Pour se poser en douceur sur la Lune et à un endroit scientifiquement intéressant, la sonde russe Luna-Resurs (Luna 27) utilisera une technologie européenne. Pour les décennies à venir, l'Esa veut en effet s'engager vers un retour sur la Lune, dans le cadre d'une coopération internationale.

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    L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne n'a pas de programme lunaire mais participe à celui de son homologue russe, qui prévoit une série de missions robotiquesrobotiques sur notre satellite. De Luna-27, alias Luna-Resurs (qui doit se poser sur la surface lunaire au pôle sud) à Luna-28 (pour récupérer des échantillons) en passant par Luna-25/Luna-Glob de 2019, l'Esa devrait fournir des équipements dérivés notamment des programmes ExoMarsExoMars (ExoMars 2016 et ExoMars 2018, devenue 2020 depuis son report) et ATV (Véhicule de transfert automatique).

    Après avoir fourni la caméra de navigation de Luna-Glob, l'Esa vient d'annoncer qu'elle réalisera la foreuse de Luna-Resurs. Dérivée de celle du rover d'ExoMars 2020rover d'ExoMars 2020, elle est conçue pour percer le sol lunaire jusqu'à une profondeur de deux mètres et récupérer des échantillons du sous-sol, lesquels seront analysés dans le laboratoire chimique installé à bord du rover Luna-27.

    Le Luna-Resurs (Luna 27) doit se poser au pôle sud dans un site qui pourrait accueillir une base habitée. Cette mission doit notamment estimer les ressources exploitables pour une présence humaine. © Roscosmos

    Le Luna-Resurs (Luna 27) doit se poser au pôle sud dans un site qui pourrait accueillir une base habitée. Cette mission doit notamment estimer les ressources exploitables pour une présence humaine. © Roscosmos

    Un Pilot pour se poser en douceur sur la Lune

    Lors du salon de l'aéronautique de Berlin, qui s'est tenu la semaine dernière, l'agence satiale européenne a signé avec Airbus Defence and Space le contrat portant sur le développement du système Pilot (Precise and Intelligent Landing using Onboard Technologies), qui permettra à l'atterrisseur Luna-Resurs de se poser avec précision sur la Lune.

    Pilot met en œuvre des technologies de navigation et d'évitement de situations dangereuses dérivées du programme de l’ATV, et s'appuie également sur des études portant sur les débris spatiaux. Il sera utilisé pour sélectionner le meilleur endroit où poser le Luna-Resurs, durant les dernières minutes de la descente de l'atterrisseur, en fournissant les informations nécessaires.

    Cet intérêt européen pour la Lune est bienvenu pour une agence spatiale en pleine interrogation sur la suite à donner au programme de Station spatiale internationale, qui pourrait s'achever en 2024 ou en 2028. Son directeur, Johann-Dietrich Woerner, en poste depuis juillet 2015, est un fervent partisan d'un « village lunaire » international qui se construirait par étapes robotiques et humaines.

    Le pôle sud de la Lune vu par la sonde de la Nasa LRO (<em>Lunar Reconnaissance Orbiter</em>). Luna-Resurs ira se poser dans le bassin Aitken. © Nasa, GSFC, <em>Arizona State University</em>

    Le pôle sud de la Lune vu par la sonde de la Nasa LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter). Luna-Resurs ira se poser dans le bassin Aitken. © Nasa, GSFC, Arizona State University

    L'Esa pense à la Lune

    Il ne s'agit encore que d'une vaguevague idée, à ne pas prendre au pied de la lettre. Il est moins question de construire une ville que de permettre à chaque partenaire d'y apporter sa touche avec différents systèmes et des missions variées, et peut-être en plusieurs endroits. L'expression village lunaire ne signifie pas « que l'on va construire sur la Lune un village avec des écoles, des maisons et une mairie », nous expliquait le 14 janvier Franco Bonacina, le porteporte-parole du directeur général de l'Esa.

    Notre satellite est bien en ligne de mire. « Cette série de missions donne l'impression d'un début du retour vers la Lune, mais c'est aussi le début de quelque chose de nouveau pour l'exploration générale du système solaire », dit Richard Fisackerly, ingénieur en chef de l'Esa pour le projet Luna 27. « Nous avons l'ambition de faire atterrir des astronautes européens sur la Lune. Il existe actuellement des discussions au niveau international pour une large coopération sur la façon de retourner sur la Lune », ajoute Bérengère Houdou, qui dirige le groupe d'exploration lunaire au Centre de recherche et de technologie spatiale de l'Esa. Une vision européenne que la Nasa ne va pas contredire. Mars est pour elle l'objectif pour la décennie 2030, avec l'envoi d'une première mission habitée, mais il est clair que cela passera nécessairement par la Lune.