En latin, Iter signifie « le chemin ». Quel est ce chemin ? C’est celui de l’obtention de la fusion contrôlée en utilisant un tokamak. Iter est aussi l’acronyme d’un grand projet international en cours de développement dans cette voie. Mais il accumule les retards alors que la mise à la disposition de l’humanité d’une alternative aux énergies fossiles devient plus impérative que jamais.

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    Comme l'explique brillamment Jean-Marc Jancovici, ingénieur-conseil en énergie et en climatclimat et président du Shift Project lors d'une leçon inaugurale à l'École des Ponts Paris Tech (voir la vidéo ci-dessous) tous les avantages matériels et probablement sociaux de notre civilisation depuis presque deux siècles proviennent de l'utilisation des énergies fossilesénergies fossiles. Or nous nous trouvons actuellement devant une double impasse. Nous ne pouvons plus utiliser ces énergies fossiles sous peine de déstabiliser dangereusement le climat et celles-ci sont en train de s'épuiser. On ne peut s'empêcher de penser, surtout si l'on garde à l'esprit les prédictions du Club de RomeClub de Rome il y a plus de 40 ans, que nous sommes au bord d'un gouffregouffre qui va entraîner un chaos sans précédent au cours du XXIe siècle et un retour en arrière majeur dont on ne sait pas dans quel état l'humanité pourrait en sortir au XXIIe siècle.


    Une conférence sur les rapports entre l’énergie, le climat et l’industrialisation montrant à quel point l’énergie est au cœur de tous les enjeux de l’humanité. © Jean-Marc Jancovici, YouTube

    En effet, le monde consomme 15 TWan (térawatt.an) et d'ici 2050, cette valeur aura presque doublé. Le manque d'énergies fossiles va se faire cruellement sentir. L'une des solutions majeures à ce problème fait l'objet d'études depuis plus de 50 ans : c'est la fusion contrôlée. Elle consiste à maîtriser des réactions thermonucléaires similaires à celles qui font briller le Soleil. Les dirigeants de plus de la moitié de la population mondiale l'ont parfaitement compris. C'est pourquoi la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, l'Inde, le Japon, la Russie et l'Union européenne se sont réunis autour du projet Iter, l'acronyme d'International Thermonuclear Experimental ReactorInternational Thermonuclear Experimental Reactor. Il s'agit de vérifier qu'il est bel et bien possible de faire de la fusion contrôlée, en utilisant un tokamak pour confiner 840 m3 de plasma obtenu à partir d'un mélange de deutérium et de tritium porté à 110 millions de degrés, en produisant 10 fois plus d'énergie qu'il n'en est nécessaire pour allumer la réaction de fusion. Il ne s'agira cependant pas d'un prototype de générateurgénérateur industriel d'électricité mais juste d'une preuve de principe que celui-ci, qui devrait s'appeler Demo, est possible.


    Un survol en drone du site d’Iter en 2015. © iterorganization, YouTube

    Iter ne verra son premier plasma qu’en 2025

    Le projet Iter n'a cessé de voir son coût réévalué à la hausse et son calendrier repoussé dans le futur. En 2006, lorsqu'il a officiellement démarré, il devait coûter 5 milliards d'euros et les premières expériences sur le plasma devaient débuter en 2016. Rapidement, il est apparu qu'il faudrait plutôt attendre 2019 et dépenser environ 15 milliards d'euros dont 45 % à la charge de l'Union européenne et le reste réparti à hauteur de 9 % pour chacun des autres partenaires du projet. On vient d'apprendre que celui-ci allait malheureusement prendre encore 6 ans de retard ce qui nous place à l'horizon 2025.


    Une présentation du projet Iter. © iterorganization, YouTube

    On a un peu de mal à comprendre, au regard du projet Manhattan et du projet ApolloApollo, pourquoi il n'est pas possible d'aller beaucoup plus vite et pourquoi le succès d'Iter n'est pas une priorité mondiale. Il est certain que les énergies renouvelablesénergies renouvelables ne pourront pas suffire seules à assurer les besoins en énergie de la planète. La fusion froide reste un mythe et l'énergie libre tirée du vide quantique n'est que de la pseudo-science comme le savent tous les physiciensphysiciens compétents.