Appréciés à l'aune des découvertes archéologiques, les récits rapportés dans le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible), notamment ceux des Patriarches, de la sortie d'Egypte et de la conquête de Canaan, ne se sont pas déroulés tels que relatés. Deux archéologues de l'Université de Tel-Aviv (Israël), Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, ont publié un livre intitulé, dans son édition française, " La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie " où ils avancent la thèse selon laquelle les découvertes archéologiques récentes indiquent une période capitale de rédaction se situant au 7ème siècle avant J.C.

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    A cette époque, le royaume de Juda (royaume israélite du Sud), alors puissance régionale émergente, rédige son histoire, dont le peuple juif devient le héros, dans le but de servir ses ambitions territoriales,. Les récits, embellis et légendaires, étaient destinés à servir l'objectif du roi Josias (640 à 609 avant J.C.) : réunir les deux royaumes israélites, le sien et le royaume d'Israël (royaume israélite du Nord), qui glisse sous la domination assyrienne, et ainsi être en mesure de faire face aux empires environnants : Mésopotamie, Assyrie et Egypte. Il s'agit d'une nouvelle clé de lecture de la Bible proposée par Finkelstein et Silberman, qui bouleverse la vision acquise de celle-ci.

    L'histoire alors reconstruite du royaume de Juda et du peuple juif commence avec Abraham et sa famille et se poursuit avec la nation et le peuple juif. C'est de cette époque que date, selon Finkelstein et Silberman, l'idée de " grand Israël " regroupant un peuple autour de son Dieu, autrement dit, l'idée d'un seul royaume, d'un seul peuple, d'une seule capitale et d'un seul Temple, retracés dans le Livre saint.

    Nombre de noms de cités et de lieux indiqués dans la Bible n'existaient pas avant la période des 8ème - 7ème siècles avant J.C., font remarquer les deux chercheurs, à l'appui de leur thèse. Ils indiquent que les noms de personnages et de cités présents dans l'histoire des Patriarches, d'Abraham aux fils de Jacob, n'ont pas de réalité archéologique. Il en est de même de la sortie d'Egypte de 600000 esclaves, de leurs longues années dans le désertdésert et de la conquête de la Terre promise. Les célèbres sites bibliques d'Edom et Beersheba n'existaient pas au temps de l'Exode.

    Selon les deux chercheurs, l'archéologie, loin de détruire la Bible, aide à mieux la comprendre. L'intérêt des recherches effectuées est de permettre de sortir du conflit entre ceux qui pensent que la Bible est totalement vraie et ceux qui estiment qu'il s'agit d'une invention. Conséquence inéluctable, le champ des études bibliques s'en trouve ébranlé.