Quatre radiotélescopes australiens et coréens ont pour la première fois été mis en réseau, formant pour quelques heures l'équivalent d'un instrument de 8.000 km de diamètre. Utilisé pour observer une source radio formée de deux trous noirs, il a en révélé un parmi les plus massifs connus.


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    Quatre radiotélescopes, deux Coréens et deux Australiens, ont été reliés pour une même observation, amenant une résolutionrésolution égale à celle d'un instrument de 8.000 kilomètres de diamètre, 100 fois supérieure à celle du télescope spatial Hubble. Ce n'est pas la première fois que l'Australie réalise un tel exploit. En 2010, une mise en réseau avec des instruments installés en Chine et en Europe avait constitué le plus grand radiotélescope au monde. Avec un diamètre de 12.300 kilomètres, il a été un court instant un système d'observation aussi grand que la Terre et ses 12.750 kilomètres de diamètre.

    Les quatre radiotélescopes du système Australia-Korea linkup sont ceux de la branche des sciences spatiales du CSIRO, le CNRS australien, près de Coonabarabran et Narrabri (Nouvelle-Galles du Sud), celui de l'université de Tasmanie près de Hobart et les deux télescopes coréens opérés par l'institut des Sciences spatiales (KASCI), l'un à Séoul (université Yonsei) et l'autre situé dans le sud-est du pays (université de Ulsan).

    La combinaison de radiotélescopes permet d'obtenir un instrument d'observation ultraperformant, révélant des galaxies et trous noirs impressionnants. © DR

    La combinaison de radiotélescopes permet d'obtenir un instrument d'observation ultraperformant, révélant des galaxies et trous noirs impressionnants. © DR

    La course des radiotélescopes

    Pendant cinq heures, ils ont observé simultanément la même cible et leurs données ont été diffusées en temps réel à l'université de Curtin à Perth, en Australie, via un réseau de fibre optique. Les données ont été envoyées à partir de chaque télescope à raison de 64 mégaoctets par seconde, l'équivalent d'un CDCD toutes les 10 secondes.

    
Les astronomesastronomes ont ainsi observé une galaxie lointaine qui émet fortement dans les ondes radio. Cette source appelée J0854 2006 se situe à quelque 3,5 milliards d'années-lumière. On soupçonne qu'elle abrite une paire de trous noirs supermassifs dont un est 18 milliards de fois plus massif que le Soleil. Il est de fait un des plus grands trous noirstrous noirs connus. Quant à son modeste compagnon, il est tout de même 100 millions de fois plus massif que le Soleil. D'ici dix mille ans, ces deux monstres devraient fusionner dans de spectaculaires émissionsémissions d'énergieénergie et de rayonnements radio et X.

    Avec ses 8.000 kilomètres de diamètre l'Australia-Korea linkup n'a pas seulement été utilisé pour observer brièvement le ciel. L'expérience est aussi une démonstration technologique. La technique de mise en réseau est en effet celle de la proposition australienne pour le futur radiotélescope géant SKA (Square Kilometer Array). Le choix du site d'implantation de ce réseau d'antennes pourrait être annoncé le 4 avril. Deux sites sont en compétition. L'un en Afrique du Sud, porté par un groupement de plusieurs pays africains sous la houlette de l'Afrique du Sud et l'autre en Australie dans un projet commun avec la Nouvelle-Zélande.

    Par sa conception et ses dimensions (un réseau d'antennes réparti sur 3.000 km), le SKA bat plusieurs records : meilleure résolution, plus grand télescope... et instrument le plus onéreux.