Dans le désert d'Atacama au Chili, la construction du télescope géant européen, l’ELT se poursuit. Débuté en 2014, avec l’aplatissement du sommet du Cerro Armazones pour lui faire de la place, sa construction en est à présent à la moitié. Cet instrument, le plus grand au monde, doté d'un miroir segmenté de 39 mètres, sera mis en service en 2028. Il fonctionnera dans la lumière visible et infrarouge.


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    Si les images des télescopes spatiaux HubbleHubble et JWSTJWST vous ravissent et vous enthousiasment, comme celles de la région de formation d'étoiles de Rho Ophiuchi qui célèbre la première année de fonctionnement de James-Webb, attendez-vous à être émerveillé lorsque, en 2028, le télescope géant de l'ESO sera mis en service, au Chili. Avec son miroir de 39 mètres de diamètre, composé de 798 segments hexagonaux d'environ 1,40 mètre de largeur chacun, ce télescope géant, le plus grand au monde, va lui aussi révolutionner l'astronomie et plonger les astronomesastronomes dans une nouvelle ère.

    État d'avancement du télescope géant de l'ESO construit au Chili (juillet 2023). © ESO
    État d'avancement du télescope géant de l'ESO construit au Chili (juillet 2023). © ESO

    En attendant, la constructionconstruction de ce projet techniquement complexe progresse à un bon rythme, l'ELT (Extremely Large TelescopeExtremely Large Telescope) ayant franchi la barre des 50 % d'achèvement, vient d'annoncer le communiqué de l'ESO (European Southern ObservatoryEuropean Southern Observatory ou Observatoire européen austral). Situé au sommet du Cerro Armazones, une montagne qui fait face à l'observatoire Paranal à une vingtaine de kilomètres, ce futur observatoire culminera à quelque trois mille mètres d'altitude. Notez qu'il sera piloté et exploité depuis la salle de contrôle du VLT (Very Large TelescopeVery Large Telescope).

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    À quoi servira le télescope géant E-ELT ?

    L'ESO a mis en ligne une webcam qui permet de suivre la construction de la structure d'acier, que l'on peut voir changer chaque jour. Il prendra bientôt la forme ronde typique des coupoles des télescopes.

    Cette image, prise à la fin du mois de juin 2023 avec un drone, montre le chantier de construction de l'<em>Extremely Large Telescope</em> de l'ESO au Cerro Armazones, dans le désert d'Atacama au Chili. La structure d'acier, qui change visiblement chaque jour, prendra bientôt la forme ronde typique des coupoles de télescope. © ESO
    Cette image, prise à la fin du mois de juin 2023 avec un drone, montre le chantier de construction de l'Extremely Large Telescope de l'ESO au Cerro Armazones, dans le désert d'Atacama au Chili. La structure d'acier, qui change visiblement chaque jour, prendra bientôt la forme ronde typique des coupoles de télescope. © ESO

    Premières lumières en 2028

    La réalisation des 50 % restants du projet devrait toutefois être beaucoup plus rapide que la construction de la première moitié de l'ELT, qui a débuté en 2014 avec l'aplatissement du sommet du Cerro Armazones. Comme l'explique, l'ESO, la « première moitié du projet comprenait le processus long et méticuleux de finalisation de la conception de la grande majorité des composants à fabriquer pour l'ELT. En outre, la construction a été affectée par la pandémiepandémie Covid-19Covid-19, le site a été fermé pendant plusieurs mois et la production de nombreux éléments du télescope a été retardée ».

    Magnifique vue nocturne de l'E-ELT en construction dans le désert de l'Atacama, au Chili. Dans le ciel, la Voie lactée et les deux nuages de Magellan, en haut à gauche. © ESO
    Magnifique vue nocturne de l'E-ELT en construction dans le désert de l'Atacama, au Chili. Dans le ciel, la Voie lactée et les deux nuages de Magellan, en haut à gauche. © ESO

