurélien Barrau, sont actuellement aux commandes, espérant en apprendre plus sur l’antimatière et la matière noire. Un récit de passation de pouvoir...

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    AMS-02 est à bord de l'International Space Station (ISS) depuis le 19 mai 2011. Tout semble se passer pour le mieux et les chercheurs surveillent la collecte des données concernant le flux de particules des rayons cosmiques. Les instruments qui fonctionnent en général à une température de seulement quelques degrés Celsius au-dessus de zéro enregistrent en moyenne 50 millions de rayons cosmiques par jour. Le détecteur lui-même envoie 10 MBPS d'informations au sol depuis une altitude d'environ 400 kilomètres.

    Plusieurs physiciensphysiciens sont occupés à surveiller certains des sous-systèmes équipant le détecteur depuis le Payload Operation Control Center (POCC) qui se trouve maintenant au Cern depuis le 24 juin 2011. On peut par exemple y croiser Aurélien Barrau, que les lecteurs de Futura-Sciences connaissent bien.

    Aurélien Barrau en plein travail au POCC (<em>Payload Operations and Control Center</em>) d'AMS au Cern. © Aurélien Barrau

    Aurélien Barrau en plein travail au POCC (Payload Operations and Control Center) d'AMS au Cern. © Aurélien Barrau

    En effet, tout en poursuivant avec ses collègues des recherches théoriques en cosmologie quantique à boucles sur les traces éventuellement laissées dans le rayonnement fossile par un rebond succédant à un pré-Big BangBig Bang, il s'occupe aussi de la détection d'empreintes éventuelles de l'évaporation des minitrous noirs et d'annihilation de particules de Kaluza-Klein dans le rayonnement cosmique.

    AMS, une collaboration internationale

    Le cosmologiste s'est donc joint à la collaboration AMS il y a plus de dix ans, laquelle est internationale, réunissant près de 600 chercheurs. En France, c'est Sylvie Rosier Lees, du LAPP à Annecy-le-Vieux,  qui dirige les équipes françaises. Outre celle du LAPP, qui est impliquée dans le calorimètre électromagnétique d'AMS, il y a celle du LPSC à Grenoble, dirigée par Laurent Derome,  qui s'est occupée du détecteur Cherenkov à imagerie annulaire d'AMS. Enfin, l'équipe du LUPM à Montpellier, a la responsabilité complète du système GPSGPS spatial.

    Une autre vue du POCC (<em>Payload Operations and Control Center</em>) d'AMS au Cern avec les chercheurs au travail. © Aurélien Barrau

    Une autre vue du POCC (Payload Operations and Control Center) d'AMS au Cern avec les chercheurs au travail. © Aurélien Barrau

    Selon les chercheurs, le comportement d'AMS est tout à fait satisfaisant, et Aurélien BarrauAurélien Barrau ajoute : « C'est assez exaltant de voir enfin "en vie" ce détecteur qui a attendu longtemps sa mise en orbiteorbite. Les rayons cosmiques abondent, espérons qu'il y aura des surprises ! ».

    Le travail avec AMS n'est pas toujours facile, comme le chercheur l'avoue lui-même : « Je dois reconnaître qu'un certain stressstress nous gagne quand il s'agit de "passer des commandes" directement sur l'ISS... Les protocolesprotocoles NasaNasa ne sont pas les plus simples ! ».  Cela n'empêche pas le physicien de garder son âme de poète : « Hier soir, la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale - où se trouve notre détecteur - est passée au-dessus du Cern en étant encore sous le SoleilSoleil tandis que nous étions déjà plongés dans la nuit, ce fut magnifique ! ».