Le deuxième épisode de Chasseurs de science est déjà disponible à l'écoute ! Cette fois-ci, faufilez-vous aux côtés de Don Walsh et Jacques Piccard dans le Trieste, le bathyscaphe qui vous conduira au plus profond de l'océan. Là, où l'obscurité est totale et la pression écrasante.


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    Imaginez-vous sur le point de monter dans la sphère rudimentaire d'un bathyscaphebathyscaphe. Votre destination est juste en dessous, à plusieurs kilomètres sous la surface de l'océan. Cette aventure hors norme, Jacques Piccard et Don Walsh l'ont vécue en janvier 1960. Ce nouvel épisode de Chasseurs de science vous propose de revivre cette aventure extraordinaire !

    « Une plongée dans les ténèbres abyssales avec ChallengerChallenger Deep » est le deuxième épisode inédit de notre podcast qui marche dans les pas des aventuriers, des pionniers de la science. Vous pouvez l'écouter sans plus attendre sur vos applications de podcast favorites.

    La première plongée dans la fosse des Mariannes

    Jacques Piccard et Don Walsh sont les premiers à avoir vu les paysages étranges des abysses de la région de Challenger Deep, à plus de 10.000 mètres de profondeur. Mais aussi les espècesespèces animales qui vivent dans cet environnement plus qu'hostile.

    Pour y arriver, il faut d'abord descendre. Dans un espace exigu et humide, Jacques et Don sombrent dans l'obscurité et le froid de l'océan. Et ce ne sera pas de tout repos. Chasseurs de science vous propose une immersion sonore dans le Trieste, aux côtés de ces deux pionniers. Ils sont douze à avoir foulé le sol de la Lune mais seulement trois à avoir vu les profondeurs des océans, découvrez leur histoire.

    Chasseurs de Science a besoin de vous pour vivre !

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    Transcription du podcast

    Bienvenue dans Chasseurs de Science, un podcast produit par Futura. Je suis Julie, votre guide temporelle. Dans cet épisode, nous partirons pour les profondeurs insondables de l'océan, en compagnie d'un duo d'aventuriers mal assortis. Vous écoutez Chasseurs de Science. Si ce voyage vous plaît, n'hésitez pas à le partager sur les réseaux sociauxréseaux sociaux et à nous laisser un commentaire sur les applications de podcast.

    Vous êtes prêts ? Alors embarquons pour un lieu hostile, que seuls trois hommes ont vu de leurs propres yeuxyeux.

    En 2012, James Cameron, réalisateur de cinéma, embarque dans Deepsea Challenger, aux larges des Îles Mariannes dans le Pacifique. Le sous-marinsous-marin pèse 11,8 tonnes pour 7,3 mètres de longueur. Pourtant, l'espace vital de James Cameron n'est qu'une petite sphère de 1,9 m de diamètre. Étroit, pour un homme qui mesure plus d'un mètre quatre-vingt !

    L'objectif de cette mission est sombre et inconnu. Hostile, même. Sous la surface s'étend un canyon insondable qui pourrait contenir le mont Everestmont Everest. Le 25 mars vers 19h30 (GMT), le Deepsea Challenger s'enfonce dans les eaux du Pacifique. Après 2 heures 36 de descente, James Cameron aperçoit le fond de l'océan à 10.916 mètres de profondeur. Le cinéaste y restera quelques heures, avant de remonter vers la surface en 70 minutes seulement. Il est le seul à être descendu si profondément en solitaire.

    Mais, cinquante ans auparavant, deux autres hommes ont découvert pour la première fois les paysages presque extraterrestres des profondeurs extrêmes de la zone hadale. Et les formes de vie qui y prospèrent.

    Cet épisode de Chasseur de Science va vous plonger dans un lieu plus dangereux et énigmatique que la surface de la Lune : Challenger Deep, la région sous-marine la plus profonde jamais mesurée, plancherplancher de la fosse des Mariannes. Pour le moment, ils sont douze à avoir marché sur la Lune, mais seulement trois à avoir touché le fond de l'océan. Jacques Piccard et Don Walsh sont les premiers. Mais avant de les rencontrer, remontons un peu plus en avant dans le temps.

    Au XIXe siècle, le HMS Challenger de la Royal Navy sillonne les océans du globe. Le 23 mars 1875, le navire s'arrête à 140 milles nautiques de l'île de Guam dans le Pacifique. Commence alors un rituel que l'équipage a réalisé plus de 500 fois au cours des trois ans et demi qu'a duré l'expédition. 

    Une épaisse corde lestée d'un morceau de fer est lancée à la mer. Le but : mesurer la profondeur de l'océan à cet endroit. La corde coule pendant de longues minutes avant de s'arrêter. Un marin relève alors la mesure : 4,475 fathoms soit 8,184 mètres. Ce n'est pas un record mais les premiers indices sur la topographie d'un canyon sous-marincanyon sous-marin gigantesque : la fosse des Mariannes.

    En 1951, le HMS Challenger II vogue dans le sillage de son aîné. La technologie a évolué, et ce n'est plus une corde rustique qui permet de mesurer les profondeurs océaniques, mais un sonarsonar. Plus de 10.900 mètres. Cette fois-ci, c'est un record !

