Dans un bateau byzantin daté du IXe siècle, les archéologues ont trouvé l’équivalent médiéval de nos tablettes tactiles actuelles. Dans un coffre en bois, un outil portable servant à prendre des notes et disposant d’un équivalent de nos applications, servant à évaluer la valeur des marchandises, devait être utile au commerce florissant de l’époque.

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    Cet outil en bois conçu au Moyen Âge avait peu ou prou l’utilité des tablettes numériques actuelles, comme l’iPad. Avec de nombreuses fonctionnalités en moins malgré tout... Une analyse plus poussée devrait nous parvenir dans le cadre d’une étude scientifique. © Ufuk Kocabaș

    Cet outil en bois conçu au Moyen Âge avait peu ou prou l’utilité des tablettes numériques actuelles, comme l’iPad. Avec de nombreuses fonctionnalités en moins malgré tout... Une analyse plus poussée devrait nous parvenir dans le cadre d’une étude scientifique. © Ufuk Kocabaș

    L'informatique a révolutionné notre société. Désormais, avec la miniaturisation des technologies, il devient aisé de transporter un ordinateurordinateur, ou sa version plus moderne, une tablette tactile, légère, fine, et puissante à la fois. Mais cette ambition de concentrer un maximum de fonctionnalités dans un minimum d'espace ne date pas d'aujourd'hui. La preuve avec une nouvelle découverte archéologique dans le port de Yenikapi, dans l'actuelle Istanbul.

    Ce site, excavé en 2004 dans la partie européenne de la capitale turque, est un véritable trésor pour les passionnés d'histoire. Construit à la fin du IVe siècle de notre ère par l'empereur romain Théodose Ier, il est longtemps resté le principal port de commerce de la cité du Bosphore, qui venait à l'époque de changer de nom et qu'on appelait alors Constantinople. Il fait désormais l'objet de fouilles depuis 10 ans, contenant les restes de 37 navires et même de produits organiques d'époque.

    Ufuk Kocabaș, directeur de ces recherches à l'université d’Istanbul, annonce dans la presse locale avoir sorti de l'eau un objet en boisbois encore inédit, ayant probablement appartenu au capitaine de ce bâtiment de commerce. Il s'agirait d'un équivalent tout ce qu'il y a de plus primitif de nos iPad ou autres tablettes numériques, avec même une application.

     Sur ce plan de Constantinople à l’époque byzantine, située sur les rives européennes du détroit du Bosphore (<em>Bosphorus</em>), on peut apercevoir ce qui fut le port de Théodose sur la façade de la mer de Marmara (<em>Sea of Marmara</em>). Aujourd’hui, les archéologues y ont trouvé à cet emplacement 37 épaves de navires. © DeliDumrul, Wikipédia, DP

    Sur ce plan de Constantinople à l’époque byzantine, située sur les rives européennes du détroit du Bosphore (Bosphorus), on peut apercevoir ce qui fut le port de Théodose sur la façade de la mer de Marmara (Sea of Marmara). Aujourd’hui, les archéologues y ont trouvé à cet emplacement 37 épaves de navires. © DeliDumrul, Wikipédia, DP

    Une tablette tactile à l’époque byzantine

    La taille est même équivalente : cet outil mesure 18 cm de longueur, 7 pouces dirait-on aujourd'hui dans le monde informatique. Néanmoins, il est bien plus épais que ce que les différents constructeurs proposent sur le marché. Cet objet consiste en réalité en cinq panneaux superposés, recouverts de cire et richement décorés de gravures. Sur l'une d'elles, des mots écrits en grec laissent entendre qu'elles étaient utiles à la prise de notes, puisque les tablettes de cire ont servi durant des siècles de supports d'écriture effaçables, telles les ardoises des écoliers.

    En dessous se trouve un panneau coulissant, qui cache une autre application : des petits poids. Les découvreurs pensent qu'ils servaient à équilibrer un trébuchet, non pas l'arme de siège mais un petit outil permettant d'évaluer la valeur de la monnaie d'échange, en estimant la teneur d'un métal en particulier dans un mineraiminerai ou en déterminant le type de métal précieux contenu dans un alliage.

    Enfin, des trous percés dans chacun des panneaux laissent supposer qu'ils étaient reliés entre eux par des lanières en cuir, pour éviter qu'ils ne coulissent inopinément et rendre le tout facilement transportable. Un outil idéal et multifonctions qui convenait très bien à ce navire marchand, construit d'après les analyses au IXe siècle. D'après la cargaison retrouvée à bord de l'épave, les archéologues pensent que le vaisseau voguait depuis la ville de Chersonèse (actuelle Sébastopol), en Crimée, au cœur de l'actualité récente pour d'autres raisons...