Alors que l'on vient d'entrer de plein pied dans le minimum d'activité du Soleil, et que les taches ont pratiquement disparu de la photosphère, une prévision fournie par un nouveau modèle de dynamique solaire annonce que le prochain cycle - le cycle 24 - aura une année de retard, et sera entre 30% et 50% plus intense que le précédent.

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    Le Soleil en ultraviolet avec l'instrument EIT (Extreme ultraviolet Imaging Telescope). Ici, à la longueur d'onde 171 angstroms, la matière brillante est à 1 million de degrés !(Crédits : ESA / NASA)

    Le Soleil en ultraviolet avec l'instrument EIT (Extreme ultraviolet Imaging Telescope). Ici, à la longueur d'onde 171 angstroms, la matière brillante est à 1 million de degrés !(Crédits : ESA / NASA)

    Ce modèle, dont les résultats ont été publiés récemment dans le Geophysical Research Letters, a pour objectif principal de permettre à la NASA, aux entreprises dépendant de satellites, et aux fournisseurs d'électricité, de connaître des années à l'avance les pics d'activité du Soleil, et ainsi d'anticiper les effets néfastes des cyclonescyclones magnétiques sur leurs équipements.

    Cliché du soleil pris le 10 Février 2006 par SOHO (Solar and Heliospheric Observatory)<br /> Les taches solaires ont disparu de la surface, ce qui indique le minimum d'activité... <br />et empêche de vérifier expérimentalement que le Soleil tourne sur lui-même !<br /> (Crédits : NASA/SOHO)

    Cliché du soleil pris le 10 Février 2006 par SOHO (Solar and Heliospheric Observatory)
    Les taches solaires ont disparu de la surface, ce qui indique le minimum d'activité...
    et empêche de vérifier expérimentalement que le Soleil tourne sur lui-même !
    (Crédits : NASA/SOHO)

    Les cyclones magnétiques, le cauchemar des satellites…

    L'activité du Soleil est régie par un cycle moyen de 11 ans, qui voit le nombre de taches solaires, de protubérances et d'éruptions connaître de grandes variations. Si, au maximum d'activité, les taches font légions, elles s'évanouissent périodiquement de la photosphère. Et, justement, ce mois de février 2006 voit l'entrée de notre étoile dans une période « calme », qui signale l'imminence du prochain cycle solaire, le cycle 24.

    Si les pics d'activité voient la multiplication des aurores boréalesaurores boréales et des taches solaires, au grand plaisir des astronomesastronomes amateurs, les cycles solaires n'influencent pas outre mesure la vie des terriens. Par contre, les pics modifient les conditions de propagation des ondes radio, et occasionnent des cyclones magnétiques particulièrement intenses, qui peuvent provoquer des dysfonctionnements électriques. D'autre part, en modifiant la densité dans les hautes altitudes terrestres, ils sont les ennemis jurés des satellites en orbiteorbite, dont la course se trouve ralentie.

    Aussi, avec le développement rapide de notre activité spatiale, savoir anticiper l'intensité des cycles solaires à venir et prévoir les pics d'activité sont des enjeux de la plus haute importance.

    Le nombre de taches solaire et d'éjections de masse coronale se multiplient lors des pics d'activité du Soleil <br />(Crédits : NASA / Stanford Lockheed Institute for Space Research)

    Le nombre de taches solaire et d'éjections de masse coronale se multiplient lors des pics d'activité du Soleil
    (Crédits : NASA / Stanford Lockheed Institute for Space Research)

    Un modèle pour prévoir les cyclones magnétiques et les pics à venir

    Le cycle 24 pourrait nous réserver de nombreuses surprises. C'est en tout cas ce que prévoit un nouveau modèle de dynamique solaire, développé par une équipe de chercheurs du NCAR (National Center for Atmospheric Research). D'après ses résultats, le cycle 24 verra le déploiement des taches solaires sur plus de 2.5 % de la surface visible, et le pic d'activité aura lieu en 2012, soit un an plus tard que ce que prévoyaient les précédentes estimations (qui, elles, se basaient sur des statistiques).

    Le modèle du NCAR, qui répond au nom de « Predictive Flux-transport DynamoDynamo Model », se base sur des recherches antérieures qui indiquent que l'évolution des taches solaires au cours du temps est reliée à la circulation de plasma entre l'équateuréquateur et les pôles, un phénomène dont la période est comprise entre 17 et 22 ans.

    Pour vérifier leurs informations, les chercheurs ont utilisé les nouvelles techniques de l'héliosismologiehéliosismologie, qui permettent de sonder le Soleil, à l'image d'un médecin observant l'intérieur du corps humain par ultrasonsultrasons ; On envoie des ondes en direction du Soleil, qui pénètrent dans son cœur avant de rebondir. Parallèlement, ils ont validé leur modèle dynamique en simulant, avec une acuité de 98%, les huit derniers cycles solaires en date.

    Selon Peter Gilman, du NCAR, ce modèle « est une avancée significative, qui a de nombreuses applicationsapplications et s'adresse tout particulièrement aux sociétés qui dépendent de leurs satellites. »

    Les chercheurs du NCAR espèrent bientôt fournir leur prédiction du cycle 25, dont le pic d'activité est prévu pour 2020, et ainsi pouvoir fournir aux satellites en orbite les prochains avis de tempêtestempêtes magnétiques.