    Neuf ans plus tard, en 1960, deux hommes désirent voir de leurs propres yeux les profondeurs les plus extrêmes. Jacques Piccard, suisse, se qualifie lui-même de "savanteur" et appartient à une longue lignée d'explorateurs. On lui doit la création du ballonballon stratosphérique. Son père, Auguste, participe à la fabrication du Trieste, le bathyscaphe qui conduira Jacques dans les profondeurs océaniques. Son partenaire d'exploration est le militaire américain et océanographe, Don Walsh. Le dandy suisse et le jeune militaire, qui effectue là sa première mission pour l'US Navy, sont diamétralement opposés mais ont un objectif commun.

    Le 23 janvier 1960 à 8 heures, Jacques Piccard et Don Walsh s'installent dans la sphère de métalmétal du bathyscaphe dans une mer démontée. À deux, ils tiennent à peine dans le minuscule espace. La sphère est située sous un énorme flotteur de 15 mètres de long qui comprend plusieurs réservoirs remplis d'essence. Il leur permet de couler à pic mais aussi de remonter en lâchant du leste.

    À 8h23, les deux hommes commencent leur plongée vers l'inconnu. Ils s'enfoncent sous la surface à une vitessevitesse comprise entre 1 et 2 mètres par seconde. La lumièrelumière du soleilsoleil diminue progressivement... ainsi que la température. La pressionpression qui augmente peu à peu fait grincer le métal qui résonne dans le vide de l'océan. 

    100 mètres, 300 mètres, 1000 mètres, 3000 mètres... 

    À 11h44, le Trieste est à 8.880 mètres de profondeur. La lumière a disparu depuis longtemps. Les eaux sont limpides et des flashsflashs lumineux brillent dans l'obscurité. Des espèces bioluminescentes passent par dizaines devant le hublot du bathyscaphe. Les deux explorateurs essayent de se réchauffer comme ils peuvent. Il ne fait pas plus de 5 °C dans l'habitacle humide. Don Walsh raconte qu'ils étaient comme dans un frigo de cuisine : il faisait froid et il n'y avait pas beaucoup d'espace.

    Le fond se rapproche.

    Mais un bruit assourdissant surprend Jacques et Don. La coque en métal s'est déformée. Le cœur battant, les deux hommes craignent de voir l'eau les emporter. Si le bathyscaphe cède, ils seront écrasés en un rien de temps par la pression. Mais rien. Tous les instruments fonctionnent et ils sont toujours vivants. Ils décident alors, dans un moment teinté d'inconscience, de poursuivre leur descente dans les ténèbres.

    À 13 heures, le bathyscaphe touche le fond et soulève un épais nuagenuage de sédimentssédiments. Au dessus de Jacques Piccard et Don Walsh, se dresse une colonne d'eau de plusieurs kilomètres. Les appareils de bord indiquent -10.916 mètres. Seuls douze centimètres de métal les protègent d'une pression écrasante de 1100 atmosphèresatmosphères soit 1000 fois plus qu'à la surface.

    Mais quel spectacle extraordinaire ! Des crevettes d'un rouge vif passent devant le hublot, éclairées par les projecteursprojecteurs du Trieste. Quelques instants plus tard, c'est une espèce de poissonpoisson plat totalement inconnue qui émerge du fond sablonneux. L'animal mesure près de 30 centimètres de long. 

    Les deux hommes exultent. Là, dans cet environnement sans lumière, où le froid engourdit leurs membres et où la pression est hallucinante, il y a de la vie ! Des formes de vie inconnues et exotiquesexotiques qui font pâlir les extraterrestres de la littérature de science-fiction. Les hommes communiquent leurs observations avec la surface. La mission est un succès total.

    Jacques Piccard et Don Walsh sont les premiers témoins oculairesoculaires de cette faunefaune abyssale. Ils passent vingt minutes sur la plancher océanique, à Challenger Deep, avant de remonter. Les ballastes sont vidées et le Trieste repart doucement vers la surface, qu'il atteint dix heures après son départ. Les deux hommes sont transis de froids mais extatiques. Ils savent que ce qu'ils viennent de voir va changer les regards sur la vie et son apparition. 

    Lors de son propre voyage, James Cameron a filmé grâce à une caméra 3D les espèces abyssales qui vivent dans la région de Challenger Deep. Le réalisateur du film Abyss passa plusieurs heures là-bas, récoltant de précieux échantillons d'eau et de sol. 

    Depuis, leur record de Piccard et Walsh n'a jamais été battu, aucun humain n'a remis les pieds sur le sol de la fosse des Mariannes. Des sous-marins autonomes ont continué d'explorer les abysses aux quatre coins du globe et démontré que la vie s'y épanouit, prenant des formes belles, mystérieuses et parfois inquiétantes. Pour l'espèce humaine, les fonds marins semblent encore moins hospitaliers que l'espace. Et plus énigmatiques.

    Merci d'avoir écouté Chasseurs de Science. Dans le prochain épisode, vous voyagerez en compagnie d'un nouveau guide temporel qui vous emmènera dans des terres reculées et glacées. En attendant, n'oubliez pas de vous abonner sur les plateformes de diffusion SpotifySpotify, Deezer et AppleApple Podcast. À bientôt !