    Quant aux miroirs du télescope construits en Europe, les travaux avancent également bien. L'ELT aura une conception optique pionnière à cinq miroirs, qui comprend un miroir principal géant (M1M1) composé de 798 segments hexagonaux. Plus de 70 % des pièces et des supports de ces segments ont été fabriqués, tandis que les miroirs M2 et M3M3 ont été coulés et sont en cours de polissage. L'avancement des travaux sur le M4 est particulièrement impressionnant : ce miroir adaptatif et flexible ajustera sa forme mille fois par seconde pour corriger les distorsions causées par les turbulencesturbulences de l'airair. Ses six minces pétalespétales sont entièrement finalisés et en cours d'intégration dans leur unité structurelle. De plus, les six sources laserlaser -- un autre élément clé du système d'optique adaptative de l'ELT -- ont été produites et livrées à l'ESO pour être testées.

    Timelapse du chantier du plus grand télescope du monde. © ESO

    Prévu pour commencer les observations scientifiques en 2028, l'ELT de l'ESO s'attaquera à des questions de l'astronomie telles que : Sommes-nous seuls dans l'UniversUnivers ? Les lois de la physiquephysique sont-elles universelles ? Comment les premières étoilesétoiles et galaxiesgalaxies se sont-elles formées ? Il changera radicalement ce que nous savons de notre Univers et nous amènera à repenser notre place dans le cosmoscosmos.

    Après l’interférométrie au VLT, les 66 antennes d’Alma, et en attendant l’E-ELT et son miroir de 39 mètres, l’Europe se donne les moyens de jouer un rôle de leader dans l’astronomie au sol, au cours de ces prochaines décennies. © ESO
    Après l’interférométrie au VLT, les 66 antennes d’Alma, et en attendant l’E-ELT et son miroir de 39 mètres, l’Europe se donne les moyens de jouer un rôle de leader dans l’astronomie au sol, au cours de ces prochaines décennies. © ESO

    E-ELT : feu vert à la construction du plus grand télescope du monde

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 13/06/2022

    Pour ses 50 ans, l'ESO s'offre un beau cadeau : le plus grand télescope terrestre au monde qui observera le ciel dans le visible et l'infrarougeinfrarouge. Ses dirigeants ont donné le feufeu vert à la construction d'un télescope géant, l'E-ELTE-ELT, de plus d'un milliard d'euros qui promet bon nombre d'avancées spectaculaires dans l'astronomie. 

    Cette fois-ci, on y est. Le futur télescope géant de l'Eso (European Southern Observatory) est sur les rails. Les neuf dixièmes de son coût sont garantis si bien que sa construction va pouvoir débuter aussitôt les premiers contrats signés au cours du second semestre 2015. Pour parvenir à boucler le budget, le plan de financement inclut des contributions supplémentaires des états membres de même qu'une réduction des dépenses de l'Observatoire austral européen autres que l'E-ELT, afin de dégager 300 millions d'euros sur 10 ans. Enfin, si les premières lumièreslumières sont prévues en 2026, l'adhésion du Brésil pourrait raccourcir les délais de développement pour une mise en service à l'horizon 2024.

    Le retard du démarrage de l'E-ELT s'explique par les règles de l'Eso qui stipulent qu'un projet de cette envergure ne peut pas débuter avant qu'une certaine somme d'argentargent soit garantie et aussi qu'un certain nombre de pays membres l'aient cautionné. C'est pourquoi, lorsque ce projet fut approuvé en juin 2012, l'Eso avait conditionné son feu vert à l'engagement que le coût total du télescope (1.083 millions d'euros estimés en 2012) sera financé à hauteur de 90 %. Seule entorseentorse à cette règle, les travaux d'arasement de la montagne et de construction de la route d'accès qui ont commencé en juin 2014.

    Au pied du Cerro Armazones, au sommet duquel sera construit le futur télescope géant de 39 m de diamètre de l’Eso. Ces deux photos ont été prises en décembre 2013. Depuis, les travaux d’arasement du sommet ont débuté en juin 2014. © Rémy Decourt
    Au pied du Cerro Armazones, au sommet duquel sera construit le futur télescope géant de 39 m de diamètre de l’Eso. Ces deux photos ont été prises en décembre 2013. Depuis, les travaux d’arasement du sommet ont débuté en juin 2014. © Rémy Decourt

    Une construction en deux phases

    Près d'un milliard d'euros seront consacrés à une première phase qui couvrira les coûts de construction d'un télescope pleinement opérationnel et d'une série de puissants instruments. Quant à la seconde phase, les éléments principaux seront les segments manquants du miroir primaire, la pleine capacité des optiques adaptatives et les instruments focaux.

    L'E-ELT sera un télescope optique et infrarouge de 39 m de diamètre situé sur le Cerro Armazones, dans le désertdésert d'Atacama au Chili, à 20 km du Very Large Telescope (VLT), situé au sommet du Cerro Paranal. Il sera le plus grand télescope optique au monde et permettra des découvertes et des avancées scientifiques considérables dans de nombreux domaines de l'astronomie. En novembre 2012, Jean-Gabriel CubyJean-Gabriel Cuby, chercheur au laboratoire d'AstrophysiqueAstrophysique de Marseille, nous en avait expliqué les grands objectifs scientifiques.

    Quant à savoir comment construire un tél télescope, nous vous invitons à relire l'article publié en septembre 2010 : « L’E-ELT et son miroir de 42 mètres : un casse-tête technologique ». Cela étant, le projet a encore évolué depuis afin de tenir dans l'enveloppe budgétaire décidée il y a trois ans (un milliard d'euros). Ce qui s'est notamment traduit par une réduction du diamètre du miroir primaire (39 m au lieu de 42) et a permis de changer le montage optique du télescope pour simplifier les optiques qui sont entre le miroir primaire et les instruments. À l'instar d'Alma, le radiotélescope géant de l’Eso, composé de 66 antennes qui fonctionnent en interférométrieinterférométrie, la construction de l'E-ELT s'apparente à un casse-tête logistique et d'ingénierie.

    Vue d'artiste du télescope géant de l'ESO qui sera installé au Chili. © ESO
    Vue d'artiste du télescope géant de l'ESO qui sera installé au Chili. © ESO

    L’E-ELT entre dans la phase de réalisation concrète

    Mais comme nous l'explique, Denis Mourard, directeur adjoint scientifique de l'Institut national des sciences de l’Univers au CNRS et un des deux représentants français au Conseil de l'Eso, « ce feu vert signe le début de la mise en œuvre de ce programme de plus d'un milliard d'euros ». Il permet d'engager « un appel d'offres pour la réalisation du dôme, de la coupole et de la structure du télescope ». Le consortium en charge de sa construction sera choisi à l'automneautomne 2015.

    À cela s'ajoute également que débutent les « négociations sur les contrats pour la réalisation des trois premiers instruments dont deux sont attendus pour être opérationnels dès la première lumière prévue en 2026 ». La signature des contrats est prévue à l'été 2015. Ces trois premiers instruments sont Micado, un instrument imageur proche-infrarouge à haute résolutionrésolution spatiale, Harmoni, un spectrographespectrographe à intégrale de champ avec grande couverture spectrale et l'imageur et spectrographe dans l'infrarouge moyen, Metis, « qui devrait être réalisé avec un petit décalage dans le temps par rapport aux deux premiers ».

    Comme le prévoit le projet, l'E-ELT comptera trois autres instruments. Si les études continuent d'être menées, « les réalisations seront conditionnées aux financements complémentaires à trouver ». Tel que c'est prévu dans le plan d'instrumentation, et c'est au conditionnel, « il pourrait y avoir un spectrographe multiobjets dédié à l'étude de la morphologiemorphologie, de la dynamique et de la cinématique des galaxies, un spectrographe à très haute résolution spectrale et enfin un imageur haute dynamique équivalent à l'instrument Sphère, en service au VLT ».

    Concernant les miroirs, il y a actuellement des contrats qui sont passés pour des prototypes de support des segments du miroir principal qui en contiendra 798. Pour rappel, l'E-ELT se composera d'un miroir principal de 39 m de diamètre à 798 segments hexagonaux, d'un miroir secondaire de 4,2 m de diamètre, de deux autres miroirs plus petits de 3,8 m et 2,4 m puis d'un dernier de forme elliptique de 2,6 x 2,1 m.